Dans le quotidien éprouvant des proches de personnes hospitalisées, un hébergement peut faire toute la différence, surtout s’il est accueillant, à proximité et communautaire. C’est ce qu’offre la Maison des Familles, située à Poitiers, dans la Vienne. Une maison associative qui ouvre exceptionnellement ses portes au public, du 19 au 21 septembre 2024.
En préparant son petit-déjeuner, les gestes d’Emilie Damande sont assurés. Tandis qu’elle retire son chocolat chaud du micro-ondes, elle lance dans un rire : “Je suis chez moi ici !”. Pas tout à fait, mais c’est tout comme.
Depuis deux mois, la Rochelaise vit à une heure et demie de son domicile, dans la Maison des Familles de Poitiers, située à quelques mètres du centre hospitalier et du service pédiatrique où se trouve sa fille. Une place de choix pour veiller au quotidien sur Mila, née prématurément de trois mois.
Cette maison associative dispose de 29 chambres et studios équipés à destination des proches de personnes hospitalisées à Poitiers, dans la Vienne, mais qui n’habitent pas sur place. Sur les 1 500 familles hébergées chaque année, 40 % viennent de Charente-Maritime, 20 % de Charente et 16 % des Deux-Sèvres, voire de toute la France ou de l’étranger, précise Iphigénie, responsable de la gestion et du développement de l'association.
Au plus près
Une proximité salvatrice, autant pour les hébergés que pour les hospitalisés. “Le meilleur médicament pour un bébé prématuré, c'est la famille. En étant là quasiment tout le temps, on voit qu’il y a des progrès. Ça lui fait du bien et à nous aussi, parce que c’est inconcevable d’être loin d’elle”, confie Emilie Damande, émue. Mère d’un premier enfant âgé de 14 ans, elle se réjouit que son fils aîné ait pu, lui aussi, être auprès de sa petite sœur pendant une semaine.
Le meilleur médicament pour un bébé prématuré, c'est la famille. En étant là quasiment tout le temps, on voit qu’il y a des progrès. Ça lui fait du bien et à nous aussi, parce que c’est inconcevable d’être loin d’elle.
Emilie Damandehébergée à la Maison des Familles
Mais la magie du lieu opère surtout dans les parties communes, la cuisine, la salle à manger et le salon, où tous les hébergés peuvent se retrouver. Des personnes confrontées simultanément aux mêmes tourments, qui partagent leur vécu, leurs craintes, leur tristesse, mais aussi leurs joies. “L'hospitalisation est un ascenseur émotionnel. Les humeurs sont changeantes et on s’en oublie, on est un peu hors sol”, décrit Ariane Gonthier, résidente qui se dit “rassurée”.
Car dans la Maison, en plus des six salariés, une trentaine de bénévoles sont tous les jours auprès des accompagnants. Que ce soit en silence, en partageant un sourire, une discussion ou une activité, ils sont une présence réconfortante pour des personnes souvent en grande souffrance.
Esprit communautaire
“Notre rôle est de les faire exister malgré l’hospitalisation”, avance Martine Beasse, bénévole et ancienne responsable de la Maison, avant de détailler son propos : “Quelqu’un qui a une personne à l’hôpital ne vit qu’à travers le malade. Leur proposer des activités est important pour qu’ils se disent qu’ils sont capables ou pour leur donner le petit sourire qu’ils ont oublié.”
Un réconfort qui voit le jour grâce à l’investissement des volontaires, de moins en moins nombreux. En effet, l’établissement fonctionne principalement grâce à la générosité et aux dons puisque la participation financière des hébergeants ne suffit pas. Le tarif, qui comprend le logement, le linge de toilette, la télévision et le petit-déjeuner, est de 25 euros par nuit. Dégressif, il atteint même 15 euros la nuit au bout d’un mois.
Pour ses dix ans d'existence, l’association qui a repris les rênes organise donc des journées portes ouvertes les 19, 20 et 21 septembre. Au programme : une vente de jouets, de jeux et des livres, ainsi que des crêpes Maison pour aider au financement de ce concept créé à Poitiers en 1993.
CARTE - Maison des familles - POITIERS