Du fait de son classement au patrimoine mondial de l'Unesco, l'abbaye de Saint-Savin bénéficie d'une protection spécifique avec le principe de covisibilité. D'après la décision du Conseil d'État, cela devrait mettre à mal le projet de parc éolien à 15 km du bâtiment. Un soulagement pour les opposants.
C'est un coup d'arrêt pour un projet de longue date : le parc éolien de La Bussière. C'est le Conseil d'État qui a mis fortement en péril le projet de placer six éoliennes allant de 170 à 180 m de haut dans une zone agricole. Et pour cause, l'abbaye de Saint-Savin, classée au patrimoine mondiale de l'Unesco, est protégé par la loi et le principe de covisibilité. Pour les associations de défense de l'environnement et le maire de la commune, opposés au projet, c'est le soulagement.
Une zone de protection pour l'abbaye de Saint-Savin
"Vu l'argent que tout le monde y met : l'État, la région, le département, la communauté de commune et même la commune, on peut respecter le fait qu'un règlement existe", considère Hugues Maillet, le maire Saint-Savin. Il se réjouit : "Cela confirme que l'abbaye que l'État s'engage pour cette protection."
L'abbaye de Saint-Savin et sa flèche de 77 m de haut sont protégés. Impossible d'y installer des éoliennes visibles depuis le monument. Et ce règlement est très encadré, car l'Unesco exige que le patrimoine soit transmis dans son état actuel. "Ce n'est pas quelqu'un qui va se mettre à un endroit et dire si on voit ou non des éoliennes. Ce sont des calculs qui sont faits, en partant de la hauteur d'homme et de la hauteur de la flèche, si cette covisibilité existe, il y a une interdiction", précise l'édile.
Dans la Vienne, déjà 103 éoliennes
La décision du Conseil d'État ravie également les associations de défense de l'environnement, premières opposantes au projet éolien. Le maire Hugues Maillet salue leur engagement : "Ce sont elles qui ont porté la défense du périmètre de protection de l'Abbaye." Mais pour Hervé Le Coz, président de l'association de défense de l'environnement de Paizay et des alentours (Adepa), l'installation des éoliennes posait bien d'autres questions. "Le dossier avait aussi des défauts sur la biodiversité, sur les espèces protégées, sur les zones humides, sur le sous-sol, énumère-t-il. Mais l'Unesco a été un bon argument et c'est très bien."
"Le site était juste à côté d'une zone natura 2000, le long de la vallée de la Gartempe avec des colonies de chauve-souris, des espèces protégées de rapaces, une zone de passage d'oiseaux migrateurs, de grues cendrées", appuie Hervé Le Coz. D'autant plus que les éoliennes sont déjà bien présentes dans la Vienne.
Aujourd'hui, plus d'une centaine d'éoliennes sont en service dans le département, ce qui représenterait, à elles seules, 30 % de la puissance éolienne de la Région Nouvelle-Aquitaine. "Nous ne sommes pas anti-éoliennes, mais il y en a beaucoup dans la Vienne, pointe Hervé Le Coz. Aujourd'hui, on a atteint les objectifs prévus pour le Sraddet de 2050, donc il serait temps d'arrêter !"