Quatre épreuves écrites, dont le français et la philo, un grand oral, du contrôle continu, la fin des filières S, L et ES mais un socle commun et des spécialités. La réforme du lycée va s'appliquer dès 2021 mais elle suscite déjà de vives oppositions. Dimanche en Politique ouvre le débat.
A quelques mois de sa mise en place en septembre prochain, la réforme des lycées est loin de faire l’unanimité. Une partie de la communauté enseignante et des parents d’élèves se mobilisent pour dénoncer un manque de moyens et un accès inégal aux nouvelles spécialités mises en place. De son côté, le ministère justifie la disparition des séries L, S et ES par une volonté d'améliorer le niveau des élèves.
Comment va évoluer le lycée ? Cette transformation est-elle la bonne ? Pour en discuter, François Clapeau reçoit :
- Patrice Arnoux, enseignant en mathématiques au lycée Renoir à Limoges, co-secrétaire SNES-FSU 87
- Didier Guilbault, proviseur du lycée Edmond Perrier à Tulle
- Sylvie Sergeant, présidente de la FCPE Creuse
Pour Didier Guilbault, proviseur du lycée Edmond Perrier à Tulle, c'est une grosse réforme, j'oserais même dire que c'est une révolution. Ca fait longtemps que le baccalauréat n'avait pas été modifié avec une si grande ampleur. (...) L'objectif, c'est un principe d'honnêteté. On avait un taux de réussite au bac qui ne cessait d'augmenter avec plus de 50 % de mentions et parallèlement le taux de réussite de la licence n'est pas bon, à 27%.
Un enthousiasme qui est loin d'être partagé par Patrice Arnoux, co-secrétaire SNES-FSU pour l'académie de Limoges, syndicat majoritaire qui se mobilise contre l'ensemble des projets du Ministre. "Jean-Michel Blanquer a l'habileté de mener sa politique par touches successives, ce qui la rend difficilement lisible par le public, mais il mène une politique globale très cohérente qui vise à rendre le système éducatif plus sélectif, plus inégalitaire et moins coûteux.
Aujourd'hui, on demande à un élève de fin de 3ème, un jeune de 14-15 ans, de faire le choix du bon lycée pour avoir les bonnes spécialités, pour une poursuite d'études qu'il devrait envisager 4 ans plus tard !
Pour Sylvie Sergeant de la FCPE, les enfants ne pourront pas choisir les spécialités qui se chevauchent sur l'emploi du temps, par exemple, ou alors il faudra qu'ils viennent le mecredi ou le samedi...
Pour moi, on se trompe de cause quand on dit que le lycée n'était pas bien pensé et que c'est pour ça qu'il y a autant d'échecs en fac. Il ne faut pas oublier que le budget de l'enseignement supérieur en France est bas par rapport aux autres pays de l'OCDE. Il suffirait d'un point de PIB en plus pour doubler le budget de l'enseignement supérieur.
Les crispations autour de cette réforme ambitieuse se cristallisent évidemment sur la question des moyens, avec notamment des suppressions de postes pour la rentrée 2019 en Limousin. Les syndicats sont particulièrement remontés contre le gouvernement.
Nous consultons aujourd'hui explique Patrice Arnoux, et nous envisageons de lancer un mot d'ordre de grève pour les premières épreuves du bac. J'ai envie de dire qu'on y est contraints, le Ministre nous pousse à cela et on est rendus à cette extrêmité parce que le Ministre n'écoute rien !