L'association poitevine Larnay-Sagesse de Biard est-elle menacée ?

Le collectif "Sauvons Larnay-Sagesse" a manifesté ce mardi 19 novembre. L'association qui gère trois établissements d'accueil pour les personnes en situation de handicap à Biard est en grande difficulté financière, comme plusieurs organismes de l'économie sociale et solidaire.

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"C'est notre survie qui est en jeu, celle des 170 salariés et des 106 résidents !" L'émotion est palpable dans la voix de Brigitte Pauliat. Cette éducatrice et déléguée syndicale Sud-Santé, salariée par l'association Larnay-Sagesse s'inquiète de l'avenir de l'Établissement d'hébergement de personnes handicapées sensorielles âgées dépendantes (Ehphsad) et ses foyers de vie. Elle a manifesté ce mardi 19 novembre 2024 entre Biard et le conseil départemental de la Vienne pour demander des financements supplémentaires.

C'est notre survie qui est en jeu, celle des 170 salariés et des 106 résidents !

Brigitte Pauliat

éducatrice-déléguée syndicale SUD Santé de l'Association Larnay-Sagesse

Déficit chronique

Le budget de l'association Larnay-Sagesse est déficitaire depuis 2022 (-364 000 € en 2022 et -554 000 € en 2023 selon nos confrères du 7info). Même si l'an dernier, près de 200 000 € de crédits exceptionnels et "non reconductibles" avaient été alloués par ses financeurs, elle serait aujourd'hui au bord de la cessation de paiements, selon le tract de l'intersyndicale Sud-CGT- CNT-Les Broyeurs du Social.

Les causes avancées sont l'augmentation des coûts de l'énergie et de la nourriture et des ressources insuffisantes : "C'est un sous-financement chronique depuis des années" explique Bertrand Blondeau, porte-parole du collectif de salariés "Larnay-Sagesse en danger". "La direction a fait tout ce qu'elle a pu pour réduire les coûts sur lesquels elle avait la main, mais elle a tellement réduit qu'aujourd'hui, on arrive aux salaires et aux prix à la journée sur lesquels elle n'a pas la main."

Tous les regards se tournent donc vers les décideurs et financeurs que sont l'Agence régionale de Santé (30 %) et le conseil départemental (70 %). "Il faut nous aider, car le contrat d'objectifs et de moyens signés en 2018-2023 est complètement dépassé ! " explique Brigitte Pauliat. Ce contrat qui définit les financements et leur utilisation au sein de la structure ne couvre plus les frais.

Larnay-Sagesse, une institution bicentenaire

A Biard, l'association Larnay-Sagesse gère trois structures. L’Établissement d'hébergement de personnes handicapées sensorielles âgées dépendantes (Ehphsad) est un lieu unique dans la région. Il accueille des personnes âgées atteintes de surdité, de cécité, ayant également des troubles du comportement. Le foyer d'accueil médicalisé accueille 44 personnes à partir de 20 ans souffrant de troubles sensoriels et de polyhandicap. Il y a également un foyer de vie pour de jeunes adultes autonomes. La centaine de résidents vient de quarante départements, ce qui rend la gestion compliquée. "Ce sont les départements d'origine du patient qui doivent nous verser la dotation. Nous sommes notamment en grande difficulté, à cause de départements ne payant plus" explique Brigitte Pauliat.

On demande au département d'assurer d'abord ses prérogatives, c'est-à-dire le financement du social.

Bernard Blondeau

porte-parole du collectif "Larnay-Sagesse en danger"

Si le financement est compliqué, les besoins sont réels et tellement importants que la direction cherche à recruter 12 salariés. Le recours à l'intérim grève encore davantage le budget de cette institution historique créée en 1833 pour l'accueil et la scolarisation des jeunes filles sourdes.

17 500 emplois menacés en Nouvelle-Aquitaine

L'association Larnay-Sagesse n'est pas la seule en difficulté. L'Association poitevine pour la sauvegarde de l'enfance à l'adolescence (ADSEA 86) ou la fédération départementale des centres sociaux de Charente-Maritime ont aussi tiré la sonnette d'alarme en 2024.

Déjà fragilisés, tous les acteurs de l'Économie sociale et solidaire craignent les conséquences de l'adoption du projet de loi de finances (PLF) et du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2025. "L'impact cumulé des coupes budgétaires pour l’ESS est estimé à 8,26 milliards d’euros, ce qui aura des répercussions directes sur l’emploi et les services de proximité" explique l'Union des employeurs de l'économie sociale et solidaire dans un communiqué.

Bertrand Blondeau, porte-parole du collectif "Larnay-Sagesse en danger", en appelle d'autant plus au conseil départemental de la Vienne : "On sait que les budgets sont en baisse. Dans ces cas-là, il faut faire des choix. On demande au département d'assurer d'abord ses prérogatives, c'est-à-dire le financement du social."

En Nouvelle-Aquitaine, les 22 600 établissements de l'Economie Sociale et Solidaire emploient environ 220 300 salariés, soit 12 % de l'emploi sur le territoire. Selon l'UDESS (l'Union de l'Economie Sociale et Solidaire), les coupes budgétaires pourraient se traduire par "la suppression de 17 500 emplois".

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