Depuis quelques jours, le principal axe routier à l'Est de Poitiers n’est plus réservé aux automobiles et aux bus. Les vélos y ont désormais accès, mais rendant cette ancienne voie rapide extrêmement dangereuse.

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La transformation de la voie rapide d’accès au centre-ville de Poitiers date d’il y a quelques mois seulement, en pleine campagne des élections municipales. Comprenant que les questions environnementales allaient monopoliser le débat, Alain Claeys a voulu faire vite.

Mais au fur et à mesure que les travaux d’aménagement de cette pénétrante progressaient, l’inquiétude et la grogne montaient aussi bien chez les automobilistes que les cyclistes, et même des chauffeurs de bus Vitalis.
De fait, les changements d’habitude sont toujours un danger quand il s'agit de circulation routière. Mais la mise en place des nouvelles pistes cyclistes sur cet axe pose clairement quelques problèmes.
 


Le plus flagrant, c’est la pose de panneaux Stop pour les voitures et les bus à chaque bretelle d’accès pour  les vélos.
Les voitures, coupées dans leur élan, doivent s’arrêter avant d’accéder à l’ancienne voie rapide (limitée désormais à 50 km/h au lieu de 80).

Autre problème, la visibilité est souvent quasi nulle pour apercevoir un éventuel cycliste arivant par derrière. Problématique également, la place que prennent les bus lorsqu’ils doivent accéder - à leur tour - à la pénétrante, bloquant (à cause du Stop) la voie réservée aux vélos.

Bref, un rendu brouillon et quelque peu dangereux même si, au départ, l’idée était bonne.
Seulement, à vouloir faire très (trop ?) vite pour cause électorale, le résultat n’est pas à la hauteur des attentes de chacun des utilisateurs de la pénétrante.

De son côté, la nouvelle municipalité menée par Léonore Moncond’huy préfère attendre un peu, avant de voir ce qu’il faut changer.
« Au mois d’octobre, nous aurons assez recul pour évaluer ce dispositif », nous assure la nouvelle maire, qui rappelle également que Poitiers Collectif n’était pas très chaud pour cette configuration de la pénétrante.

Il est vrai qu’une autre option est envisageable : réserver une de ces doubles voies pour les automobiles et bus, l’autre pour les deux roues. Une idée qui avait été étudiée sous la gouvernance d’Alain Claeys, mais qui s’est révélée « trop coûteuse », selon une source proche du dossier.
Le problème, c’est l’accès à la pénétrante. Avec ce système de double voie reservée et non partagée, il faut multiplier par deux le nombre d’échangeurs. A quelques semaines des élections municipales, c'était tout simplement inenvisageable. C’est la raison pour laquelle la solution de voies partagées a été retenue. Beaucoup moins coûteuse, mais  plus dangereuse.
 

Il faudra donc attendre d’ici la fin de l’année pour savoir ce qu’il va advenir de cette pénétrante. Statu quo ou mise en place de vraies infrastructures sécurisées dédiées aux vélos ?
Il s’agit d’un véritable choix politique. Eléonore Moncond’huy sait qu’elle est très attendue sur la mobilité mais aussi sur la fiscalité à Poitiers et que chaque nouvelle dépense publique sera scrutée à la loupe.

Une autre question se pose : la pénétrante vaut-elle autant d’attention ? N’y a-t-il pas d’axes plus urgents à sécuriser pour les cyclistes (Centre-ville/campus universitaire, par exemple) ?
Quid de la communauté urbaine de Grand Poitiers ? Quel droit de regard aura sa nouvelle présidente, Florence Jardin, sur ce dossier ? Cette dernière, prudente, ne s'est pas trop étendue sur ce sujet ce jeudi soir, alors qu'elle était l'invitée du journal régional de France 3 Poitou-Charentes. Elle a seulement déclaré que "toute expérimentation est intéressante". Le dossier semble donc bel et bien incomber surtout à la nouvelle équipe municipale de Poitiers.


Pour le moment, peu de cyclistes empruntent la pénétrante. Pourtant, après l'avoir essayée dans les deux sens à vélo, il faut admettre que le confort est réel pour les vélotafeurs (ceux qui prennet leur vélo chaque jour pour aller travailler, NDLR), ou pour les cyclistes occasionnels, à condition de posséder un vélo à assistance électrique (VAE) ou d'avoir de bons mollets (dans le sens de la montée, bien sûr). Attention toutefois aux intersections. Même s'ils sont prioritaires, les vélos ont intérêt à freiner et bien regarder si une voiture se présente sur la voie (anciennement) rapide.



 

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