Témoignages. "Ça me fout la trouille" : victimes d'un AVC, deux malades racontent ce qui leur est arrivé

Publié le Écrit par Paul Grelier et Stéphanie Vinot

Ce mardi 29 octobre est la journée mondiale de l'AVC. Nous avons rencontré deux patients du CHU de Poitiers. Ils nous racontent comment est survenu leur accident vasculaire cérébral.

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En France, environ 140 000 personnes sont victimes d'un AVC chaque année, selon l'Agence régionale de santé d'Île-de-France. L'accident vasculaire cérébral est également la troisième cause de mortalité dans le pays. L'AVC peut survenir à tout âge : ces dernières années, le nombre de personnes jeunes affectées par cet accident a augmenté de manière significative, selon l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale).

"Je ne suis pas stressé, je ne fume pas… Je ne sais pas ce qu'il s'est passé"

C'est le cas de Matthieu Jayle, victime d'un accident vasculaire cérébral il y a cinq jours. Âgé de 50 ans, il partait au travail. Un caillot de sang a provoqué cet AVC : "en descendant de l'escalier de chez moi, je ne pouvais plus avancer, je suis resté bloqué. Ma femme est venue à mon secours. Les pompiers sont venus dans un premier temps, puis ils m'ont transporté à l'hôpital. Entre le moment où c'est arrivé et ma venue à l'hôpital, cela a duré une heure."

Pris en charge rapidement par l'équipe du centre hospitalier, Matthieu Jayle n'aura pas de séquelles. "J'ai fait un AVC, mais on ne connaît pas encore les causes. J'ai encore plein d'examens à faire." Avant de le sortir de sa chambre d'hôpital, le personnel soignant doit déterminer l'origine de cet accident pour lui donner le bon traitement.

Il ne fume, ne boit pas, n'a pas d'antécédents familiaux. Avoir été victime de cet AVC le perturbe : "pour ma part, je trouve que c'est inquiétant. Je ne suis pas stressé, je ne fume pas... Je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Aujourd'hui, je me sens faible, mais ça va, je suis confiant quand même", avoue-t-il.

"Je fumais trente cigarettes par jour"

Ancien agriculteur aujourd'hui à la retraite, Jean-Pierre Vion, 70 ans, a été, lui aussi, victime d'un AVC. C'est ramassant du bois avec son beau-frère que l'accident vasculaire cérébral est survenu. "On avait fini, puis, d'un coup, j'ai senti une douleur dans mon mollet gauche. Je me suis dit que c'était une déchirure. Le lendemain, je ne me sentais pas mal, mais je sentais que j'avais perdu de la mobilité au niveau du bras et de la jambe. Le jeudi, comme ça n'allait pas mieux, je suis allé voir mon médecin qui m'a directement dit qu'il fallait que j'aille aux urgences. Il m'a dit :'vous avez fait ou vous faites un AVC'. J'avais un côté du visage qui était déformé."

Une fois à l'hôpital, et après plusieurs examens, le corps médical lui ont expliqué que cet accident est dû à un anévrisme derrière la tête qui comprimait un petit vaisseau, qui a provoqué une paralysie du côté gauche, notamment au niveau de mâchoire et du bras. "Dans un sens, je m'en sors pas trop mal parce que je n'ai pas trop de séquelles, à part la perte de la mobilité. Je n'ai pas eu d'hémorragie, mais il y a un moment où le cerveau n'était pas irrigué. Ça me fout la trouille, je vais devoir revoir mon hygiène de vie. Je fumais trente cigarettes par jour. J'ai décidé de prendre l'engagement d'arrêter complètement." Tiré d'affaires, il espère que cet accident ne lui arrivera plus. "Il faut faire très attention, et ne surtout pas attendre. Je remercie le CHU et tout le corps médical. Je suis très content", avoue-t-il.

Savoir reconnaître les signes d'un AVC pour agir V-I-T-E

Plusieurs facteurs peuvent engendrer un accident vasculaire cérébral : avoir du stress, la consommation de tabac, la consommation d'alcool, la pollution de l'air ou encore de l'hypertension artérielle. "On n'en parle jamais assez", estime Pr Nathalie Nasr, neurologue au CHU de Poitiers. "L'hypertension artérielle va doubler tous les autres facteurs de risques cardio-vasculaires que l'on connaît comme le diabète ou le cholestérol. Après 40 ans, il faudrait que tout le monde fasse prendre sa pression artérielle au moins une fois par an." Pour éviter l'hypertension, il faut éviter de manger trop salé. "Il faut limiter la nourriture transformée et les plats industriels. Certaines personnes peuvent ingérer jusqu'à 12 g de sel par jour alors que l'on n'en a pas besoin."

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Les premiers signes d'alerte comme "la paralysie d'un bras, des problèmes pour parler, des problèmes pour voir d'un côté, la paralysie faciale" ne durent que quelques minutes. Mais ce n'est pas pour autant qu'il ne faut pas agir vite : "quand on sait que la moitié des AVC vont arriver après des signes d'alerte qui ont eu lieu dans les 24 ou 48 heures, il y a intérêt à venir aux urgences. Grâce à cela, on évite entre 50 et 80 % d'AVC qui vont suivre. Plus on fait vite, plus on peut ramener le patient à son état d'avant", ajoute Nathalie Nasr, neurologue au CHU de Poitiers.

Il est important de reconnaître les signes d'un AVC. L'acronyme V-I-T-E a été créé afin d'aider la population à agir dans les plus brefs délais :

  • V pour visage : lorsqu'un AVC survient, les muscles du visage perdent leur force, souvent d'un seul côté
  • I pour incapacité : les personnes victimes d'un AVC ressentent une faiblesse d'un côté du corps, notamment le bras
  • T pour trouble de la parole : la personne peut avoir des difficultés de parler, voir d'entendre ce que les autres personnes disent autour d'elle.
  • E pour extrême urgence : il faut appeler le 15, le 18 ou le 112 sans attendre
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