Poitiers : des scientifiques confirment que "Toumaï" était bien un bipède

Toumaï est bien à ranger dans la catégorie des hominidés, c'est la conclusion d'une étude publiée dans la revue scientifique "Nature" par une équipe de chercheurs poitevins. Découvert au Tchad en 2001, le crâne de Toumaï remonte à 7 millions d'années, ce qui en ferait notre plus vieil ancêtre. Un fémur trouvé à proximité semble confirmer l'hypothèse d'un homme sur deux jambes.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Franck Guy enlève délicatement le papier bulle qui entoure un fémur et deux os d'avant-bras. Ce paléo-anthropologue de l'Université de Poitiers, a entre ses mains des os datant de 7 millions d'années. Il fait partie de l'équipe franco-tchadienne qui les a analysés. Sur ces trois éléments, l'os de la jambe a tout particulièrement été examiné, sous toutes ses coutures.

Ce fossile a été retrouvé en 2001, dans la zone de fouilles où l'on a découvert le crâne de Toumaï, notre plus vieil ancêtre connu. A l'époque, c'est aussi une équipe de chercheurs poitevins emmenés par Michel Brunet qui fait cette découverte majeure dans l'histoire du genre humain. 

Pourtant ce fémur n'est étudié que depuis 2017. Il a été longuement comparé à d'autres ossements de grands singes ou de fossiles humains. Pour Guillaume Daver, paléo-anthropologue et co-auteur de cet article, il n'y a aucun doute.

Sur les 23 caractères examinés, la très grande majorité est rattachée aux restes de fossiles humains plutôt que ceux des grands singes ou des chimpanzés.

Guillaume Daver, paléo-anthropologue à l'Université de Poitiers et co-auteur de l'étude

Franck Guy ajoute : "On a découvert que ces os-là, en tout cas pour leur morphologie interne et externe, étaient tout à fait comparables à ce que l’on connaît au sein de représentants fossiles du groupe humain et plus proches de notre groupe que du groupe des chimpanzés."

La bipédie, indice clé du caractère humain

Selon ces chercheurs, la bipédie de Toumaï, représentant des "sahelanthropus tchadensis", ne fait aucun doute. Et ce résultat permet d'avancer dans la recherche sur l'ancêtre de Toumaï.

L'origine commune entre les grands singes et l'homme est acquise, mais les interrogations demeurent sur le moment de la séparation entre les quadrupèdes et les bipèdes. 

Est-ce que notre ancêtre, que nous partageons avec les chimpanzés, était quadrupède uniquement ou est-ce qu’il était bipède ? Et à partir de quel moment les premiers humains ont acquis cette capacité à se déplacer sur les deux pattes arrières ? Avec cette découverte, on se rend compte que oui à cet âge-là, la bipédie était présente au sein de l’humanité.

Jean Renaud Boisserie, directeur de recherche au CNRS, Université de Poitiers

Cette étude publiée dans la prestigieuse revue Nature viendrait donc renforcer le côté humain de Toumaï.


Controverse au sein même de l'Université de Poitiers

L'Université de Poitiers se réjouit de cette publication prestigieuse.

Mais cet enthousiasme n'est pas unanime. Roberto Macchiarelli est aussi anthropologue à l'Université de Poitiers. Il a eu l'occasion d'observer ce fémur dès 2004, avec son étudiante Aude Bergeret. Tous deux pensent à ce moment-là que ce fémur est davantage celui d'un grand singe plutôt que d'un bipède. Pourtant ils ne rendent leur avis public qu'en 2018. La communication de Roberto Macchiarelli est refusée lors d'un colloque à Poitiers, le chercheur et son étudiante décident de médiatiser leur analyse.

Je dirais que, à mon humble avis, ce que j’ai vu et ce que je retiens ne me parle pas d’un bipède avéré mais plutôt d’un grand singe.

Roberto Macchiarelli, anthropologue à l'Université de Poitiers (interviewé en janvier 2018)

Le comité scientifique de la revue "Nature" lui a demandé, à lui comme à de nombreux autres experts, de relire l'article de l'étude franco-tchadienne. Cette fois encore, il émet beaucoup de réserves sur les conclusions. 

L’hypothèse de la bipédie n’était pas considérée comme un test mais comme quelque chose de déjà acquis, comme une connaissance formelle, et ils ont pris, sélectionné des morceaux d’informations pour la soutenir, même pas pour la valider.

Roberto Macchiarelli, paléo-anthropologue à l'Université de Poitiers

Ce chercheur et son assistante avaient eux même publié, il y a quelques mois une étude sur ce fameux fémur, ils y développent leurs arguments, opposés aux conclusions de l'équipe franco-tchadienne de leur propre université.

Alors Toumaï était-il un bipède du genre humain ?  La question n'est pas tranchée... Le débat sur l'origine de l'homme continue.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information