Vienne : les Fonderies en cessation de paiement, les salariés une nouvelle fois dans la tourmente

Les deux sites alu et fonte d'Ingrandes-sur Vienne appartenant au groupe Liberty Alvance devraient être placés dans les prochains jours en redressement judiciaire. Les quelque 570 salariés des fonderies manifestent ce jeudi à Châtellerault (Vienne), alors que se tient un CSE extraordinaire.

Les salariés des Fonderies d'Ingrandes-sur-Vienne sont une nouvelle fois dans la tourmente. Les deux branches fonte et alu devraient être placées en redressement judiciaire ce vendredi 16 avril. Le mandataire judiciaire va le demander au tribunal de commerce de Paris après avoir déclaré la cessation de paiement.  

"Cela permettra à l'État de garantir la période de transition", a déclaré Jean-Philippe Juin, délégué CGT chez Fonderies Alu après que l'annonce en a été faite ce jeudi matin lors d'un CSE extraordinaire. Signe de leur détermination  à garder leurs emplois,  les syndicats CFE, CGC et CGT appelaient à un débrayage devant l'usine. 

Reprise ou fermeture ? 

La recherche d'un repreneur se dessine donc pour la branche alu et ses 280 salariés. Avec l'allègement demandé aux véhicules de demain, l'aluminium est une matière plus que jamais à la mode. "Même le ministre de l'Economie l'a dit la semaine dernière à la télé, l'aluminium a un avenir. Nous on est d'accord, il y a un avenir, banco" analyse Jean-Philippe Juin. Allusion aux propos de Bruno Le Maire qui avait assuré qu"il n'y (avait) aucune raison que les Fonderies du Poitou, dans le volet aluminium, puissent être pénalisées par la situation financière du groupe Liberty auquel elles appartiennent".

Les syndicats ont travaillé avec les ingénieurs de l'entreprise : il faudrait 20 millions d'euros pour acquérir les machines adéquates. Le dossier est suivi de près par le gouvernement qui s'est engagé, comme pour Ascoval récemment, à soutenir les salariés et à susciter des candidatures à la reprise. Une réunion à Bercy est d'ailleurs programmée le 23 avril prochain. 

Il faut mettre les moyens sur le site pour pouvoir répondre aux nouvelles exigences. Et ça, il n'y a que l'Etat qui peut le faire. Donc, on appelle le ministre de l'Economie à mettre de l'argent sur les fonderies pour sauvegarder nos emplois.

Jean-Philippe Juin, Délégué CGT à la fonderie alu.

Les choses sont a priori moins simples pour la branche fonte qui n'a pas autant d'atouts à faire valoir et qui doit fermer en juin prochain avec 292 licenciements à la clé. L'actuel propriétaire n'est plus en mesure de financer le PSE mais paradoxalement, cette annonce est une bonne nouvelle, car elle signifie que les salaires d'avril seront assurés.

Là aussi, l'Etat a promis d'accompagner le projet de reconversion porté par le directeur du site. L'espoir renaît : quatre repreneurs potentiels seraient sur les rangs selon Alain Delaveau, délégué CGT à la fonderie fonte. Deux contrats auraient déjà été signés pour fabriquer des plaques de voirie et des haltères, ce qui donnerait du travail à l'usine pour cinq mois. 

On a toujours dit qu'on était une fonderie de fonte, pas une fonderie de carters. On peut faire autre chose. Liberty nous a toujours dit que c'était pas possible mais en deux mois, on a trouvé des marchés. Maintenant, il faut que les salariés adhèrent au projet.

Alain Delaveau, délégué CGT fonderie fonte

Espoirs déçus 

Les deux sites qui emploient 572 salariés sont les premières sociétés du groupe du magnat de l'acier anglo-indien Sanjeev Gupta à déposer le bilan depuis la chute de la société financière britannique Greensill, à qui le conglomérat doit des milliards d'euros.


Gupta avait racheté les Fonderies il y a deux ans, sucitant alors l'espoir d'un avenir plus serein pour l'entreprise métallurgique châtelleraudaise confrontée à un lent déclin à cause de la crise du diesel. 

Ces espoirs ont rapidement été déçus, les syndicats ont, plusieurs fois au cours de ces derniers mois, fait part de leurs doutes sur les intentions de leur repreneur et sur sa capacité à financer le plan de sauvegarde de l'emploi. En mars dernier, ils avaient bloqué les expéditions de production pour demander au gouvernement de garantir le PSE

 

Le point de vue d'Alvance

Après les deux CSE aux Fonderies du Poitou, le porte-parole d'Alvance a expliqué dans un courriel que Fonderies Alu comme Fonte étaient "déficitaires depuis leur acquisition par GFG Alliance en avril 2019", victimes de "problèmes structurels" et ayant connu "des baisses importantes des commandes contractées auprès de leurs principaux clients".

"Depuis leur acquisition, les deux sites ont été continuellement soutenus par le groupe - à hauteur de plus de 26,6 millions d'euros - pour les maintenir solvables.

Toutefois, cette position n'a jamais été durable et n'a pas pu être maintenue après l'effondrement de Greensill", a-t-il ajouté.   

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