Les Restos du Cœur 86 lancent leur premier camion de distribution alimentaire itinérant

Afin de desservir les zones blanches rurales qu’ils ont identifiées, les Restos de la Vienne peaufinaient leur nouvel utilitaire depuis quelques mois. Ce jeudi, un peu avant 8h, les bénévoles se sont enfin glissé derrière le volant pour ses premiers tours de roues dans la campagne poitevine.

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Les Restos du Cœur de la Vienne ont le plaisir de vous annoncer la naissance de leur petit dernier, ce jeudi 18 février. D’un poids de 3,5 tonnes, le 17ème centre de distribution alimentaire vient de s’élancer sur les routes du département.

Malgré qu’on ait des centres en milieu rural, nous avions identifié des zones blanches qui ne sont couvertes par aucune association. Là on est dans le Nord de la Vienne, mais on a ciblé d’autres besoins et on travaille déjà à un circuit dans le sud du département.

Sylvie Moriceau, présidente des Restos du Cœur 86

De voir le nombre d’inscriptions gonfler sous l’effet de la crise sanitaire, l’idée d’un camion de distribution alimentaire itinérant s’est rapidement imposée. Une cagnotte en ligne lancée au mois de novembre a permis de réunir le gros du budget de 42 000€, les chèques "petits mais nombreux" qui leur sont parvenus, permettant de boucler le financement.

Nous inscrivons actuellement 150 personnes supplémentaires chaque semaine dans la Vienne, sans compter les bébés. Beaucoup de personnes seules, et des adultes avec enfants. Les étudiants viennent maintenant de façon beaucoup plus régulière, et nous avons aussi de plus en plus de retraités qui étaient à la limite et pour lesquels ça ne passe plus. Des auto-entrepreneurs viennent vers nous également, beaucoup de personnes qui travaillaient dans la restauration. En ville c’est plus facile de venir nous voir, alors qu’en milieu rural, les personnes sont souvent coincées pour se déplacer. Alors on a pris le parti d’aller à leur rencontre.

Sylvie Moriceau, présidente des Restos du Cœur 86

Flambant neuf, équipé d’un petit frigo et bardé d’étagères, le camion a donc pris la route de Vicq-sur-Gartempe, première étape de ce premier périple, avant de rejoindre Archigny en fin de matinée. Seuls prérequis négociés auprès des mairies, une ligne électrique pour brancher leur frigo et une connexion internet pour pouvoir procéder aux nouvelles inscriptions. Ainsi qu’un local un peu excentré si possible, pour préserver un semblant de discrétion.

J’ai accepté volontiers quand les restos nous ont contacté pour venir procéder à des distributions alimentaires. Je suis très content parce que je sais que sur la commune, il y a des gens en difficulté, qui ont des besoins sans doute. Et la pandémie a aggravé la situation de certaines familles qui se retrouvent à leur tour dans la précarité, ce qui n’était pas forcément le cas auparavant.   

Jacky Roy, maire d’Archigny

"Le coeur des Restos, il est là"

Avant de procéder à la distribution, une inscription est de rigueur, prétexte à un moment d’échange avec les personnes bénéficiaires pour apprendre à se connaître, en s’efforçant de saisir les problèmes auxquels elles sont confrontées pour éventuellement leur proposer des solutions.

Le but, c’est l’humain. Ce matin on a essuyé des larmes et on a eu des sourires. Ce sont sensiblement les mêmes problématiques qu’en ville, mais comme on accueille moins de personnes en même temps, on a beaucoup plus de temps pour échanger. C’est une autre approche, vraiment très enrichissante. Et le cœur des Restos, il est là, hein !?

Sylvie Moriceau, présidente des Restos du Cœur 86

Les bénéficiaires sont soulagés de la venue des Restos dans leur village.

Ça arrange pas mal de monde. Moi j’ai recours depuis deux ans à l’épicerie solidaire de Pleumartin et ça m’aide beaucoup. On vit à deux sur ma petite pension. Ça couvre un certain nombre de frais, mais pour manger c’est juste. Même en faisant mes courses dans les enseignes les moins chères, le besoin d’une aide alimentaire est là depuis plusieurs années maintenant.    

Jean Louis, bénéficiaire aux Restos du Cœur

Une fois que les personnes sont inscrites, la distribution peut commencer.

Elles viennent sur le côté du camion chercher leur nourriture. Du lait, des œufs et de la farine, des plats cuisinés et des conserves de légumes, des fruits et plein de légumes issus de la ramasse. On peut aussi proposer des yaourts et du fromage qu’on a dans notre petit frigo et s’il y a des bébés, des compotes et de la lessive. Tout ce qu’il faut pour les réconforter pendant deux ou trois jours. 

Monique Dupuis, bénévole aux Restos du Cœur 86

Mais si les échanges ont été riches, seules trois personnes se sont présentées pour s’inscrire à Vicq-sur-Gartempe. Et à Archigny, aucune. Les bénévoles des Restos qui avaient prévu 90 colis, sont un peu dépités.

"Ah mais ça commence comme ça ! " 

"Il n’y a rien d’étonnant, c’est normal qu’il n’y ait que très peu de monde au début ". Jean Paul Laval est le président des Restos de Charente-Maritime, et ça fait déjà quatre ans qu’ils ont mis en place leur propre camion itinérant. Deux jours par semaine, il sillonne les routes du département, desservant quatre villages.

Au début, il y avait ce que j’appellerais de la vergogne, c'est-à-dire une forme de honte d’être vu à aller aux Restos, dans un petit village où tout le monde se connait. Mais petit à petit, le bouche à oreille a fait son œuvre, en positif, et ça s’est décontracté. C’est juste un temps d’adaptation au-delà duquel les choses se fluidifient. Quand on s’est lancé, on avait constaté que la fréquentation doublait tous les mois, de sorte qu’au bout d’un an, on a fini à une petite centaine d’inscrits. Et depuis,;; on en est rendu à 250 personnes accueillies chaque semaine.  

Jean Paul Laval, président des Restos du Cœur 17

Contacté par ses collègues poitevins pour profiter de son expérience, il leur a livré son secret.

C’est l’accueil. On s’efforce de le rendre chaleureux, autour d’un café et de petits gâteaux. C’est ça qui a fait le succès de notre camion itinérant. Je dirais que l’aide alimentaire, c’est l’entrée. Mais ce qui nous intéresse aux Restos, c’est d’essayer de chercher avec la personne, si elle le souhaite, les raisons qui l’ont poussée à venir au camion itinérant, pour l’orienter vers l’interlocuteur qui pourra l’aider. La pauvreté dans les campagnes est beaucoup plus silencieuse, beaucoup plus discrète, invisible même, mais bien réelle.  

Jean Paul Laval, président des Restos du Cœur 17

La semaine prochaine, le camion itinérant de la Vienne reprendra la route, poussant cette fois jusqu’à rallier Saint Germain, un troisième village visité à la suite des deux premiers. A terme, six communes rurales devraient ainsi être desservies. "On démarre, et petit à petit on va monter en puissance". Sylvie Moriceau compte d’ailleurs doubler la mise sous peu. Un deuxième camion itinérant est d’ores et déjà dans les tuyaux, dédié cette fois aux services à la personne.

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