Le département des Pyrénées-Atlantiques et les agglomérations de Pau et Bayonne vont faire "front commun" pour refuser de verser le solde de leur part de financement de la ligne à grande vitesse (LGV) Tours-Bordeaux.
Le président du département, le MoDem Jean-Jacques Lasserre, le président Modem de l'agglomération de Pau, François Bayrou, et le président de l'agglomération de Bayonne, Claude Olive (Les Républicains), ont expliqué refuser de payer un investissement "dont leurs collectivités ne bénéficieront pas", confirmant une information du quotidien Sud-Ouest.
Les trois présidents dénoncent "le défaut d'égalité de traitement de paiement entre les collectivités" et pourraient contester, notamment par voie judiciaire, les engagements pris voici cinq ans, souvent par d'autres majorités que les leurs.
Au total, ces engagements portent sur plus de 120 millions d'euros pour ces trois collectivités.
Mise en service prévue en juillet 2017
D'un coût total de 7,8 milliards d'euros, la LGV Tours-Bordeaux, dont la mise en service est prévue en juillet 2017, doit mettre Paris à 2h05 de Bordeaux, contre plus de 3h actuellement.
Elle a déjà fait l'objet de vives passes d'armes entre les collectivités locales, SNCF Réseau (ex-RFF) et le concessionnaire Lisea, notamment en raison de son montage financier, basé sur un partenariat public-privé.
Nous sommes en train de payer une ligne qu'on ne verra jamais. Comment l'expliquer aux contribuables ?
Si des TGV arrivent bien dans différentes gares des Pyrénées-Atlantiques, ils continueront à circuler sur des lignes classiques au sud de Bordeaux même après la mise en service de la LGV.
Le trajet Paris-Bayonne dure aujourd'hui plus de 5h et Paris-Pau au minimum 5h30. Le projet de ligne LGV Bordeaux-Dax (Landes) raccourcirait davantage le trajet depuis Paris, mais il vient tout juste d'être décrété "d'utilité publique" et n'entrera pas en service avant 2027.
Les trois présidents envisagent une contestation en justice
Les trois présidents estiment donc "qu'il serait scandaleux de devoir payer pour une ligne qu'on ne verra qu'aux calendes grecques dans notre département." "Nous sommes en train de payer une ligne qu'on ne verra jamais. Comment l'expliquer aux contribuables ?", s'indigne ainsi Claude Olive.
Engagée à hauteur de 25 millions d'euros (dont 9,2 déjà payés), l'agglomération de Bayonne dont l'ancien président était Jean Grenet (Parti radical valoisien) avait été la première à suspendre sa participation en 2012 arguant "qu'il n'avait pas la garantie que son territoire soit irrigué".
Le département des Pyrénées-Atlantiques, lui, est engagé pour 80 millions d'euros et en a déjà versé environ 35. Son président, Jean-Jacques Lasserre, insiste sur "l'inégalité de traitement dans le paiement" de la facture par les collectivités.
Pour François Bayrou, dont l'agglomération de Pau est engagée à hauteur de 21 millions et qui a déjà versé 11 millions, "il n'y a pas de logique ni de justice à payer le solde."