En cette période de crise sanitaire, l'approvisionnement alimentaire par les ressources locales n'a jamais autant été au coeur de nos priorités et les circuits courts, jamais autant été plébicités. Comme en Nouvelle-Aquitaine. C'est l'objet d'un film Manger est un acte agricole.
Alimentation de proximité, une priorité
Il y a presqu'un an, le 16 mars dernier, devant l'ampleur de la crise sanitaire qui envahit plusieurs pays, la France y compris, une période de confinement est annoncée par le président de la République.
Alors, très rapidement, de nouvelles pratiques se mettent en place. La proximité s'impose pour bon nombre comme une priorité. Les circuits courts sont de toute part recherchés et deviennent alors très prisés. Les files d'attente ont délaissé subitement les caisses des supermarchés au bénéfice des cours des maraichers.
✅Privilégier la consommation en circuit court ??
— Gwladys TOHIER (@gwladys_tohier) October 8, 2020
➡️Les startups qui vont nous faire manger local via @EchosStart
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Et bien que le phénomène se soit généralisé partout en France, ce n'est pas un hasard si le choix de notre région s'est imposé dans ce film.
En effet, le territoire de la Nouvelle-Aquitaine, particulièrement bien loti en richesses et en ressources agroalimentaires, est devenu, pour beaucoup de ses habitants, tout à coup, une source essentielle d'approvisionnement.
[Pour information, notre région, la plus grande de France, a la particularité d'être dotée d'une palette de conditions géographiques et pédoclimatiques offrant une agriculture très diversifiée allant de l’élevage (lait et viande) à la viticulture en passant par le maraîchage.]
De jour en jour, les lieux de vente directe se multiplient, les initiatives et la solidarité s'organisent sur l'ensemble du territoire pour privilégier la proximité en petit comité.
Les circuits de commercialisation directe paysans consommateurs se sont multipliés dès les premiers jours du confinement.
Tour d'horizon de la région
Pour comprendre la richesse de notre terroir, rien de mieux qu'un sillonnement de cette grande région. Le film promène ainsi sa caméra dans plusieurs départements avec, notamment, des vues aériennes magnifiques sublimant la beauté et la diversité des nos paysages comme en Charente-Maritime, Corrèze, Dordogne, Gironde, Lot-et-Garonne (premier département producteur de France) et les Pyrénées-Atlantiques au pays basque.
Des étals colorés du marché de Nérac en Lot-et-Garonne à un élevage de brebis au pays basque, en passant par les champs de Charente-Maritime, les richesses locales s'affichent fièrement à l'écran !
La force des témoignages
Derrière chaque produit et pour chaque circuit, il y a des hommes et des femmes. Dans le film, ils passent alors, eux aussi pour une fois devant, à l'écran. La parole est donnée à celles et ceux qui se sont mobilisés pour nourrir le pays malgré les difficultés liées à la pandémie (fermeture des restaurants et des cantines, tension sur certains produits, défaut de main d’œuvre, etc...), mais aussi à des représentants d'institutions du système agro-alimentaire, à des gérants de grandes surfaces ou encore à des politiques et des scientifiques pour un large prisme d'avis.
L'alimentation, c'est un enjeu fondamental et il faut que les mangeurs et les agriculteurs se reparlent et créent une nouvelle forme de gouvernance autour de l'alimentation.
Des messages forts et touchants faisant prendre conscience de la nécessité de changer ses habitudes de consommation, et ce, durablement. Tout le monde y est gagnant. De tout côté.
Pourquoi aller chercher des produits de l'autre côté de la France quand on avait des producteurs à côté ?
