Ingrandes-sur-Vienne : les salariés de la Fonderie Fonte ne croient plus aux promesses

A Ingrandes-sur-Vienne, les salariés des Fonderies du Poitou étaient réunis en assemblée générale à la mi-journée. Les délégués syndicaux ont fait le compte-rendu de leur rendez-vous de la veille à Paris mais face aux promesses de reconversion, c'est le sentiment de lassitude qui l'emporte.

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Pour les employés de la Fonderie fonte d'Ingrandes-sur-Vienne, près de Châtellerault, c'est une nouvelle douche froide. La lassitude et le découragement l'emportent après les annonces faites hier par le patron du groupe Liberty. Le propriétaire des Fonderies Fonte et Alu, le milliardaire anglo-indien Sanjjev Gupta s'est engagé à trouver dans les trois mois à venir une solution de reconversion pour la partie Fonte des Fonderies.

Se reconvertir pour survivre

Pour l'actionnaire britannique qui a racheté les deux entités des Fonderies, il y a un peu plus d'un an, la seule solution pour sauver l'unité fonte c'est la reconversion du site. Les pièces pour moteurs diesel fabriquées jusqu'alors à Ingrandes-sur-Vienne ne correspondent plus à la tendance du marché et ne trouvent plus de débouchés.

Le manque de visibilité sur les commandes à venir et les perspectives toujours mauvaises pour les moteurs diesel signifient que l’entreprise ne pourra pas continuer dans sa structure actuelle pendant plus de trois à quatre mois... Nous avons clairement indiqué que la récente crise du secteur automobile a rendu la fonderie non viable dans sa forme actuelle.
Communiqué d'ALVANCE Aluminium Group-Liberty, consortium propriétaire des Fonderies

Un constat partagé par Renault, le client quasi-exclusif des Fonderies, dont le directeur Jean-Dominique Senard s'est montré très pessimiste sur l'avenir de la Fonderie fonte devant l'Assemblée nationale si une reconversion n'est pas entamée rapidement.

Les promesses ne suffisent plus

Pour les salariés d'Ingrandes, ces propos ressemblent quasiment à une condamnation à mort. Ils ont du mal à croire, encore une fois, aux promesses de reconversion alors que rien n'a été fait jusqu'alors malgré les engagements pris il y a un an et demi, lors du rachat de l'entreprise.

Pourquoi arriverait-on à le faire en trois mois alors que ça fait des mois et des années qu'on aurait dû commencer.
- Patrick Peurichard, salarié Fonderie fonte

C'est difficile d'y croire, ça fait un an qu'on nous promet une diversification et on a toujours rien vu venir. Renault a donné de l'argent au lieu de nous donner du boulot et l'argent a été investi pour payer les salaires et pas investi pour faire une reconversion. Liberty n'a rien fait et maintenant à qui faire confiance
- David Duquerroux, salarié Fonderie fonte

Les délégués syndicaux qui ont rencontré ce jeudi 11 juin à Paris Sanjjev Gupta, patron du groupe Liberty, ne se montrent guère plus optimistes. En même temps, ils réaffirment la volonté et la motivation de tous les salariés pour s'adapter à une nouvelle production.

Ça fait un peu un effet poudre aux yeux. On tient à notre outil de travail, on veut travailler. Si ce n'est plus des carters, on est prêts à faire autre chose. On nous dit ce qu'il y a à faire et on le fera. Il n'y a pas de problème par contre, la poudre aux yeux, il va falloir qu'elle se transforme en actes concrets.
- Thierry Waye, délégué CGT Fonderie fonte

"L'Etat doit s'engager"

Les salariés ont obtenu la certitude que leurs salaires seraient maintenus pour les trois prochains mois, le temps que s'est donné la direction du groupe pour trouver de nouveaux débouchés ou pour reconvertir la production. Ce délai paraît bien court aux yeux des salariés et des syndicats qui demandent aujourd'hui à l'Etat de s'engager concrètement pour l'avenir de leur entreprise aux côtés de renault et du groupe Liberty. La Fonderie fonte emploie 316 salariés, sa voisine, la Fonderie alu, dont le devenir est plus serein compte 285 employés.
En attendant des réponses, les expéditions de culasses destinées à Renault sont toujours bloquées et lundi 15 juin, le site sera mis en activité partielle pour trois jours. Un Comité social et économique (CSE) est prévu mercredi 17 juin sur le site.

 

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