"C'est son humanité qu'on retiendra !" Monseigneur Wintzer fait ses adieux aux fidèles du Poitou

Monseigneur Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers, a célébré son dernier office à la cathédrale Saint-Pierre. Après 17 ans de présence dans le Poitou, l'homme a marqué le territoire. Il s'apprête à rejoindre le diocèse de Sens-Auxerre.

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C’est un départ qui était attendu. Après 17 ans de présence dans le diocèse de Poitiers dont 12 ans en tant qu’évêque, Monseigneur Pascal Wintzer se savait à l’aube du départ. Il est nommé au diocèse de Sens-Auxerre. Ce dimanche 15 septembre, il a célébré à la cathédrale Saint-Pierre son dernier office public, les Vêpres qui se tiennent en fin d’après-midi : « Je vois cela comme une image de ce temps particulier que je vis : un au revoir, la fin de quelque chose, mais qui n’est pas une fin dernière, et surtout qui annonce une aurore nouvelle », a-t-il annoncé aux fidèles.

Un évêque qui aura marqué les esprits, ici à Poitiers : « Il a été très proche des gens et très présent », confie un délégué du Secours catholique. « C’est son humanité qu’on retiendra. » Une autre fidèle ajoute : « C’est très émouvant ! C’est magnifique ! C’est un évêque qui va nous laisser de très bons souvenirs. Il est très charmant, très accueillant, très pieux. Nous allons le regretter beaucoup ! »

"J'ai découvert à 47 ans ce monde que je ne connaissais pas"

Monseigneur Pascal Wintzer a quitté sa ville natale de Rouen il y a 17 ans pour s’installer dans le Poitou. Simple prêtre, il a été nommé d’abord en tant qu'évêque auxiliaire pendant quatre ans. « À Rouen, j’avais ma famille et toutes mes attaches, j’étais dans une situation de confort », se souvient-il. « La nomination à Poitiers a été une manière de me déstabiliser de manière positive, comme quelque chose qui vous invite à vous renouveler, à redécouvrir d’autres réalités, d’autres personnes. »

Rouen, grande ville portuaire et industrielle. Le Poitou, région plus agricole. « J’ai découvert un diocèse plus rural, car il s’étend sur la Vienne et les Deux-Sèvres. Je n’ai découvert qu’à 47 ans ce monde que je ne connaissais pas. »

Des hauts et des bas

Une étape de sa vie où finalement, il a été plutôt heureux. Avec ses hauts et ses bas. Car la dernière décennie n’aura pas toujours été simple pour l’archevêque. Favorable à l’ordination d’hommes mariés, au salariat des prêtres, à la bénédiction de couples du même sexe, Pascal Winzter a également signé l’an dernier un essai sur les abus sexuels dans l’Église. Des prises de position qui ont pu crisper certains fidèles.

« Ce qui a marqué la vie de l’Église ces dix dernières années, c’est la crise des abus sexuels et encore en ce moment, avec l’histoire de l’abbé Pierre », déplore Monseigneur Wintzer. « Même si je savais que cela existait, avant le rapport de la CIASE, il y a trois ans, je n’imaginais pas que les victimes étaient si nombreuses. » Un homme croyant profondément heurté dans sa foi : « C’est d’abord en contradiction complète avec l’attitude de Jésus. Ça dessert la cause »

Contre l'idolâtrie

Et quand on lui mentionne les cas de Jean Vannier et de l’abbé Pierre, il est catégorique : « Ça montre qu’il ne faut jamais idolâtrer qui que ce soit, même si évidemment on a aussi besoin d’admirer. Il y a eu des personnes qui ont entretenu autour d’eux une sorte de vénération et cela leur a permis au contraire d’exercer des emprises et des perversions. Je pense au contraire que ce qui doit être admiré, c’est tout être humain. Il fait se méfier des vedettes. C’est contraire à l’Évangile. Jésus se dérobait quand on cherchait à le mettre en avant. »

Un évêque qui demande que l’Église accepte de se réformer, d’être contrôlée et de se soumettre à la justice et à la police. Lors de son temps à Poitiers, Monseigneur Wintzer a vécu un seul cas d’abus de la part d’un prêtre. Il a aussitôt fait un signalement. « Il y a eu surtout des faits anciens. Des personnes se sont manifestées. Nous avons pu les accueillir et les orienter pour trouver les meilleures manières de réparer. »

Ne pas être lâche

L'homme, en tout cas, ne s’estime pas du tout découragé par tous les scandales qui secouent l’Église catholique. « Aujourd’hui, rendre son tablier, ce serait être lâche. Nos générations sont celles qui ont à entreprendre les actions de réparation et le travail de vérité et de justice. Cela renforce ma foi en Dieu et cela montre que l’Église ne doit pas se prendre pour Dieu. »

Dimanche 22 septembre, Monseigneur Wintzer célébrera une dernière messe à Châtellerault, avant de quitter le Poitou. Il sera officiellement installé archevêque de Sens-Auxerre, le 6 octobre prochain.

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