Elles vont enfin faire front commun. Après avoir échoué à se rassembler avant le premier tour des municipales, les forces de la gauche paloise s'unissent derrière Jérôme Marbot en vue du deuxième tour.
C'est désormais acté : il n'y aura qu'une seule liste de gauche, écologique et citoyenne à Pau pour le 28 juin. Et c'est le socialiste Jérôme Marbot, qui en prend la tête.
Une position cohérente au regard de son score au premier tour : sa liste "Pau rassemblé" avait obtenu avait obtenu 21, 98% des suffrages. Un score qui le positionne très loin derrière François Bayrou, arrivé en tête, mais devant ses adversaires de gauche de l'époque : Jean-François Blanco et Patrice Bartoloméo qui avaient recueilli 14,63% et 5,37% des suffrages.
De nombreuses discussions
Blanco (Pau Arc-en-ciel) et Bartoloméo (Pau Citoyenne, Sociale et Écologique) seront donc respectivement en troisième et septième position sur la liste menée par Jérôme Marbot pour faire face au maire sortant François Bayrou (MoDem)."La liste a été l'objet de nombreuses discussions, reconnaît Jérôme Marbot. Mais c'est normal, quand on veut le rassemblement, de prendre en compte tous les points de vue qui s'expriment.
L'union, le rassemblement, c'est un travail permanent. J'ai toujours tendu la main dès le premier tour, et je suis heureux d'avoir réussi à présenter aux Palois un visage uni pour une alternative.
Jérôme Marbot, tête de liste aux municipales de Pau
"Ce qui faisait obstacle [à une fusion des listes, ndlr] au premier tour a été abandonné par Jérôme Marbot, ce qui a permis la fusion", explique de son côté Jean-François Blanco.
Abandon du projet de télécabine
Parmi ces projets de la discorde figuraient les projets d'aménagement des rives du Gave ou encore de télécabine entre le quartier des Rives du Gave et le quartier des Pyrénées. Une idée portée par Jérôme Marbot au premier tour, et qui a du passer à la trappe."Jean-François Blanco et sa liste ne voyaient pas ça du même œil, nous avons donc décidé communément de retravailler ce projet, sous une forme de liaison douce. On ne peut pas se rassembler si on ne fait pas de concessions", poursuit Jérôme Marbot.
Les questions portant sur la démocratie participative, du développement du vélo, ou encore la gratuité des bus ont également fait l'objet de discussions et de chiffrages lors de la constitution de cette liste d'union.
"Nous étions dans un dialogue constructif et dans des valeurs humanistes partagées, abonde Patrice Bartoloméo. On se retrouve sur l'écologie, le social également. Il y a une osmose à créer et le challenge est très intéressant.
On a trouvé des points d'accord. On est vraiment là pour essayer de battre François Bayrou et donner une gouvernance différente à la ville.
Patrice Bartoloméo, en 7è position sur la liste de Jérôme Marbot
Un taux de participation très faible au premier tour
Une telle union peut-elle inquiéter François Bayrou ? Le maire de Pau a obtenu plus de 45% des voix le 15 mars. Mathématiquement, il garde un faible avantage, puisque additionnées, les voix des trois candidats de gauche équivalent à un peu moins de 42% des suffrages. Reste la grande inconnue : la participation.Dans un contexte sanitaire particulièrement anxiogène, l'abstention était très marquée au premier tour, à Pau, avec un taux de participation de seulement 35%. Une liste représentant la gauche unie pourrait-elle mobiliser les électeurs au point de mettre en danger le toujours populaire président du Modem ?
"Il y a un défi important, et je crois que la solution qui pourrait nous mener au succès est de mobiliser les abstentionnistes.
Nous ne pouvons pas nous résigner au taux d'abstention du premier tour. (...) Il en va de la crédibilité de la municipalité qui sorira des urnes", reconnaît Jean-François Blanco.
François Bayrou toujours favori
Le maire sortant devrait pourtant garder l'avantage, analyse Ludovic Renard, politologue de Sicences Po Bordeaux."Dans une campagne, c'est l'agenda qui compte, et notamment, dans ce contexte, la question de la gestion du Covid 19 qui semble avoir été jugée plutôt bonne par les électeurs".
Le politologue écarte également l'hypothèse d'un vote sanction qui serait synonyme de défiance à l'égard du gouvernement. Le président du Modem ayant reçu en janvier le soutien d'Emmanuel Macron lors d'un déplacement présidentielle dans la ville royale.
"Un élu local avec des attaches nationales, cela reste vu comme une ressource pour de nombreux électeurs", rappelle Ludovic Renard.
Ce dernier s'attend également à une clémence des urnes au sujet des ennuis judiciaires de François Bayrou, mis en examen pour "complicité de détournement de fonds publics". "Ceux qui n'aiment pas Bayrou en feront un argument de plus, ceux qui l'apprécient lui pardonneront d'avoir transgressé les règles".