TEMOIGNAGES. Accoucher à domicile. Un choix ou une contrainte due aux fermetures des maternités ?

Comment vivent les mamans, avant, pendant et après leur grossesse, à plus de 50 km de la première maternité ? Comment se préparent-elles ? Nous avons rencontré plusieurs d'entre elles.

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Dans l’est de la Vienne, il y a près d’une semaine, une maman d’Antigny accouche à la maison. La première maternité se trouve à plus de 40 minutes de chez elle. Accoucher peut vite devenir un casse-tête. À l’approche de l’événement, les inquiétudes sont nombreuses pour ces familles qui habitent loin. Caroline a quatre enfants. Deux sont nés au Blanc (36-Indre), une maternité qui a fermé en 2018. Le troisième est né à Poitiers, et Saori, la petite dernière qui a tout juste une semaine, à domicile.

Un choix cornélien

Durant toute sa grossesse, Caroline a été partagée entre accoucher à la clinique ou à la maison. Mais le choix est plus compliqué que cela, car il faut choisir entre un accouchement programmé et donc déclenché, soit un accouchement à domicile, mais avec des risques sanitaires. "Je tiens à mes accouchements tout en douceur, naturels et non surmédicalisés, branché de partout alors que je suis capable de le faire, explique la jeune maman. C’est pourquoi j’ai choisi de rester ici". Elsa se prépare à accueillir son troisième enfant, mais le déclenchement lui a été refusé par la clinique du Fief de Grimoire de Poitiers. Pourtant, c’est à 45 minutes de route. "Je suis un peu stressée, je redoute d’accoucher à la maison, sur le canapé" avoue la mère de famille.

Ces deux femmes auraient dû accoucher à la maternité du Blanc, fermée en 2018. Poitiers, Châtellerault, Limoges, quelquefois, Châteauroux, Le Blanc, la première maternité est toujours à plus de 50 km… 1 h de trajet.

Kristel nous raconte qu'elle, a eu la peur de sa vie en allant accoucher à Châtellerault. "On s’était préparés à accoucher dans la voiture, on est partie avec des serviettes, des sacs-poubelle, un kit de pinces à clamper, et on est livrés à nous-même, regrette Kristel. Nous, les femmes, on galère pendant toute cette heure de trajet et le papa, il est en stress sur tout le temps du trajet. Il doit assurer la conduite, s’assurer que sa femme aille à peu près bien pour savoir s'il faut s’arrêter ou pas".

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À cette époque, c’est quand même dingue de devoir accoucher dans des conditions pareilles.

Kristel

mère de famille

À côté de l'ancienne maternité du Blanc (Indre), quelques traces rouillées sont visibles, comme des souvenirs de ces médecins qui ont déserté les lieux. Les vestiges de la maison médicale et cette stèle est le symbole de la lutte des familles, il y a cinq ans, à la mémoire des territoires ruraux abandonnés par la médecine.

C’est un énorme gâchis.

Gildas Yaouanc

cardiologue, ancien responsable de l'unité de soins continus du Blanc.

"Quand on se rend compte qu’il y avait un pédiatre à temps plein, une permanence de pédiatrie, une permanence de gynéco, une permanence de cardio, et aujourd'hui, il n’y a quasiment plus de pédiatrie", regrette le professionnel.

Le Blanc, une fermeture programmée depuis plus d’une décennie

Le 2 décembre 2011, 5 000 personnes dans la rue. La maternité du blanc est menacée de fermeture avec moins de 300 accouchements par an. L’hôpital accuse un déficit chronique. Un comité de défense est créé et enchaîne les actions, en Brenne mais aussi à l’ARS à Orléans, et même à Paris. En février 2012, le ministre de la Santé Xavier Bertrand accorde un sursis. Au 1ᵉʳ janvier 2017, la fusion avec le centre hospitalier de Châteauroux est actée. La direction tient un discours rassurant.

Fausses promesses pour les usagers, les élus et les soignants qui ne voient pas arriver de renforts ni de budget. Les manifestations s’enchaînent.

Le 5 juin 2018 au soir, Annick Gombert, Maire du Blanc, reçoit un appel de l’Agence Régionale de Santé pour lui annoncer la fermeture du service de maternité pour juillet et août. La direction de l’hôpital Châteauroux-Le Blanc n’arrive pas à recruter de personnel soignant.

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Pallier les fermetures

L’Agence régionale de santé a ouvert sept centres périnatals. "Nous avons aussi développé un dispositif depuis 2019 qui a pour objet de prendre en charge le transport et les nuitées" concluait Samuel Pratmarty, directeur de l'offre de soins de l'Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine.

Depuis 2015 en Poitou-Charentes, quatre maternités ont fermé leurs portes, et 88 femmes ont accouché à domicile en urgence.

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