Témoignage. L'IVG dans la Constitution, "un symbole fort, mais pas suffisant" : 3 questions à Laure Boniakowski, militante du planning familial de Poitiers

Publié le Écrit par Marianne Leroux

Ce lundi 4 mars, les parlementaires se réunissent en Congrès au Château de Versailles pour examiner l'inscription de la liberté d'avoir recours à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution. Selon le planning familial de Poitiers, la démarche est bonne, mais elle n'est pas suffisante.

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Un jour historique se profile. La France s'apprête, ce lundi 4 mars, à être le premier pays au monde à inscrire la "liberté garantissant à la femme d'avoir recours à une interruption volontaire de grossesse" dans sa Constitution. Les 925 parlementaires du pays, sénateurs et députés, se réunissent au Château de Versailles pour procéder au vote. Pour l'occasion, Laure Boniakowski, militante au sein du planning familial de Poitiers, a répondu à nos questions.

Qu'est-ce que cela représente pour le planning familial ?

"C'est une très bonne avancée, un bon signal et un symbole fort, mais ce n'est pas suffisant. Nous étions pour l'inscription du droit à l'IVG, ce qui était proposé par les députés au départ, et non pas seulement la liberté. C'est bien que les femmes soient libres d'avorter, mais le droit des femmes d'avorter, ça aurait engagé l'État à prendre de réelles décisions, de faire de vraies politiques publiques pour un meilleur accès à l'IVG. Il faut savoir qu'une femme sur trois a recours à l'avortement au moins une fois dans sa vie. Ça concerne beaucoup de monde. Il y a eu une petite avancée, en décembre dernier, un décret autorise les sages-femmes à pratiquer les IVG "instrumentales". Mais le droit et l'accès à l'IVG restent fragiles. Rien n'est jamais acquis, c'est pour ça qu'il faut rester vigilants".

Quelle est la situation de l'accès à l'IVG aujourd'hui ?

"Depuis 15 ans, de plus en plus de centres, qui pratiquent l'interruption volontaire de grossesse, ferment sur le territoire. Ça ne facilite pas l'accès à l'IVG, surtout dans les milieux ruraux. Dans la Vienne, c'est une problématique assez importante. Pour les avortements médicamenteux, il faut se rendre à Poitiers, Châtellerault, Montmorillon ou Loudun, mais cette technique est possible seulement jusqu'à cinq semaines de grossesse. Sinon, il faut se tourner vers les avortements chirurgicaux et ils sont faisables que sur Poitiers ou Châtellerault. Dans la Vienne, pour les questions de délais, c'est plutôt bon, ça prend seulement quelques jours, mais ce n'est pas le cas dans tous les départements".

Selon vous, comment renforcer l'accès à l'avortement ?

"L'IVG reste, pour beaucoup, un acte qui n'est pas très noble. Pour les hôpitaux, ce n'est pas très rentable. En France, il existe une clause de conscience pour les médecins, c'est-à-dire qu'ils peuvent faire le choix de ne pas pratiquer l'avortement. On aimerait que cette clause soit supprimée parce qu'en Italie, à cause de cette clause, peu de médecins acceptent de réaliser des IVG. Ce qui est un énorme problème. Mais le plus important, ça reste l'accès à l'information concernant la sexualité, la contraception et l'avortement. De nombreuses femmes qui viennent au planning familial dépassent le délai parce qu'elles manquent d'informations sur le sujet, donc elles vont en Espagne, où le délai est plus long. Au planning, l'accès à ces informations fait partie de nos premiers combats. Une loi de 2001 impose trois séances d'éducation à la vie sexuelle et affective dans les écoles, collèges et lycées, mais c'est très loin d'être respecté. Cette éducation est pourtant essentielle parce que c'est parfois difficile de comprendre les risques, la contraception, la sexualité. Les réseaux sociaux ne facilitent pas les choses, il y a beaucoup de choses fausses qui circulent, mais quand on est adolescents, on est facilement influençables. Ces séances sont donc nécessaires".

Les permanences du planning familial de Poitiers sont le lundi de 18h à 20h au 20, rue du Fief des Hausses. 

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