Les défenseurs des handballeurs entendus dans l'enquête sur une prise de paris illégaux ont fustigé "la violation" de la présomption d'innocence commise, selon eux, par le procureur de la République de Montpellier, Brice Robin.
Pour Eric Dupond-Moretti et Jean-Robert Phung, avocats des frères Karabatic, la présomption d'innocence a été mise à mal lors de la conférence de presse donnée ce lundi à Montpellier.
"C'est une atteinte grave, intolérable et irréversible pour mes clients" prévient Jean-Robert Phung. "Les auteurs de cela devront en répondre".
Et il ajoute :" Mes clients ont invoqué le droit au silence avant leur présentation au magistrat instructeur. Mais la pression des enquêteurs en garde à vue a été extrème et insupportable".
"Le point presse du procureur de la République ne me choque pas, cela est prévu par la loi. Mais il donne des informations, des chiffres, des noms du dossier aux médias, presque des conclusions, alors que les avocats, eux, n'ont toujours pas accès aux pièces du dossier".
"Il a livré un véritable réquisitoire, hors de salle d'audience, un réquisitoire sans qu'il y ait possibilité d'avoir le moindre contradictoire. C'est tout simplement... ce n'est pas de la justice. D'abord, il affirme des choses, ensuite il donne des noms, des chiffres. Un avocat ferait cela, il serait poursuivi pour violation du secret de l'instruction", a-t-elle ajouté.
"Je nie farouchement que nous ayons eu accès aux pièces de la procédure. Quand j'entends M. le procureur affirmer une chose pareille, je dis que tout son discours perd en crédibilité. La justice ne se fait pas en conférence de presse", a-t-elle encore dit.
Même position pour Me Michael Corbier, un des défenseurs de la superstar du handball mondial Nikola Karabatic et de son frère Luka.
"J'ai été particulièrement surpris d'entendre le procureur de Montpellier requérir par le truchement des médias. J'ai bien compris que sa conviction était faite, mais il est hors de question que ces gens-là soient jugés, condamnés avant d'avoir pu être défendus", a-t-il déclaré devant les locaux du service central des courses et jeux de Nanterre, où les gardés à vue sont entendus depuis la fin d'après-midi dimanche.
"Je trouve impossible qu'on nous prive, nous la défense, de ces éléments essentiels et qu'on vienne par le truchement des médias faire état de sa conviction", souligne-t-il.
Le conseil des frères Karabatic indique que ses clients "fourniront des explications (...) dès lors que la procédure sera communiquée". Me Franck Nicolleau, qui se présente comme le défenseur des joueurs Dragan Gajic et Primoz Prost, adopte la même position: "Quand on aura les éléments, on parlera".