Invité dans le journal de France 3 Poitou-Charentes à l'occasion de la fête de la nativité, l'archevêque du diocèse de Poitiers réaffirme son souhait de voir ordonner prêtres des hommes mariés. Et évoque la honte liée aux abus sexuels commis par les hommes d'Eglise.
Lui a célébré deux messes de Noël en ce 24 décembre : la première pour les détenus et les personnels du centre de détention de Vivonne, la deuxième pour les fidèles de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers.
La pratique religieuse en général, et la fréquentation des offices religieux en particulier, sont en baisse depuis longtemps en France. Une tendance qui s'est encore accrue avec la pandémie.
La messe de Noël reste la plus fréquentée, mais ne fait pas oublier la désaffection des fidèles. Ni le manque de prêtres, qui a conduit Monseigneur Wintzer, archevêque de Poitiers depuis le 10 juin 2020, à se prononcer en faveur de l'ordination d'hommes mariés.
"Personnellement j'ai fait un choix et je m'y tiens. Mais je pense que des hommes mariés pourraient aussi être prêtres. C'est le cas dans certaines régions du monde, dans d'autres rites comme les rites orientaux, pourquoi pas chez nous."
Le rapport Sauvé et la honte
Quand la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église publie son rapport en octobre 2021, Mgr Wintzer se déclare accablé par l'ampleur du nombre de victimes. Au total, le rapport Sauvé estime à 330.000 le nombre de personnes victimes d’abus sexuels par des clercs, religieux, ou laïcs, dans les institutions religieuses entre 1970 et 2020.
Un an plus tard, l'onde de choc se poursuit au sein de l'Eglise : "Il y a une forme de honte à savoir, quand on est chrétien, que ces faits ont existé. Mais surtout que des personnes qui pouvaient savoir ont préféré ne pas écouter et ne pas défendre les personnes victimes. Cette honte, on la partage de manière collective. Comme évêque, comme responsable, on la porte davantage. Les personnes me disent leur colère face à l'inaction qui a pu être la notre. Il me semble que tout cela, la souffrance des victimes, la colère, la révolte sont autant de motifs qui nous conduisent à essayer d'agir au mieux."
Le 8 décembre dernier, Mgr Wintzer a suspendu un prêtre de la paroisse de Saint-Junien-en-Mellois qui venait de confesser des agressions sexuelles sur mineures lors de son ministère au Brésil dans les années 90.