Entre 1946 et 1952, des enfants de Républicains espagnols ont été accueillis à la "Colonia" de Saint-Goin, dans le Béarn, à l'ouest de Pau par une association américaine. Plus de 70 ans après, quelques anciens pensionnaires s'y sont récemment retrouvés, et avec eux leurs souvenirs d'enfance…
Ce dimanche 12 septembre, le Château de Mesplès, une bâtisse historique du 18e en Béarn, renouait avec une partie de son histoire. Entre 1942 et 1946, des enfants de Républicains espagnols y furent accueillis par une association américaine, l'Unitarian Service Committee. Plus de 70 ans après, les anciens pensionnaires s'y sont donné rendez-vous, pour des retrouvailles très émouvantes.
"On a eu de la chance !"
Amparo, Antonio, et Rodolpho Martinez, trois frères et soeurs réfugiés à Toulouse, ont vécu à la Colonia pendant près de cinq ans, après avoir perdu leur père. La fratrie garde de très bons souvenirs du Château de Mesplès. "Nous y avons trouvé beaucoup de quiétude, de sérénité, nous étions encadrés par des gens qui étaient inspirés par de l'altruiste, de l'empathie" souligne Rodopho.
Grâce à la Colonia, les trois enfants ont eu, à partir de 1947, de meilleures conditions de vie, comme l'accès à la nourriture, "à Toulouse, nous mangions avec des tickets", mais surtout une éducation, dans le respect de leur culture espagnole. "Cela nous a lancé dans la vie, nous avons eu une chance extraordinaire", renchérit son frère Antonio, qui avait cinq ans lorsqu'il est arrivé à Saint-Goin.
Sa soeur Amparo y a aussi trouvé : "un bonheur et une insouciance que je n'aurais jamais pu avoir en habitant dans les buildings." Comme ses frères, elle estime que toute sa vie a été marquée par son passage à la Colonia. "Sans forcément le savoir, on a toujours gardé ce qui avait été semé ici."
→ regardez le reportage de François Busson et Romain Hauville :
Un cartons de photos...
Ce rendez-vous des "anciens de la Colonia" a été initié par le fils de l'ancien intendant des lieux et également réfugié, Pierre Ferrer, qui a d'abord retrouvé dans le grenier familial un carton de photos dépoque. "J'ai essayé de contacter un maximum de gens qui avaient vécu ici et les actuels propriétaires du château de Mesplès pour faire monter une espèce de mayonnaise qui arrive aujourd'hui avec cette rencontre avec une petite dizaine d'anciens de cette colonie."
"Pour moi, c'est une grande émotion, et si certains n'ont pas pu venir, j'espère qu'ils pourront faire le déplacement lors d'une prochaine occasion", souligne-t-il.
Pendant cette journée de retrouvailles, les anciens pensionnaires de la Colonia ont aussi pu visionner un film d'époque, récupéré aux Etats-Unis, qui était diffusé pour collecter des fonds pour l'établissement.