Quatre graphiques pour comprendre la dérive financière de l'ex-Poitou-Charentes

L’héritage financier de l'ex-Poitou-Charentes a pesé lundi sur le débat autour des orientations budgétaires de la Nouvelle-Aquitaine. Vous n'avez rien compris au rapport de 295 pages de la Chambre régionale des comptes ? Impayés, dette toxique... On vous explique tout. 

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La région perd toute marge de manoeuvre

Ce chiffre résume à lui-seul l'impasse dans laquelle s'était engouffrée l'ex-région Poitou-Charentes. Sa capacité de désendettement, qui mesure le nombre d'années nécessaires au remboursement de la dette, était passée de 3,6 ans à 19 ans en seulement quatre ans.
Comment en est-on arrivé là ? Le tournant se situe en 2014. La dette augmente de 20,5% jusqu'à atteindre 457 millions. La région a de plus en plus de mal à financer sur ses fonds propres ses besoins quotidiens. Ses dépenses de fonctionnement ne cessent d'augmenter au point d'atteindre le seuil critique en 2015 : sans la fusion des trois régions, Poitou-Charentes se serait trouvée en cessation de paiement.

Le Poitou-Charentes fait pâle figure lorsque l'on compare sa situation financière aux autres régions de France :


Des emprunts à risque

Entre ces lignes comptables se lit une insouciance. Celle d'avant la crise de 2008. Les collectivités locales contractent à l'époque des prêts intéressants... mais risqués. Adossés à des produits financiers ou des monnaies étrangères, les taux d'intérêts peuvent connaîtrent des hausses et des baisses inexpliquées. En 2015, ces prêts représentent toujours 10,2% du total de la dette picto-charentaise, près de 49 millions d'euros.
La dette de Poitou-Charentes
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Comment en est-on arrivé là ? Entre 2006 et 2007, la région passe plusieurs contrats avec des banques européennes. Parmi elles, on trouve la tristement célèbre Banque Dexia, qui passe à deux doigts de la faillite en 2008. Les taux d'intérêts oscillent autour de 8% et sont sujets à d'importantes fluctuations. Comme d'autres collectivités territoriales, l'équipe à la tête de la région est tombée dans le piège. En 2010, l'administration rentre dans le rang.

Plus étonnant, l'administration de la région Poitou-Charentes n'a pas souhaité bénéficier d'une renégociation de cette dette toxique... "Pourquoi ?", s'interroge Jean Dionis, président du groupe UDI à l'Assemblée régionale de Nouvelle-Aquitaine. "Le directeur des Finances, Daniel Parizot, a agi en dehors de toute rationalité, de tout comportement normal."

111 millions d'euros d'impayés

D'abord surévalués par l'équipe Rousset, les retards de paiement représentent 111,61 millions d'euros. Ces sommes ont dû être réglées par la Nouvelle-Aquitaine en 2016.
Impayés de Poitou-Charentes (en millions)
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Comment en est-on arrivé là ? La région sous-estimait chaque année les besoins budgétaires de ses services. Déjà précaire, ce système explose en vol en 2015. Cette année-là, des services arrivent à court de crédit dès le premier semestre. L'équipe de Jean-François Macaire est alors obligée de reporter ces dépenses après la fusion... et évite ainsi la cessation de paiement.

Ce chapitre du rapport de la Chambre régionale des comptes finit de dépeindre la gestion hasardeuse de la région Poitou-Charentes. Il recelle également une pépite qui en dit long sur la guerre Rousset-Royal.

En quelques lignes, le président de la Nouvelle-Aquitaine proteste contre la décision des magistrats, qui refusent de déclarer les comptes de la région de Poitou-Charentes "insincères". Ségolène Royal et Jean-François Macaire échappent à toute poursuite judiciaire.

Alain Rousset ne se laisse pas faire et enfonce littéralement ses deux adversaires politiques : "[La] position de la chambre m’interpelle dans la mesure où elle vient valider une pratique budgétaire consistant à minorer les dépenses de fonctionnement […]. La chambre, en qualifiant cette pratique de régulière, […] risque de banaliser [cette dérive]." Pour quelqu'un qui dit vouloir tourner la page... Cela ressemble à de l'acharnement.
 
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