Plusieurs fois par décennie, la Réserve Naturelle du Pinail procède à des opérations de brûlis dirigés. Cette technique est utilisée comme d'autres méthodes de gestion du site pour régénérer la biodiversité. Elle sert également à devancer les incendies.
Onze hectares de la réserve naturelle en flamme, mais sous contrôle. Ce n'est pas le fruit du hasard, c'est même un savoir-faire bien rodé, et une méthode qui ne date pas d'hier.
Ils ont bénéficié de brûlis dirigés ce samedi 30 septembre. L'objectif est de donner un nouvel élan à la biodiversité, d'éviter l'envahissement de certains végétaux dans la forêt et de diminuer le risque de propagation trop rapide des flammes en cas d'incendie.
Les brûlis sont dirigés, ciblés et encadrés par une équipe d'une quarantaine de pompiers présents à titre préventif.
Après une première étape samedi, d'autres brûlis sont prévus sur une surface de neuf hectares ce dimanche. Il faudra pour cela des conditions climatiques idéales.
"Nous sommes en relation avec le SDIS 86 et nos collègues brûleurs afin de sécuriser ce brûlis. Nous attendons le moment idéal. Il faut que la végétation soit sèche, qu'il n'y ait pas trop de vent pour pouvoir maîtriser l'incendie et qu'il ne dépasse pas les surfaces que nous souhaitons brûler" confie le commandant Anthony Gondouin, responsable de la sécurisation du site.
Pour la réserve, les intérêts sont multiples. Mais il est aussi essentiel de prendre des précautions.
Tôt dans la matinée, les équipes ont effectué des opérations d'effarouchement pour éloigner les oiseaux : "C'est favorable à la biodiversité qui va être régénérée. On est sur une réserve naturelle. Si on utilise le feu, c'est qu'il y a du bénéficie, que les actions sont favorables. Les effets positifs ne sont pas immédiats, mais visibles sur les années qui suivent. Quelques invertébrés succombent, mais ces opérations sont faites après la saison de reproduction, ce qui limite les impacts" confie Nicolas Lelarge, conservateur de la réserve naturelle du Pinail.
Une réserve exceptionnelle
Le projet de création de la Réserve Naturelle a vu le jour le 30 janvier 1980, lorsque l’Office National des Forêts a entamé la replantation en résineux sur le site.
Les associations de protection de la nature (SEPNEV, ancienne appellation de Vienne Nature et le Groupe Ornithologique de la Vienne dont est issue la LPO Vienne) ont élaboré le dossier de création sur les 135 hectares des 800 du Pinail qui se trouvent sur la commune de Vouneuil-sur-Vienne, en partenariat avec les élus locaux et avec le soutien des habitants.
Le tout sur un site de lande à mares exceptionnel en France et dans le monde, façonné par la main de l’homme pendant plus de 1000 ans.
Le brûlis, c'est quoi ?
Le brûlis dirigé est un moyen traditionnel ancestral. Historiquement, il avait lieu de manière plus aléatoire qu’actuellement.
Cette méthode est favorable à certaines espèces : "Les espèces structurantes des brandes sont « pyrophytes », elles ont besoin que leur graine soit soumise à une très forte chaleur pour pouvoir germer. Seul le feu permet cette émergence d’espèces pionnières" précise Kévin Lelarge.
Les brûlis se déroulent entre l'automne et l'hiver et demandent une préparation préalable.
Dès la fin de l’hiver, une première coupe périmètrale sur une bande de 10 mètres est effectuée autour de la future zone à brûler, servant de pare-feu.
Un second passage à la motofaucheuse est effectué en fin d’été pour laisser le moins de prise possible au feu. Le jour du brûlis, des agents de GEREPI (association créée en 1987 pour la préservation des lieux) se positionnent contre le vent et allument : le pare-feu va ainsi être brûlé et une partie de la lande va se consumer lentement, élargissant ainsi la zone sécurisée.
Une fois ce premier front de flammes réalisé, les agents poursuivent chacun dans un sens sous le vent pour créer un deuxième front de flammes rapides qui viendra mourir sur le premier.
Les deux feux vont s’éteindre l’un sur l’autre.