Dans la Vienne, la préfecture a mis en place l'an passé un programme pour aider les jeunes femmes à sortir de la prostitution. Un seul dossier, celui de Happy, a été accepté jusqu'à présent.
Elle n'a jamais aussi bien porté son prénom. Happy (heureuse en anglais) nous reçoit, le sourire aux lèvres.
La jeune femme d'origine nigériane a obtenu il y a quelques jours son autorisation de séjour, au terme d'un long parcours. "Enfin, ça y est, je l'ai ! Je peux trouver un travail, aller à l'école, je suis vraiment contente".
Seule bénéficiaire
Dans son refuge, situé quelque part dans la campagne poitevine, loin de son proxénète, Happy peut commencer sa nouvelle vie après des années d'esclavage sexuel sur les trottoirs de Poitiers.
Âgée de 22 ans, elle est, à ce jour, la seule à avoir bénéficié du programme de sortie de la prostitution, prévu par la loi du 13 avril 2016 et mis en place l'an passé par la préfecture de la Vienne.
Manque de moyens
D'autres jeunes femmes demeurent, elles, dans l'incertitude. Elles sont plusieurs, victimes des réseaux nigérans comme Happy, à être accueillies chez une militante de l'association "Les Madeleines".
"Il fallait bien trouver une solution, il y a un tel manque " de moyens, raconte Elsa qui n'imaginait pas laisser ces jeunes femmes "dans une situation de terreur permanente", aller au 115 le soir, attendre que ça rouvre toute la journée.
Des dizaines d'appels
L'association "Les amis des femmes de la Libération" reçoit chaque jour de nombreux appels à l'aide de prostituées, qui rêvent de quitter le trottoir, d'un abri, d'une vie en règle : "des dizaines de jeunes femmes dans le désarroi le plus complet (...) et dont les papiers administratifs sont de plus en difficiles" à obtenir, explique Colette. Au niveau national, 56 prostitué(e)s ont bénéficié de ce parcours de sortie de la prostitution. La secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, table sur un objectif de 600 bénéficiaires pour 2018.
Florence Briol, présidente du centre d'information sur les droits des femmes - CIDFF 86 sera l'invitée du journal régional à 19h.
Un dispositif peu connu
Outre une autorisation provisoire de séjour de six mois (renouvelable trois fois), le parcours de sortie de la prostitution (PDS) comprend notamment une allocation de 330 € par mois, une aide au logement, des cours de français, un suivi médical et psychologique ainsi que l'accès à la formation professionnelle.Le dispositif est soumis à l’avis de chaque préfet et de sa commission départementale après examen de la candidature.
Selon les chiffres recueillis par le quotidien Libération, seules 16 commissions départementales ont déjà mis en place des parcours de sortie.
En Nouvelle-Aquitaine, cela concerne la Gironde, la Vienne et la Haute Vienne.