Sportif de haut niveau, amputé des quatre membres à la suite d'un accident en 1994, Philippe Croizon croit en l'objectif français de remporter 20 médailles d'or aux Jeux paralympiques de Paris 2024. Entretien avec cet éternel optimiste.
Il l'avoue lui-même. Il est très émotif. Alors ce lundi 26 août, lorsqu'il assiste à la pose de la première pierre du gymnase qui portera son nom à Louviers (Eure), Philippe Croizon a du mal à retenir ses larmes.
"C'est un moment d'émotion et de reconnaissance" explique Philippe Croizon lors de l'entretien mené par nos journalistes Véronique Arnould et Stéphane L'Hôte. "C'est la reconnaissance du travail accompli, de ce que nous faisons avec les équipes. Le JE n'existe pas. Cette reconnaissance je la prends pour moi et pour tous ceux qui m'ont accompagné dans mon parcours de vie. Les pompiers, le SAMU, le centre de rééducation et toutes les personnes qui sont autour de moi pour mener les aventures."
Une vie d'exploits
À 56 ans, amputé des quatre membres après avoir touché accidentellement une ligne à très haute tension, Philippe Croizon multiplie les exploits sportifs : traversée de la Manche en 2010, quatre traversées qui lui permettent de rallier les cinq continents à la nage en 2012, record de profondeur de plongée pour un amputé des quatre membres en 2013, participation au Dakar en 2017...
Le sport m’a reconstruit. Il m’a permis la résilience. Quand j'ai commencé le sport, je me suis retrouvé, je suis redevenu Philippe. Ca m’a permis d’aller vers les gens, de discuter avec eux.
Philippe Croizon, athlète et aventurier
Ce gymnase qui portera son nom et devrait sortir de terre d'ici un an à Louviers, c'est donc une fierté et un signe d'espoir. Car pour lui, les personnes en situation de handicap ont envie de vivre au sein de la société. "Ce n'est pas moi qui suis en situation de handicap. C'est ma société. Si ma société est adaptée alors je ne suis plus en situation de handicap."
À la veille de l'ouverture des JO paralympiques, Philippe Croizon a assisté au passage de la flamme dans l'Eure ce lundi 26 août.
En mai, il avait lui-même porté la flamme en Charente.
Tout au long des JO, sur les réseaux sociaux, il a fait vivre à sa manière les compétitions sportives en évoquant ses rencontres avec les athlètes et les supporters.
⚽ Finale de football hommes #FRAESP... je suis pas tendu du tout 😅#Paris2024 @Paris2024 @RTLFrance #croizongrandlesjeux pic.twitter.com/pCt0JAHBtN
— Philippe Croizon (@PhilippeCROIZON) August 9, 2024
20 médailles d'or, un objectif ambitieux
"C’est vrai que pendant les JO, je me suis amusé" se souvient-il. "Les paralympiques vont être aussi une fête extraordinaire. J'espère juste que l'actualité ne va pas abîmer cette fête. J'espère que certaines personnes vont attendre de prendre leur décision après le 8 septembre, date de la clôture des JO paralympiques, ça serait bien" faisant une allusion plus ou moins discrète aux actuelles discussions pour la nomination du nouveau gouvernement français.
Interrogé sur le risque que cette deuxième session olympique passe plus inaperçu qu'au début de l'été, Philippe Croizon est confiant. "Je suis né optimiste. Je suis persuadé que la bulle olympique va se remettre en marche et que les Français vont suivre les para et encourager nos athlètes. On en a besoin. La France vise une huitième place, avec 20 médailles d'or. C'est très ambitieux. Mais il y a un public tellement extraordinaire qui a porté les athlètes en juillet. Je suis certain qu'une nouvelle fois, les supporters seront au rendez-vous".
Et l'athlète de conclure : "Tout est possible. L’impossible, c’est juste nous. La question c'est : quels sont nos rêves ? Quels sont nos envies et nos objectifs ? Nous allons vivre des jeux para extraordinaires".