Clémence Guetté sera la candidate de La France Insoumise aux prochaines élections régionales. Les Verts, la désunion de la gauche, le bilan d'Alain Rousset à la tête de la Nouvelle-Aquitaine, mais aussi l'avenir des Fonderies du Poitou ; elle répondait aux questions de Jérome Vilain.
Trente ans à peine, méconnue du grand public, mais un CV politique déjà conséquent. Clémence Guetté, originaire de Cerizay dans les Deux-Sèvres, a très vite rejoint Paris après ses études à Poitiers avec une certaine Léonore Moncond'huy. "C’est une femme, jeune, en politique et je la respecte pour ça", déclare la candidate LFI, "j’espère qu’on aura l’occasion de faire des choses en commun, de donner écho à des luttes en commun. En attendant, pour ces régionales, Les Verts, le parti dans lequel elle est encartée, seront nos adversaires parce qu’ils auront fait un choix politique différent du nôtre".
Une différence entre les deux femmes qui ne date pas d'hier avec un curseur toujours un peu plus à gauche pour la Deux-Sévrienne. Après dix ans de militantisme politique et associatif, Clémence Guetté est aujourd'hui la secrétaire générale de La France Insoumise à l'Assemblée Nationale. Elle est aussi co-responsable de la plateforme programmatique "L'avenir en commun" sur laquelle Jean-Luc Mélonchon basera sa candidature aux futures élections présidentielles. Le patron des "insoumis" ne tarit d'ailleurs pas d'éloges à son encontre.
La gauche traditionnelle est en miettes. Nous, on fait ce qu'on peut mais il ne faut pas qu'on se raconte d'histoires ; on tâche de bien faire. Mais il y a un moment où les pièces devront s'emboîter à nouveau et c'est là que des personnes comme Clémence et d'autres vont jouer un rôle extrêmement important. Ce sont des personnalités qui seront capables à la fois de fermeté doctrinale et programmatique et de souplesse dans la gestion des rapports entre les personnes qui est la plaie de la gauche.
Pour les élections régionales des 13 et 20 juin prochain, c'est donc avec le Nouveau Parti Anticapitaliste que les Insoumis de Nouvelle-Aquitaine ont fait alliance. Une alliance qui a fait des remous au sein du parti de Philippe Poutou. Contrairement aux Hauts-de-France, la gauche part donc divisée en Nouvelle-Aquitaine.
On a tendu la main parce qu’on avait envie de faire des alliances qui sont possibles au niveau régional parce que les compétences ne sont pas les mêmes que les sujets qui peuvent nous opposer au niveau national. On a tendu la main à toutes les forces de gauche (…) Les Verts ont fait un autre choix, sans doute parce qu’ils ont à assumer un bilan commun avec monsieur Rousset, ce qui n’est pas notre cas. Les communistes ont fait un autre choix, sans doute parce qu’ils ont des nécessités stratégiques qui ne sont pas les nôtres. Même si des communistes seront sur notre liste parce que ce n’est pas une alliance d’appareils ce que nous avons essayé de faire. C’est une liste de combat et de rupture avec des gens qui incarnent toutes les luttes qui ont lieu dans notre région. Les Verts ont fait le choix de partir seuls parce qu’ils pensent que nous incarnons une gauche plus radicale que la leur et je ne leur donne pas tort. Nous allons sans doute donner écho à des luttes sur lesquelles ils seraient peut-être un peu mal à l’aise d’assumer un bilan qui est celui de monsieur Rousset.
Le principal adversaire sera donc le président sortant, Alain Rousset. Jugé bien trop "macroniste" aux yeux de la cheffe de file LFI, elle souhaite incarner un renouveau des pratiques politiques au niveau régional.
J’avais sept ans quand monsieur Rousset a pris la tête d’abord de la région Aquitaine puis de la Nouvelle Aquitaine élargie. Il n’est pas étranger au regroupement des régions Aquitaine, Poitou-Charentes, Limousin qui forment aujourd’hui notre méga région puisque dans le projet initial de monsieur Hollande, l’Aquitaine pouvait rester seule et était assez riche pour être indépendante et les deux autres régions ne devaient normalement pas être reliées à elle. Donc il a participé à cette magouille pour gérer une méga région qui fait 1/8ème du territoire nationale, 6 millions de personnes et je crois que les gens ont envie désormais d’un peu plus de franchise et de sincérité politique que ce qu’incarne aujourd’hui monsieur Rousset pour la région.
Côté Programme, Clémence Guetté réaffirme son soutien aux luttes écologiques, notamment l'enjeu des "bassines" qui oppose agriculteurs et militants pour l'environnement dans les Deux-Sèvres. Elle prône également une nouvelle approche plus protectionniste sur le plan économique et une défense du tissu industriel de la région.
Au niveau étatique, il faut des mesures protectionnistes, sans ça on n’y arrivera jamais. Par exemple, aujourd’hui, Renault décide de produire ses carters avec un groupe espagnol au lieu de produire en France avec Liberty et les Fonderies du Poitou. C’est un problème. L’Etat mais aussi la région doivent imposer une diversification de l’activité. On savait que l’activité diesel allait progressivement se tarir. (…) Les gens ont besoin de formations qui adaptent leurs métiers à la transition écologique et aux métiers qui seront indispensables demain. Ils y sont prêts et ils ne demandent que ça d’ailleurs, un vrai plan de formation pour la suite.
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