Sans augmentation depuis 2009 et avec des frais en hausse, les infirmiers libéraux n'en peuvent plus. Ils étaient 200 rassemblés à Pau, ce 6 mars 2023, pour exprimer leur colère et alerter sur la dégradation de leurs conditions. Ils demandent une revalorisation de leurs prestations, mais également de leurs indemnités kilométriques.
Devant le bâtiment de l'Assurance Maladie à Pau, ils sont près de 200 infirmiers libéraux rassemblés. Venus du Pays Basque, du Béarn, des Hautes-Pyrénées et même quelques-uns de Haute-Garonne, ils expriment leur colère et alertent. "Les soins à domicile sont en danger, donc la santé est en danger", alerte Corinne Michélena, infirmière libérale à Hendaye. Entre des frais qui augmentent sans une rémunération qui suit et un manque de personnel, les infirmières et infirmiers libéraux sont sous l'eau.
"Précarisation de la profession"
Si seuls 200 infirmiers sur les 1 200 que comptent les Pyrénées-Atlantique sont présents le 6 mars à Pau, ce n'est pas forcément que certains considèrent la situation acceptable. "C'est compliqué pour nous de nous détacher de la continuité des soins, puisqu'on y est tenu tous les jours, explique Corinne Michélena. Les infirmiers qui sont là, sont soit de repos, soit se sont organisés pour tout faire ce matin et être présents."
Ensemble, ils dénoncent le sous-financement de la médecine et des soins de ville, et la précarité des infirmiers libéraux. Une situation accentuée par le contexte actuel inflationniste qui pèse sur les finances. Depuis 2009, les actes infirmiers n'ont pas été augmentés. C'est à peine mieux pour les frais kilométriques qui sont les mêmes depuis 10 ans.
Je suis déjà en reconversion parce qu'on se rend compte que, de toute manière, ça ne sera pas tenable pour nous financièrement.
Élodie Weymiens, infirmière libérale à Pauà France 3 Pau sud Aquitaine
Une situation d'autant plus précaire pour les professionnels en zone rurale, qui accumulent les kilomètres pour le soin à domicile. "On a une hausse de charge de 30 % depuis le Covid donc on ne peut plus accepter certains patients qui sont trop loin des cabinets infirmiers. Il y a plein de patients qui se retrouvent sans infirmier", prévient Linda Olowski, infimière libérale à Morlaàs.
Et les premiers à en payer le prix, selon les professionnels mobilisés à Pau ce 6 mars, ce sont les patients. Car ceux qui ont encore la chance de trouver une infirmière ou un infirmier pour effectuer des soins, trouvent des soignants épuisés.
Des craintes pour l'avenir du système de santé
"Je suis déjà en reconversion parce qu'on se rend compte que de toute manière, ça ne sera pas tenable pour nous financièrement. À moins de travailler 7 jours sur 7, ce que j'ai fait toute l'année dernière. J'ai travaillé 310 jours d'affilée sans avoir quelqu'un qui me remplace. On est obligé de suivre la cadence avec des forfaits qui sont passés en dessous du seuil, on ne peut plus, ce n'est plus possible", témoigne Élodie Weymiens, infirmière à Pau.
Selon les infirmiers mobilisés, le forfait qui leur est payé leur revient de 6 à 14 euros nets par 24 heures, en fonction des soins.
"On veut que nos actes soient rémunérés de manière à pouvoir proposer des soins de qualité, avec du temps et ce n'est pas ce qu'il nous reste aujourd'hui", insiste Corinne Michélena. Plus encore, la crainte est pour le système de santé dans son ensemble. "On ne veut pas subir le même assèchement que l'État a fait avec les hôpitaux. On voit la catastrophe qui arrive", déplore l'infirmière hendayaise.
Autre motif de colère pour les infirmières et infirmiers libéraux : la réforme de la retraite et l'absence de prise en compte de leur pénibilité. Ils se feront entendre sur cet aspect demain, le 7 mars, jour de grève générale contre le projet de loi du gouvernement.