Les intervenants :
- Jean-Yves RESTOUX, président de Terra Lacta, coopérative laitière, Surgères (17)
- Valérie FRADIN, propriétaire d’un Intermarché à La Rochelle (17)
- Benoit BITEAU, député européen, paysan en Charente-Maritime (17)
- Charles KLOBOUKOFF, président-fondateur de Léa Nature à Périgny (17)
- Nicolas JAUBERT, Responsable circuits courts et agritourisme à la Chambre d’agriculture de Corrèze (19)
- Germinal PEIRO, président du Conseil départemental de Dordogne, Périgueux (24)
- Cédric COUBRIS, viticulteur, président des vignerons indépendants de Gironde, Moulis (33)
- Nathalie CORADE, enseignante-chercheuse en économie territoriale à Bordeaux Sciences Agro (33)
- Denis SALLES, sociologue à l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE), Bordeaux (33)
- Jacques CHAPOLARD, éleveur de porcs fermiers à Mézin (47)
- Damien PASELLO, maraîcher à Nérac (47)
- Claudine FACCI, productrice de fraises à Bourran (47)
- Serge LARZABAL, président du Comité Interdépartemental des pêches maritimes et des élevages marins des Pyrénées Atlantiques et des Landes, Ciboure-Saint-Jean-de-Luz (64)
- Patrick SALLABERRY, berger, président de l’association des producteurs fermiers Idoki, (Pays basque) à Ayherre (64)
Avec toutes ces interventions, on comprend alors que la relation producteurs, consommateurs et distributeurs est indispensable, indissociable et fondamentale comme pourrait le résumer le message de l'association "La ruche qui dit oui" présente non seulement en Nouvelle-Aquitaine mais dans toute la France.
Et si on commençait par vous expliquer pourquoi la Ruche dit Oui ?
— La Ruche qui dit Oui ! (@ruchequiditoui) September 12, 2020
Lorsque les mangeurs assurent aux Producteurs un nombre de commandes suffisant, alors la Ruche dit « Oui ».
Les uns se régalent de bons produits locaux, les autres vivent justement de leur métier. #ouijagis pic.twitter.com/pOEmQ0smQT
Un tournage particulier
Entre restrictions de circulation, gestes barrière imposés, peur de la contamination, le film a pourtant réussi à être tourné pendant le confinement, alternant des images de diverses natures (vidéoconférences, images de téléphones, de caméra professionnelle, d’archives) au service du récit.
Une famille confinée en fil conducteur
Pour incarner le quotidien de chacun, le choix a été fait de suivre dans le film, à titre d'exemple, la vie d'une famille bordelaise : Delphine et Jérôme et leurs trois garçons (Timothée, Thibault, Marin). Face caméra, ils confient leur inquiétude quant à l'approvisionnement en cette période de confinement sanitaire et très vite, partagent aussi les réponses trouvées auprès des circuits courts et de la solidarité dans le quartier.
On suit la mère de famille au marché des Capucins, à la rencontre des producteurs. On rencontre le voisin qui s'improvise livreur...
Et c'est ainsi qu'asperges, salades, fraises, poissons et viande arrivent à foison sur la table de la maison, tous certifiés purs produits locaux. Ils livrent aussi leur propre analyse des enseignements à tirer et des progrès qui pourraient être faits par les pouvoirs politiques.
Un film singulier
Ce film est un récit singulier, plongé dans une guerre sanitaire pendant laquelle manger est devenue l’activité principale. Un récit de cette crise si particulière qui souligne que notre nourriture quotidienne dépend des paysans et de la chaîne agroalimentaire qu’ils alimentent.
Pour beaucoup d'entre nous, tous ces cadeaux de la nature étaient à nos portes, autour de nous, sans le savoir ou sans le voir... Dans ce récit, l’importance capitale des circuits courts dans l’autonomie alimentaire devient une évidence.
Et pour puiser de l'espoir et du réconfort alors que la crise est toujours bien là, le mot de la fin est laissé à un berger basque, intervenant dans le film.
Il ne faut pas paniquer. Il y aura toujours un paysan qui continuera à produire et il y aura toujours un paysan près de chez vous.
Tellement d'autres choses à dire sur ce film et les enseignements à en tirer... Alors, pour en savoir plus, le plus simple est de le regarder.
Le documentaire "Manger est un acte agricole" est à voir en replay sur na.france3.fr
À SAVOIR : il est diffusé dans le cadre de la programmation #NousPaysans de France Télévisions pour mettre les agriculteurs à l'honneur alors que le salon International de l'Agriculture ne peut se tenir cette année en raison de la crise sanitaire.
Documentaire "Manger est un acte agricole"
52 mn
Ecrit et réalisé par Gilles Luneau avec la collaboration d’Antoine Rivière
Coproduction : Flair Production / France 3 Nouvelle-Aquitaine
photos : Paol GORNEG/Skeudennou
en replay sur na.france3.fr