La Vienne est le département le plus privilégié de Nouvelle-Aquitaine par les promoteurs d'éoliennes. Face à la multiplication des projets, la contestation s'organise et de nombreuses voix d'élus s'élèvent.
Depuis quelques semaines, les habitants de la commune de Liglet ont pu constater la présence de curieux panneaux plantés à quelques mètres du prieuré de Villesalem.
Sur les affiches, on peut lire un avis d'enquête publique ouverte depuis le 9 octobre 2018 et ce pour 32 jours, afin étudier la possibilité de l'implantation d'un parc éolien. Dans la commune, le projet divise. Les 319 habitants ne soutiennent pas tous le projet.
Quand il y a quelque chose qui se met en route, il y en a toujours qui sont pour et qui se contre. Cela a toujours existé
Une commune partagée
Les premiers contacts avec la mairie de Lenglet ont été effectués en septembre 2014. Une proposition qui a tout de suite séduit Gérard Argenton, le maire de la commune. "Le principal, c'est que je crois en l'éolien. En tant que maire, cela m'intéresserait d'avoir des revenus supplémentaires", concède-il. Le projet prévoit d'implanter 10 éoliennes d'une hauteur de 117 mètres avec des pales de 63 mètres de longueur. La production de ces géants pourraient atteindre 95 millions de kilowatts et rapporter 50 000 euros par an à la municipalité.
Une association s'est créée pour lutter contre ce projet. Les divisions existent au sein même de la mairie. "On a une campagne qui est très préservée. Et c'est vrai qu'un projet de 10 éoliennes de 180 mètres de haut, cela va impacter gravement tout un paysage", déplore Alain Giraud, premier adjoint au maire de Liglet.
La Vienne attire les éoliennes
Dans le nord de la Nouvelle-Aquitaine, les projets se multiplient et plus particulièrement dans la Vienne. A Chaunay, plus à l'Ouest, un parc est actuellement en construction. 9 éoliennes vont être installés et les premiers mâts ont déjà été montés. C'est Sergies, le premier producteur d'énergie verte dans la région qui en est à l'origine.
La société possède 47 éoliennes en Poitou-Charentes. "Il se présente un certain nombre de caractéristiques favorables. Des habitations qui sont assez regroupées et qui laissent des espaces favorables au développement de l'éolien", explique Emmanuel Julien, président du directoire de Sergies
Sergies s'est aussi lancé dans un projet dans la commune de Mauprévoir avec cinq éoliennes. Ce projet vient s'ajouter à celui d'un autre promoteur pour un total de dix éoliennes. A nouveau, l'hyptohèse d'un parc éolien de cette ampleur n'est pas du goût de tout le monde. L'association Mauprévoir environnement rassemble une quarantaine de membres dont une Anglaise installée en France depuis 15 ans et propriétaire d'un château qui pourrait être impacté par l'implantation de mâts.
Miser sur les monuments historiques
Leur stratégie vise à miser sur la présence de monuments classés dans la zone du parc éolien. "On a fait une photo aérienne de Mauprévoir et la même avec les éoliennes. On a envie de se battre pour Mauprévoir, pour la château et le monde du tourisme", assure Michelle Manselon, présidente de l'association Mauprévoir environnement.
A Saint-Savin, les éoliennes ne sont pas autorisés dans le plan d'urbanisme de la ville. "Il est important de préserver le label Unesco. Pour nous et pour le territoire c'est nécessaire sur le plan touristique. Et par rapport à la région, peut-être qu'on a protégé un peu plus les vignobles bordelais et toutes les villes côtières et on nous a pris pour des gens un peu dans le désert", analyse Jean-Marie Rousse, maire de saint-Savin.
L'ex-Aquitaine, épargnée
En Nouvelle-Aquitaine, certains élus ont pointent du doigt l'ex-Aquitaine. Aucune structure n'y est implantée et les projets y sont rares. "Il y a une espèce d'histoire avec l'ex-Aquitaine avec quelques légendes : il n'y a pas de vent en ex-Aquitaine. On a aussi beaucoup de territoire de l'armée qui sont préservés. L'ex-Aquitaine doit aussi prendre sa part comme l'a pris l'ex-Poitou-Charentes et comme l'ex-Limousin est en train de le faire", raconte Françoise Coutant, conseillère régionale Europe écologie les verts.
Le sud de la Vienne continue d'attiser les convoitises. Face à l'appétit des professionnels, les élus locaux avouent leur impuissance. "L'avis des municipalités ne compte pas, le ministère s'est engagé dans une transition écologique essentiellement éolienne pour notre territoire et il y a une dérégulation totale. Ce sont les entreprises portant les projets qui sont dominantes", affirme Gisèle Jean, maire de Queaux et vice-présidente de la communauté de communes Vienne et Gartempe.
Impliquer les habitants
A Saint-Secondin, un parc éolien est déjà implanté mais un projet d'extension est dans les tablettes. La mairie compte bien capitaliser sur cet agrandissement. "En conseil municipal, On a considéré qu'un parc existant n'apportait pas de nuisances visuelles comme certains disent. Et qu'il était intéressant que la commune de Saint-Secondin puisse en avoir un certain bénéfice", explique Jean Saumur, maire de Saint-Secondin.
Une campagne de financement participatif a ainsi été lancé pour intégrer les habitants au projet. "Cela permet d'impliquer et de fédérer les gens autour du projet, afin qu'ils se sentent un peu propriétaire de ce parc pour lequel ils vont être riverains", souligne Florian Fillon, chef de projet Valorem.
En 2012, le schéma régional éolien avait identifié plus de 200 communes favorables à l'implantation d'un parc éolien. Plusieurs centaines d'éoliennes devraient apparaître dans le paysage poitevin ces prochaines années malgré la contestation.