Le tribunal de commerce de Carcassonne examinait aujourd'hui l'avenir de la filiale de la coopérative basque Lur Berri. Soit il retenait l'offre de reprise partielle de Laurent Spanghero , soit il ordonnait la fermeture du site.
C'est le soulagement pour les salariés qui avaient décidé de se réunir sur le site de l'entreprise à Castelnaudary dans l'Aude pour attendre, ensemble, la décision. Ce vendredi marque l'épilogue de près de cinq mois de descente aux enfers, de tourmente médiatique, de lutte et d'angoisse face à l'avenir.
L'offre de Laurent Spanghero et de ses associés, le promoteur Jacques Blanc et la société de capital-risque Investeam sauve un peu moins de 100 emplois. Mais le pire est écarté : le tribunal de commerce aurait pu aussi décider la fermeture pure et simple de Spanghero.
Laurent Spanghero, qui a fondé la société avec son frère Claude en 1970, l'avait cédée 2009 pour un euro symbolique à la coopérative basque Lur Berri, " afin de sauver les 450 emplois de l'époque ", aime à rappeler l'ancien rugbyman de 74 ans.
Ses détracteurs s'empressent de souligner que la situation de l'entreprise n'était alors guère reluisante : " il ne faut pas qu'il oublie qu'il y a trois ans, il a vendu la société pour un euro et qu'il avait fait faillite. Il y avait beaucoup de dettes. Et il se trouverait maintenant des compétences qu'il n'avait pas il y a trois ans? ", s'interroge ainsi un cadre de l'entreprise, sous couvert de l'anonymat.
Le projet de Laurent Spanghero mise sur le " développement homogène " des deux activités viandes et plats cuisinés de l'entreprise.
Entreprise à l'arrêt
Spanghero, dont les comptes étaient en train de se redresser progressivement avant que le scandale n'éclate, avait été désignée mi-février par le gouvernement comme un acteur primordial de la tromperie. La société, affirmait le gouvernement, revendait en connaissance de cause de la viande chevaline comme viande de boeuf. Cette viande était achetée par des entreprises fabriquant elles-mêmes des plats cuisinés pour de grandes enseignes. Depuis février, au moins quatre autres circuits ayant conduit à la présence de cheval dans des plats cuisinés, comme des lasagnes, ont été identifiés par les autorités françaises.
Spanghero, poids lourd économique régional qui revendiquait 360 salariés avant le scandale, espérait se rétablir après avoir récupéré ses agréments sanitaires, mais, de l'avis général des salariés, la révélation le 19 mars de la découverte dans l'entreprise de viande de mouton britannique prohibée, en même temps que la viande de cheval, a mis l'entreprise à genoux.
Ces dernières semaines, seul Lidl, spécialiste allemand des supermarchés à bas prix, lui permettait de faire travailler une cinquantaine de personnes. Ce contrat, qui s'est achevé le 30 juin, n'a pas été renouvelé et l'entreprise est à l'arrêt.