Pierre Soler, un ancien militaire de 71 ans a décidé d’utiliser son temps libre pour aider les victimes de la guerre en Ukraine. Depuis 2022, il livre toutes sortes de provisions à travers des convois humanitaires qu’il organise lui-même.
Dans le salon de Pierre Soler, des tas de cartons sont empilés en attendant d’être envoyés. Ce sont des provisions, destinées à être livrées lors du prochain convoi humanitaire qui part le 21 mars. Pierre prépare ces cartons depuis des mois, c’est le 7ᵉ voyage vers l’Ukraine qu’il va effectuer.
Le choc de la guerre
Tout commence en 2022, alors que la Russie vient d’envahir l’Ukraine. L’ancien militaire, choqué par la tournure des évènements, décide d’aider les réfugiés ukrainiens.
Ca m’a révulsé, ça m’a choqué, révolté et j’ai décidé d’intervenir, d’apporter mon aide.
Pierre SolerAncien militaire
Après des tentatives d’organisation non concluantes avec la mairie de Bayonne, il décide de se débrouiller seul et de partir sur place. "Je me suis présenté à un centre de réfugié en Pologne, parfaitement organisé. De là, je suis entré en Ukraine et j’ai rejoint un groupe d’associations ukrainiennes". Il parvient alors à travailler dans tout l’est du pays, de Kharkiv à Odessa.
Impuissant et en manque de matériel, le Bardoztar décide de retourner en France pour mieux s’équiper. "N’ayant que mon véhicule qui ne servait pas à grand-chose, je suis revenu en France, j’ai créé une association et je me suis équipé d’un camion et d’une remorque qui me permet d’avoir une autonomie et une capacité d’import de 2,5 tonnes".
Des besoins énormes
En Ukraine, les besoins sont nombreux et Pierre ne peut pas tous les satisfaire. "Dans les centres de déplacements, ils ont besoin d’alimentation, de produits d’hygiènes, de couches pour les bébés, de protections hygiéniques, de nourriture pour les animaux… ". Ainsi, il agit en fonction des demandes afin d’être le plus efficace possible. "Lors du 2ᵉ voyage, je suis passé dans un hôpital psychiatrique avec des enfants qui n’avaient ni vêtements ni chaussures, donc je suis allé leur en chercher".
Les missions de Pierre durent en moyenne entre 4 et 6 semaines. Il doit donc s’adapter aux conditions de vie sur place. Le pays étant en pleine guerre, il n’est pas facile d’accès et les contrôles sont fréquents.
La difficulté, le stress c’est le passage des douanes car ils sont de plus en plus sévères et stricts. Cela fait au moins 3 fois que j’ai été sévèrement ennuyé au passage de douane.
Pierre SolerAncien militaire
Le danger peut aussi faire partie du voyage même si l’ancien militaire préfère ne pas y penser. "On traverse le pays sans problème. Il n’y a pas d’inquiétude particulière, après tout peut arriver bien sûr".
Un peuple accueillant malgré la misère
Au fur et à mesure de ses missions, Pierre est tombé amoureux du peuple ukrainien et de son accueil. "Une qualité majeure chez les Ukrainiens c’est leur hospitalité, ce sont des gens qui ont le cœur sur la main. Vous arrivez chez eux, la première chose qu’ils vous proposent, c'est de passer à table. On est très bien reçus, c’est vraiment touchant". Même si le décor et les conditions de vie rappellent vite au Français pourquoi il est là.
Quand je vois des personnes âgées qui vivent dans des maisons détruites, puis les gens qui vous racontent leurs malheurs, ça serre le cœur.
Pierre SolerAncien militaire
La misère dont il a été témoin sur place l’a plus que jamais marqué et le motive à continuer son œuvre. "Vous voyez des églises détruites, des abris sous un immeuble avec des personnes handicapées qui vivent sous des immeubles bombardés, tout cela, ça donne envie d’y retourner et d’aider les gens".
Prochain départ le 21 mars pour un 7ᵉ convoi humanitaire qui ne devrait vraisemblablement pas être le dernier.