Nikola Karabatic, icône du handball français, a été mis en examen mardi soir à Montpellier pour escroquerie et "mis au chômage", a déclaré un de ses avocats Me Jean-Marc Phung.
"Je n'ai pas parié", a assuré le joueur aux magistrats instructeurs selon les termes de sa déclaration lue par un autre de ses conseils, Me Eric Dupont-Moretti, à la sortie du tribunal.
"Est-ce que ma copine a parié? Oui. Est-ce qu'elle m'a mis au courant? Oui. Pourquoi a-t-elle parié? Ca fait deux ans qu'elle suit l'équipe de Montpellier, elle s'y connaît dans le championnat", a dit le handballeur, expliquant le choix de sa compagne de parier sur la défaite de Montpellier après celle concédée devant Nîmes alors que son équipe jouait le titre.
"Ce garçon dit au juge: "c'est un cauchemar pour moi, parce que le handball, c'est ma vie et celle de mon père avant moi", les larmes aux yeux", a ajouté Me Eric Dupont-Moretti qui a annoncé son intention de faire appel des conditions du contrôle judiciaire interdisant aux frères Karabatic de jouer.
Sa remise en liberté a été assortie d'une mesure de contrôle judiciaire prévoyant une caution, dont le montant n'a pas été communiqué par ses avocats. Il lui a également été signifié une interdiction de rencontrer l'encadrement du club et les autres protagonistes du dossier, ce qui équivaut à une "mise au chômage", a précisé Me Phung.
Escroquerie par manoeuvre frauduleuse, en l'espèce en étant en possession d'information selon laquelle des joueurs de l'équipe de handball de Montpellier s'étaient entendus préalablement pour modifier ou altérer le déroulement normal de la rencontre entre Cesson et Montpellier" du 12 mai.
Les frères Karabatic dans la tourmente
Luka Karabatic, le frère de Nikola, a été mis en examen mardi soir à Montpellier pour escroquerie dans l'affaire des soupçons de match truqué, a-t-on appris auprès du parquet.
Il a l'interdiction de rencontrer d'autres membres du club héraultais et donc de jouer, selon la même source.
La compagne de la star du handball français Nikola Karabatic, Géraldine Pillet, a été mise en examen mardi soir à Montpellier pour escroquerie dans l'affaire des soupçons de match truqué.
Elle a été remise en liberté sous contrôle judiciaire après avoir versé une caution de 4.400 euros, selon la même source.
Les autres joueurs mis en cause sont Dragan Gajic, du club de Montpellier, ainsi qu'un autre ancien joueur du club héraultais transféré au Paris SG, le Serbe Mladen Bojinovic.
Un autre handballeur héraultais, Issam Tej, placé en garde à vue lundi, à Montpellier, devrait être présenté aux magistrats instructeurs mercredi.
Le kinésithérapeute du club de Montpellier, Yann Montiège, est quant à lui ressorti libre avec le statut de témoin assisté, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier.
Enfin, les trois joueurs remis en liberté lundi soir à Nanterre (Mickaël Robin, Vid Kavticnik et Wissem Hmam) seront convoqués pour une mise en examen ultérieure.
4 questions essentielles pour l'avenir
Quelle est la ligne de défense des joueurs ?
Les joueurs ont refusé de s'exprimer lors de la garde à vue, réservant leurs déclarations aux juges. Me Eric Dupont-Moretti, l'avocat des frères Karabatic,
a expliqué qu'ils admettaient avoir parié, mais pas truqué le match, auquel ils n'ont pas participé car ils étaient blessés.
Le fait de parier, en contradiction avec le règlement sportif, peut leur valoir jusqu'à six matches de suspension et 15.000 euros d'amende.
Si le truquage du match est avéré, ils risquent d'être reconnus coupables de "fraude et corruption sportive", délit passible de cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende, voire d'escroquerie, délit puni de cinq ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende.
Quel est l'avenir des joueurs et en particulier de Nicolas Karabatic ?
Rémy Lévy, le président de Montpellier, a affirmé qu'il pourrait licencier les joueurs, même si seules les accusations d'avoir parié étaient retenues contre eux.
Considéré comme l'un des tout meilleurs joueurs du monde, Nicolas Karabatic retrouvera sans peine un club en Europe, s'il n'est pas suspendu.
Quelle est la position de la Fédération française de handball ?
La FFHB appliquera la "tolérance zéro, bien entendu", a indiqué son président Joël Delplanque, qui a précisé qu'il appellerait à "la plus grande sévérité" si
des procédures disciplinaires devaient être ouvertes.
Comment Claude Onesta a-t-il réagi ?
Le sélectionneur a tenu à éviter toute réaction à "l'emporte-pièce". Il a regretté "l'amalgame insupportable" fait entre cette affaire et le monde du handball
dans son ensemble, et s'est indigné face au "reality show" proposé, pour lui, par la police et les médias. Il a réclamé des sanctions "suffisamment conséquentes pour que chacun prenne bien la mesure des dangers."