Près de Châtellerault, un éleveur de vaches laitières a choisi une technique particulière pour sa récolte des foins. Cette méthode donne aux herbes, une fois sèches, une qualité nutritionnelle supérieure pour ses animaux et sa production.
Meilleur foin, meilleure production, meilleur lait. Pour Bruno Jolly, éleveur dans la Vienne, l'équation est simple et "rentable". L'origine de cet impressionnant résultat est une technique qui consiste à sécher le foin dans un bâtiment. Le principe est le suivant : au lieu d'un séchage à l'air libre, le foin est stocké et sèche grâce à la rétention de la chaleur solaire en bâtiment.
Après un court séchage à l'air libre, la paille est stockée dans une bâtisse. Puis à l'aide un système de ventilation, l'air chauffé par le toit est redistribué pour sécher la récolte. C'est la toiture elle-même qui capte la chaleur du soleil et réchauffe l'air ambiant. Au total, il faut environ 3 à 5 jours, si les conditions météorologiques sont bonnes, pour que le foin soit sec.
CARTE. Le Pré Joly (86)
Cette technique a vu le jour dans les zones montagneuses et est notamment très répandue en Autriche et en Suisse. En France, c'est plutôt du côté du Jura et de la Savoie, deux gros départements producteurs de lait et de fromage, qu'elle s'est démocratisée. Pourtant, Bruno Jolly a décidé de l'adopter, dès 2018.
Un séchage en intérieur pour "50 % de vitamines en plus"
Dans sa ferme, située à Saint-Gervais-les-Trois-Clochers, grâce à cette technique, il obtient "un foin beaucoup plus riche en nutriments, que ce soit en sucre ou en protéines, mais aussi en vitamines". Selon lui, sa récolte contient même "50 % de vitamines en plus" et ce, parce qu'"à l'air libre, les vitamines sont directement dégradées par les rayons ultraviolets alors que là, il est seulement deux jours par terre, au sol et il sèche ensuite avec le système de séchage du bâtiment".
Et avec ces effets importants sur la qualité du foin, qui sert à alimenter ses 120 vaches, cette technique a aussi des conséquences sur le bien-être des animaux.
On n'achète pas de vitamines ou de minéraux artificielles et on peut se permettre de les nourrir uniquement avec les produits de la ferme. Cela nous permet d'avoir une meilleure production avec un lait de qualité sans acheter des produits à base de soja qui viendrait du Brésil ou d'Inde. Mais surtout les animaux sont en meilleure santé et on a moins de frais vétérinaires.
Bruno JollyEleveur de vaches laitières
Ce projet a un coût. Pour sa grange, Bruno Joly aura injecté 260 000 euros sur les 380 000 euros de l'installation. Cet investissement lui permet désormais de stocker 500 tonnes de fourrage et de passer l'hiver sereinement.