Le trafic aérien doit reprendre le 15 juin à Pau-Uzein. Avec deux liaisons vers Paris par semaine. "Inacceptable" pour le maire de Pau, François Bayrou. Au-delà de ces liaisons aériennes, c'est aussi la question du désenclavement du sud-aquitain qui inquiète les élus locaux.
Ce dimanche, sur l'émission " Questions Politiques " de nos confrères de France Inter, le maire de Pau a poussé un coup de gueule. François Bayrou s'insurge contre le projet de reprise très progressif mis en place par Air France avec seulement deux liaisons hebdomadaires entre Pau et Paris à partir du 15 Juin.
On vous dit, et sans lever un sourcil, sans émotion aucune, "Vous messieurs, dames, vous aurez deux vols par semaine. Un le lundi matin, et un le vendredi matin..." Merci mon prince, c'est trop généreux ! Il y a toute une partie de ce pays, qu'on appelle avec condescendance la province, qui se trouve largement abandonnée...
François Bayrou, maire de Pau
François Bayrou sur la reprise limitée des vols intérieurs en France :
Une reprise très lente
La reprise sera effectivement très lente pour l'aéroport de Pau. Comme pour beaucoup d'aéroports à travers le territoire. A partir du 15 juin, et pour une semaine, un aller-retour le lundi et un autre le vendredi entre Pau et Roissy. Plus deux autres vers Marseille le mercredi et le jeudi. Ensuite, du 22 au 30 juin, le même schéma vers Paris et Marseille auquel se rajouteront trois vols vers Lyon (lundi, vendredi et dimanche). On est très loin du rythme habituel de l'aéroport, évidement, avec 12 A/R vers Paris et Lyon avec Air France.
Une situation catastrophique, d'autant plus que le directeur du site palois n'a aucune visibilité pour l'avenir.
A partir du 30 juin, pour juillet et août, on ne sait absolument rien. Air France ne nous a rien donné pour le moment. Mais c'est le cas pour presque tous les aéroports. Aujourd'hui, la compagnie semble vouloir faire l'effort pour les destinations littorales (Brest, Nantes, Biarritz ou Bordeaux, sur l'arc atlantique et la méditerannée). Mais nous, on est dans le flou total...
Thierry Souchet, directeur aéroport de Pau
Avant la reprise des vols, la structure paloise est presque à l'arrêt. Sur les 140 employés, seuls sept se rendent sur place chaque jour. Pour des missions de sûreté, de contrôle des installations, de surveillance des pistes et des accès. Mais pour le reste, c'est du chômage partiel. Une année 2020 catastrophe. Après les grèves du début d'année, le Covid-19 a accentué la crise. L'aéroport atteindra, peut-être, le tiers du trafic habituel (600 000 passagers par an) mais rien n'est garanti. Tout dépendra des conditions de reprise économique.
Il faut voir si les clients vont encore se tourner vers l'avion dans l'avenir, et dans quel état seront les compagnies aériennes...En tous cas, en ce qui concerne les limitations de vols intérieurs évoquées par le gouvernement, Pau ne devrait pas être touché puisque nous sommes loin des 2h30 en train pour Paris... Je ne suis pas inquiet sur cet aspect kilomètrique, mais peut-être pour la fréquence de ce type de vol vers Paris à terme... Quant à nos projets de nouvelles liaisons (Madrid notamment), c'est bien entendu oublié pour le moment.
Thierry Souchet, directeur aéroport de Pau
La fronde des parlementaires 64
Les parlementaires des Pyrénées-Atlantiques avaient adressé un courrier au Premier ministre pour lui faire part de leur inquiétude concernant l'enclavement de cette partie du territoire. Une situation accentuée encore par les restrictions de vols lors de la reprise du trafic aérien.
Le courrier, signé par tous les parlementaires du département, demandait des mesures concrètes pour le train et l'avion dans nos territoires. Mais, depuis, nous n'avons eu aucune réponse. Les vols annoncés pour la reprise du 15 juin sont vraiment beaucoup trop limités et surtout très "parisiens" (lundi et vendredi), on paye le poids de Paris dans notre économie, tout est vu en fonction de Paris. Quand on vit sous Bordeaux, on n'existe pas. La semaine dernière, j'ai du faire l'aller-retour vers l'Assemblée Nationale en train, une véritable odyssée....
David Habib, député 3e circonscription des Pyrénées-Atlantiques
A l'occasion de cette crise sanitaire, la question du désenclavement du Béarn ressurgit donc en pleine lumière.