Une centaine de salariés du secteur social et médico-social a manifesté dans les rues de Poitiers ce mardi 29 novembre. Entre colère et lassitude.
"À ceux qui veulent privatiser le social, les salariés répondent : résistance !" Une centaine de salariés du secteur social et médico-social a manifesté ce mardi dans les rues de Poitiers à l'appel du collectif "Les broyés du social" et des syndicats Sud et Cgt.
Alors que les négociations pour élargir le versement de la prime Ségur s'enlisent, la mobilisation avait pour but de faire pression sur le gouvernement.
"Nos conditions de travail se sont dégradées" explique Charlotte Morlot, déléguée syndicale Sud. "On travaille avec des salaires qui n'ont pas été revalorisés depuis plus de vingt ans. Avec l'inflation, on arrive à des sommes misérables." Dans le cortège, la plupart revendiquent de percevoir les fameux 183 euros par mois accordés au personnel soignant à la suite de la crise sanitaire.
On n'a pas le Ségur alors qu'on a un emploi essentiel. On est exclu et on ne comprend pas pourquoi.
Sandie Lauras, manifestante
"On a une très grosse charge de travail et on ne sent pas remerciés" proteste Sandie Lauras. Comptable au sein de l'association Tremplin 17 qui emploie une trentaine de salariés à Saintes, elle manifeste pour la première fois. "On n'a pas le Ségur alors qu'on a un emploi essentiel. On est exclu et on ne comprend pas pourquoi".
Les gens ne se rendent pas compte de notre importance dans le pays
Charlotte Morlot, déléguée syndicale Sud
"On ne parle jamais de nous"
"Exclus du Ségur". Dans le cortège, l'expression revient souvent. "On veut faire entendre nos revendications mais aussi se faire voir auprès de la population" argumente Charlotte Morlot. Beaucoup disent souffrir d'un manque de reconnaissance généralisé. "Les gens ne se rendent pas compte de notre importance dans le pays, mais si nous ne sommes pas là, qui va s'occuper des personnes en situation de handicap et des exclus ?"
C'est un scandale. Où vont aller ces gamins ?
Benoit Gadeau, délégué CGT IDEF
Une interrogation partagée par les salariés de l'Institut départemental pour la protection de l'enfance, présents eux aussi au sein de la manifestation. La structure fermera trois de ses sites prochainement, avec à la clé la suppression de 63 places d'accueil pour les enfants en difficulté. "C'est un scandale. Où vont aller ces gamins ?" questionne Benoit Gadeau, délégué CGT au sein de la structure.
"Les jeunes qu'on accueille, on en sait pas quoi leur dire" renchérit Magali Sudret. Éducatrice depuis 2016, elle hésite entre incompréhension et colère. "On ne parle jamais de nous alors qu'on accueille des enfants en maltraitance, qui ont besoin de nous. Et aujourd'hui, on ferme nos structures."