Au CHU de Poitiers, la visite du ministre de la Santé perturbée par les casseroles

Le ministre de la Santé était venu annoncer l'extension des services d'accès aux soins, actuellement en phase de test au CHU de Poitiers, à tout le territoire français. François Braun a été accueilli par un concert de casseroles et son déplacement a été perturbé.

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François Braun était déjà venu en visite en décembre à Poitiers. Mais cette fois-ci, le ministre de la Santé a été accueilli au centre hospitalier universitaire (CHU) par un concert de casseroles, mené par des manifestants bien déterminés à perturber son déplacement. Autour d’eux, environ 80 CRS et un service de sécurité important pour escorter le ministre, qui a fait une entrée discrète dans l’hôpital.

"On a envie de lui dire écoutez la colère des soignants qui veulent travailler dans de meilleures conditions, écoutez la colère des usagers qui veulent avoir l’accès aux soins pour tous, écoutez la colère de tout le monde, écoutez la colère de la rue qui dit on en a marre !" scande Karine Rousseau Cingal, secrétaire générale CGT au CHU de Poitiers.

"Chez nous, c'est stable maintenant"

Ce lundi 24 avril, François Braun, lui-même médecin-urgentiste avant d’endosser ses fonctions gouvernementales, était venu annoncer la généralisation d’un dispositif déjà testé à Poitiers et dans plusieurs autres départements : le service d’accès aux soins. Le dispositif, prévu par le pacte de refondation des urgences en 2019, veut désengorger les services des urgences. Il doit permettre, via le 15, de permettre une meilleure orientation médicale entre médecin généraliste et services des urgences.

A Poitiers, les résultats de ce test sont positifs selon le professeur Olivier Mimoz, directeur du service des urgences du CHU. "A Poitiers nous avons été capables d’arrêter l’augmentation des flux de passage aux urgences, qui est un problème dans de nombreux autres services. Chez nous, c’est stable maintenant", se félicite le médecin.

Pour libérer de la place aux urgences, le service a aussi mis en place une politique de gestion des lits, appelée "bed management". Une nouvelle gestion qui ne résout pas tout : cette semaine encore au CHU, plusieurs opérations ont été déprogrammées dans certains services, faute de personnel.

On peut arriver à faire fonctionner des urgences dans des conditions satisfaisantes même si aujourd’hui on sait qu’il y a des difficultés à l’hôpital.

Professeur Olivier Mimoz

Directeur du service des urgences du CHU de Poitiers

Frédéric Ancelin, assistant de régulation médicale (ARM), a lui aussi participé à la phase de test de ce système qu’il pense utile, à condition d’arriver à recruter du personnel pour prendre en charge les coups de téléphone qui arrivent au standard. "Ce qui nous manque surtout c’est du personnel. Des écoles sont en train d’ouvrir mais c’est comme toute formation, il faut un délai d’attente pour former les gens pour qu’ensuite ils travaillent dans les SAMUS et aient de l’expérience", explique celui qui réceptionne les appels d’urgence depuis seize ans.

Une fois qu’on sera au complet et que notre métier sera reconnu les gens comprendront la nécessité d’avoir des ARM au téléphone, et pas n’importe qui.

Frédéric Ancelin

Assistant de régulation médicale au CHU de Poitiers

Le ministre de la Santé, lui, est bien déterminé à poursuivre son tour de France. La création de services d’accès aux soins sera donc bientôt étendue à tous le territoire français. Mais avant, "je continue à aller voir les endroits où ça marche pour prendre ces solutions et les greffer ailleurs, là où ça ne marche pas pour voir aussi où ça ne marche pas", assure-t-il.

"Je suis concentré sur cette mission, et comme je l’ai déjà dit, le bruit des casseroles ne m’empêchera pas de continuer à travailler", conclut le ministre. Si son programme a été partiellement modifié pour éviter les manifestants, il a bien pris la direction de la maison de santé de Vivonne (Vienne) pour achever son déplacement, cette fois-ci dans le calme.

Carla Butting avec François Bombard. 

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