Philippe Croizon est en colère. L’athlète de Châtellerault, amputé des quatre membres, s’insurge contre le nouveau gouvernement dirigé par Michel Barnier. Il n’y a plus de ministère ou de secrétaire d’État chargé des personnes handicapées. Un choix incompréhensible, d'après lui.
Philippe Croizon se dit éternel optimiste, mais ce n’est pas le cas ce lundi 23 septembre. Joint par France 3 Poitou-Charentes, il s’indigne de la suppression du secrétariat d’État aux personnes handicapées.
Dans le nouveau gouvernement de Michel Barnier, nommé la veille, elles relèvent désormais du ministère des Solidarités, de l’Autonomie et de l’égalité homme-femme. C’est ce qui offusque l’athlète de 56 ans au plus haut point.
Une suppression sans précédent
"C’est un retour en arrière d’une violence totale et un manque de considération pour les 12 millions de personnes handicapées, les 11 millions d’aidants et leurs familles. Les Jeux Paralympiques ont donné au monde une image exceptionnelle de la France, pour l’intégration des personnes à mobilité réduite. Deux semaines après, cette suppression, qui est une première depuis 1980, donne une image totalement différente. En supprimant ce secrétariat d’État, on nous insulte", tonne Philippe Croizon.
L’athlète qui a participé au Paris-Dakar somme le président de la République Emmanuel Macron de revenir sur ce qui est un grave problème. "Il faut qu’il reprenne les choses en main, qu’il exprime pourquoi pas un mea-culpa et qu’il rouvre ce secrétariat d’État aux personnes handicapées. Souvenons-nous de ses mots à la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques : 'La flamme que vous avez allumée en chacun de nous, continuera d’éclairer nos vies'. La phrase est forte, mais il faut plutôt parler d’une étincelle, car apparemment le feu n’a pas pris. Cette erreur est trop violente. Toutes les associations sont vent debout et se demandent ce qui se passe", assène-t-il.
Des réserves sur un nouveau super-ministère
Le sportif de Châtellerault (Vienne) ne se risque pas à juger d’avance l’action du nouveau ministre des Solidarités, de l'Autonomie et de l'Égalité entre les femmes et les hommes. Il reste tout de même sceptique : "Je ne le connais pas, il est certainement de bonne foi et il a une grosse expérience, car il a dirigé un institut médico-éducatif dans le Nord. Il connaît le métier, j’en suis certain, mais on confie la question des personnes handicapées dans un ministère avec un portefeuille monumental. Comment va-t-il pouvoir gérer tout ça ?"
Philippe Croizon se considère comme désabusé. "De toute la famille politique, tous bords confondus, qui a remarqué l’absence de ce secrétariat d’État aux personnes handicapées ? Personne !", feint-il de s’interroger. "Les politiques doivent se rendre compte que les 12 millions d’handicapés, les 11 millions d’aidants et leurs familles sont une force électorale phénoménale. Mais le monde du handicap est un monde de silence, c’est une grosse erreur. Le handicap ne doit pas être remis sur la table seulement à chaque débat présidentiel de l’entre-deux-tours, pour faire pleurer dans les chaumières et ramener des voix", ajoute-t-il.
Il cite en exemple la manifestation dans Paris, du mouvement d'associations Ni pauvres ni soumis, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Elle avait rassemblé selon lui des "centaines de milliers" de personnes, dont des personnes handicapées. De quoi l’inspirer.
"Je lance un appel à toutes les associations à manifester, peut-être d’abord devant toutes les préfectures de France. Peut-être que si l’on est déjà un million devant ces préfectures, on commencerait à nous comprendre. Il faudrait ensuite monter à Paris, si l’on n’est toujours pas entendus", suggère-t-il.