En janvier dernier, les personnels des maisons de retraite s'étaient déjà mobilisés pour demander une revalorisation des salaires et une augmentation des effectifs. Six mois après, les revendications sont les mêmes et ont été accentuées par la crise du Covid que les agents ont affrontée chaque jour.
Les salariés de l'Ehpad des Feuillants à Poitiers sont en grève depuis ce mardi 30 juin. Leurs revendications rejoignent celles des personnels hospitaliers et des soignants qui ont manifesté aujourd'hui dans toute la France alors que se poursuit le "Ségur" de la santé lancé par le gouvernement.
Revalorisation des salaires, hausse des effectifs et manque de reconnaissance professionnelle, les raisons du mécontentement sont désormais connues de tous mais elles restent encore sans réponse.
Prime Covid et hausse des salaires
A Poitiers, l'Ehpad des Feuillants appartient au groupe privé Vivalto Santé, qui est le troisième groupe de l'hospitalisation privée en France.Aujourd'hui, une cinquantaine de salariés des Feuillants a répondu à l'appel à la grève lancé par les syndicats pour exprimer leur colère et leur profonde lassitude face à la situation.
"On a un personnel qui est à bout de souffle, qui n'en peut plus et qui n'a pas assez de moyens pour les résidents. Et financièrement, on travaille au SMIC, on n'a aucune prime, on n'a pas de 13ème mois" explique Alexa Muenimanu, la déléguée CGT de l'Ehpad des Feuillants.
S'ajoute à ces revendications, le versement de la prime Covid que les personnels réclament mais n'ont pas encore touchée.
C'est en cours, répond la direction de l'établissement qui dit même aller plus loin que ce que l'Etat propose en compensant l'écart de 500 euros annoncé entre les zones rouges et les zones vertes. 1.500 euros qui sont promis mais que les salariés attendent toujours.
Patience, répond en substance la direction.
"L'Etat va la verser en juillet donc nous aussi, on va la verser en juillet. L'Etat va financer la plupart de cette prime et en juillet, le personnel en aura la totalité" affirme Bernard Foussat, le gérant de l'Ehpad des Feuillants.
Sur la question de la hausse des salaires, la direction explique aussi ne pas avoir la maîtrise de la décision puisqu'ils sont figées dans un cadre conventionnel. "Cela dépend des accords de branches et donc de ce que veut faire l'Etat au niveau des salaires." explique Bernard Foussat.
"On n'a pas laissé entrer le Covid"
Salariés et grévistes, en revanche, se rejoignent sur un point. Tous expriment leur grande satisfaction d'avoir traversé la crise du Covid au mieux pour leur établissement puisqu'il n'a pas compté de malade parmi ses résidents. "Les équipes ont été sans faille" reconnaît Bernard Foussat. A quel prix, répond Alexa Muenimanu, la déléguée CGT. "On n'a pas laissé entrer le Covid. On a pris sur notre vie personnelle, ne pas côtoyer de gens, bien se protéger mais aujourd"hui, on n'en peut plus financièrement, on n'est pas reconnus."Une réunion entre les grévistes et la direction de l'établissement a eu lieu à la mi-journée mais elle n'a pas débouché sur un accord. Les salariés ont voté la poursuite de la grève pour demain, mercredi 1er juillet.
Reportage d'Anne-Marie Baillargé et Laurent Gautier :