Le préfet de la Vienne a officialisé ce jeudi soir la signature du protocole autorisant la création de 30 bassines dans le département. Au grand dam des opposants.
C’est ce que l’on appelle avoir le sens du timing. Seulement cinq jours ont passé depuis la manifestation à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, et voilà que le préfet de la Vienne a signé ce jeudi, le protocole préfigurant la construction de 30 retenues d’eau du bassin du Clain.
Le lancement de ce projet a été officialisé en fin d'après-midi en partenariat avec les communautés de communes du Haut-Poitou, des Vallées du Clain et du Civraisien-en-Poitou.
"Le reporter aurait donné raison à ceux qui emploient la violence pour exprimer leur opposition, a estimé le préfet, et à ceux qui s'associent à une manifestation dont l'interdiction a été confirmé par un tribunal administratif" .
Autour de Jean-Marie Girier, de nombreux élus départementaux et des députés à l'instar de Pascal Lecamp (MoDem) et Nicolas Turquois (MoDem) qui ont apporté leur soutien à ce texte, tout comme le sénateur Yves Bouloux.
Grandes absentes de cette signature en revanche, des associations de protection de la nature qui selon le préfet "ont fait le choix de la chaise vide" ou encore Grand Poitiers, farouchement opposé à ce protocole.
8,9 millions de m3
Pour les autorités, cette signature est venue conclure trois années d'intenses tractations. En juillet dernier, une première mouture avait été rejetée tant par la chambre d’agriculture que certaines collectivités, comme Grand Poitiers.
Cette ultime version prévoit la construction de 30 bassines, contre 41 dans la précédente, pour un total de 8,9 millions de m3 d’eau qui pourront être mis à la disposition de 153 exploitations agricoles de la Vienne.
En contrepartie, ces exploitants s'engagent à réduire leur impact environnemental en retaurant une partie des cours d'eaux et zones humides affectées par le projet, mais aussi en réduisant leur usage des pesticides.
"Ce protocole ce n'est pas le protocole de stockage de l'eau, il garantit l'avenir de notre agriculture dans la Vienne" a déclaré Jean-Marie Girier, évoquant un objectif attendu de réduction de "40% des prélèvements estivaux sur le bassin du Clain".
Passage en force
Face aux risques de manifestations d'opposants, un dispositif de sécurité avait été déployé. Plusieurs dizaines de manifestants avaient été tenus à l'écart de la préfecture par les forces de l'ordre, qui avait bouclé le secteur.
Les opposants à ce projet de 30 "méga-bassines" ont dénoncé un passage en force. "C'est une concertation à l'image du protocole des bassines en Deux-Sèvres" a estimé Romain Guillot, le président de l'association Eco-avenir. "Au début, il y avait plein de signataires et ds associations écologistes et maintenant ils se retrouvent dans un entre-soi."
Une position partagée par la maire de Poitiers Léonore Moncond'huy qui dès hier soir, faisait état sur sa page Facebook, des risques d'une telle méthode. "Ce passage en force est extrêmement dangereux, alors que les tensions augmentent partout autour des usages de l’eau."
"Ces retenues sont de fausses solutions, inadaptées au changement climatique. Aujourd’hui, et encore plus demain, l’eau sera plus rare : ces projets n’en tiennent pas compte" alerte l'édile écologiste qui, comme d'autres élus verts, demande un moratoire pour un "vrai projet de territoire pour la gestion de l'eau."