Typique du nord de la Vienne, l’échalion est une variété d’oignon allongé, ressemblant à l’échalote. Depuis 2011, onze producteurs travaillent ensemble pour faire revivre ce produit made in Haut-Poitou, encore trop méconnu. Ils veulent passer à la vitesse supérieure en privilégiant la vente en circuit court avec des entreprises locales.
Il ressemble à une grosse échalote allongée. À la différence de sa cousine, l'échalion n'est composé que d'un seul bulbe. Variété spécifique cultivée dans les terres de Mirebeau et de ses alentours, l'échalion est un emblème du Haut-Poitou. Mais qui a perdu de sa notoriété.
Depuis 2011, onze producteurs se sont réunis pour le faire sortir de l'anonymat. Leur objectif : accentuer le circuit court et la consommation locale.
De la production jusqu'à la commercialisation
Jusqu'en août 2021, la commercialisation de leurs échalions passaient par la coopérative Terryloire, une société coopérative agricole basée dans le Maine-et-Loire. Depuis, les onze producteurs sont devenus associés au sein de la société Poitou Allium, basée dans un bâtiment construit en 2009 à Mirebeau.
"Nous maîtrisons désormais la traçabilité du produit, de la semence jusqu'à la commercialisation", précise François Turpeau, producteur d’échalions et viticulteur à Chabournay. L'objectif étant de "travailler beaucoup plus avec les collectivités, les cantines et les restaurants des alentours."
"Deux tiers de la production part au marché de Rungis"
Car jusqu'à présent, les échalions de ce groupement de producteurs étaient destinés à l'exportation ou à un marché de gros volumes. "Actuellement, deux tiers de la production part au marché de Rungis, et le reste en local dans la grande distribution", détaille Nicolas Bastien, commercial de Poitou Allium. "La transition pour augmenter notre part de clients locaux va prendre plusieurs années."
Les producteurs de Poitou Allium vont également proposer du produit transformé. "On travaille sur un partenariat avec une légumerie à Neuville pour nous faire de l'échaillon ciselé et épluché sous vide", poursuit le commercial. Des produits qui devraient être commercialisés dès le mois de mars 2022.
“L’essayer, c’est l’adopter”
Avant les années 1980, l'échalion était produit de façon anonyme. On l'appelle à cette époque l'échalote "cuisse de poulet". Et François Turpeau sait de quoi il parle, puisque son père en produit depuis 1985. "La production s'est densifiée pendant cette décennie, et dès les années 1990, certains agriculteurs ont structuré une filière."
François Turpeau, lui, reprend le flambeau en 2009. Il est convaincu des atouts du bulbe. “Comme le dit si bien le slogan : l’essayer, c’est l’adopter !”, glisse-t-il. Condiment à la saveur fine et douce, l’échalion se déguste aussi bien cru que cuit. “Ça a un petit goût sucré". Exemple d'utilisation : "dans les tartes, un vrai délice !”
Le Covid "a mis à mal" leurs exploitations
François Turpeau l'affirme, la crise sanitaire a accéléré la volonté des producteurs de relancer l'activité. "La saison se passait plutôt bien avant mars 2020 au niveau des ventes", raconte-t-il. "Et là, le Covid arrive : plus de 80 % de nos clients ont arrêté toutes les commandes".
Résultat : les 11 producteurs ont dû jeter 300 tonnes de production au total en 2020. “Cela a mis à mal nos exploitations”, glisse le producteur. Avec la fermeture des restaurants prolongée et un marché français saturé, le début d’année 2021 a également été très compliqué pour de nombreux producteurs d’échalions.
“Avec cette relance d'activité, on reprend notre destin en main et on y croit !”, espère le producteur.