Rétention des notes du bac : des professeurs expliquent pourquoi ils suivent le mouvement

Dans l'Académie de Bordeaux, plus d'une vingtaine d'enseignants correcteurs ont décidé de suivre le mouvement de grève des notes. Ils entendent ainsi protester une nouvelle fois contre la réforme du lycée voulue par Jean-Michel Blanquer. 

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Ils refusent de donner les notes du bac dans les temps. Alors que les lycéens attendent ce vendredi pour connaitre leur résultat à l'examen, dans toute la France, des professeurs ont opté pour une grève des résultats.
 

Ambiance tendue au lycée Saint-John Perse à Pau 


Au lycée Saint John Perse de Pau, plusieurs dizaines de copies de philosophie restaient en attente ce jeudi. 

Le jury, réuni depuis le début de la matinée,  était dans l'impossibilité de délibérer sur la note globale des candidats. "On a été convoqués ce matin, et depuis on attend, expliquait une enseignante présente dans l'établissement. Un jury n'a pas de notes, et doit statuer avec les notes du contrôle continu"

Une situation qui "indigne" plusieurs enseignats et membres du jury, qui dénoncent une "inégalité de traitement des élèves et des copies" . 

On n'a jamais vu ça. Si le bac existe, c'est pour que les notes de l'examen soient prises en compte et qu'il n'y ait pas ce genre de petits arrangements


La situation, inédite,  est une conséquence de la nouvelle méthode d'action pour protester contre la réforme du lycées, voulue par le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, et qui rencontre une forte opposition chez les enseignants.

Convoqué une nouvelle fois dans l'après-midi, le jury a finalement accepté d'utiliser la moyenne de l'année à la place des notes manquantes. 

Cet après-midi, le rectorat affirme que tous les lycéens auront bien accès à leurs résultats dès demain. 

 


Rétention des notes

Concernant l'examen du baccalauréat, les notes devaient être rentrées par les correcteurs dans les serveurs de l'académie mardi dernier délai. Un délai finalement reporté à mercredi midi, mais qui n'a pas découragé les professeurs grévistes. Si ces derniers ont bien corrigé les épreuves, ils refusent, de rentrer les notes dans le fichier informatique avant la fin de semaine.
 

Vingt-sept enseignants dans l'académie de Bordeaux

Le mouvement, illustré dans le lycée palois, est national. Selon le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer, il concerne moins de 100 000 copies, sur 4 millions, qui seront ainsi "retenues".
 
Dans l'académie de Bordeaux, selon les syndicats, 27 enseignants ont opté pour cette grève des résultats, la majorité étant en poste en Gironde. Damien Gobert,  professeur d'Histoire Géographie au lycée Elie Faure à Lormont a décidé de s'associer au mouvement, en dépit des "pressions exercées par le ministère", qu'il tient à dénoncer.
 
"Tout a été fait pour déstabiliser les collègues et les forcer contre leur volonté à rentrer les notes, assure-t-il. Ceci étant, cette pression ne m'inquiète absolument pas, je suis prêt à aller jusqu'au bout, c’est-à-dire à ne pas rentrer les copies et ne pas rentrer les notes jeudi, mais le faire vendredi".
 

"Un retard de 72 heures maximum"


Selon l'enseignant, un tel retard, reviendra à faire patienter les candidats concernés entre "24 heures à 72 heures maximum" pour obtenir leurs résultats.
 

Ca ne sera pas un énorme stress pour les élèves, par contre pour nous enseignants, c'est une action extrêmement importante.


Le professeur déplore notamment la stratégie de Jean-Michel Blanquer, alors que les mouvements de protestation contre la réforme du lycée durent depuis plusieurs mois.
 
"Il a toujours fait la sourde oreille. Aujourd'hui on est en juillet et le gouvernement  porte une responsabilité extrêmement importante sur la situation actuelle. Il va peut-être falloir qu'il commence à ouvrir les yeux!"
 
 

Des syndicats "tenus à l'écart" 

Un sentiment partagé par Arnaud Gendron-Laville, professeur de philosophie au lycée Jaufré Rudel de Blaye, qui fustige un pouvoir exercé par "des technocrates, des gens qui décident d'en haut et ne prennent pas la mesure de ce que les acteurs de terrain peuvent penser de cette réforme". Lui aussi a entamé une grève des notes.

"Le ministre a  tenu les syndicats à l'écart de toute négociation cette année, dénonce l'enseignant. Des consultations ont été organisées après que des conclusions ont été rendues. (…) Ce qui est quand même délirant quand on prétend consulter les collègues quant au programme qu'ils doivent mettre en œuvre !"

De son côté Jean-Michel Blanquer a déjà annoncé qu'en cas de retenue des notes dans une matière, c'est le contrôle continu qui serait pris en compte pour les candidats concernés, en attendant le résultat de l'examen. Une fois la note de l'épreuve transmise, la meilleure des deux sera conservée.
 
 
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