L'affaire va être jugée par la cour d'appel de Poitiers à partir du lundi 24 avril. Christian Ruhaut est poursuivi pour "blanchiment et abus de faiblesse par sujétion psychologique". La justice lui reproche d’avoir été à la tête d’une mini-secte pendant plus de dix ans. Sa compagne, Catherine Brocq, est jugée pour complicité.
L'affaire du "gourou" de la Vienne est de nouveau devant la justice. Après un procès, en mai 2021, qui s'est soldé par une condamnation à quatre ans de prison ferme pour abus de faiblesse sectaire et complicité de blanchiment, Christian Ruhaut va être rejugé.
La cour d'appel de Poitiers va se pencher, à partir de lundi 24 avril, sur cette affaire hautement complexe.
Des dérives sectaires
L'homme, professeur de yoga, est soupçonné d'avoir été le gourou d'un groupe d'adeptes. Sa compagne, Catherine Brocq, aurait été complice.
Les faits reprochés ont été perpétrés pendant une dizaine d'années dans des propriétés à Lizant dans la Vienne et à Aumagne, en Charente-Maritime. Là-bas, un groupe d'élèves aurait été mis à l'épreuve lors d' "ateliers sexe", les conduisant à des rapports multiples, parfois avec des animaux, considérés comme de " simples pratiques libertines " selon les juges.
Les faits ont été révélés en 2016, lorsque deux femmes portent plainte.
Des pratiques sexuelles "imposées"
À l'époque, l'enquête révèle que ce professeur de yoga et sa compagne avaient imposé à une douzaine de personnes des brimades psychologiques de type sectaire avec violences physiques et pratiques sexuelles imposées. Le couple avait été interpellé à son domicile de la Vienne en mars 2016 avant d'être placé en garde à vue.
Pendant la perquisition qui avait suivi leur arrestation, les enquêteurs ont saisi d'importantes sommes d'argent ainsi que des courriers et supports vidéo qui ont permis de valider l'emprise spirituelle et psychologique que ce couple imposait aux adeptes de leur mouvement.
En mai 2021, en première instance, devant le tribunal judiciaire de Poitiers, la justice abandonne les accusations de viols et d'agressions sexuelles. La femme de Christian est relaxée. Le jugement ne satisfait ni les victimes, ni le parquet, ni la défense, qui fait appel de la condamnation du septuagénaire.
Litige financier trouble
Lors de l'enquête, des litiges financiers sont également soulevés. Christian Ruhaut est soupçonné d'avoir monté une société civile immobilière avec ce même groupe de personnes pour acquérir ses maisons à Aumagne en Charente-Maritime et à Lizant au sud de la Vienne.
Maisons dans lesquelles il aurait dû dispenser des cours de yoga, mais en réalité, il n'y en a eu aucun.
Le "Gourou" aurait par ailleurs bénéficié d'un logement gratuit et de parts dans une société civile et immobilière sans dépenser le moindre centime.
Lors de ce procès en 2021, Christian Ruhaut nie les faits et ne comprend pas de quoi on l'accuse. Il s'agit, pour son avocat Lee Takhedmit, en réalité, d'un simple litige financier.