Les habitants de Midi-Pyrénées ne sont pas égaux face à l'accès aux soins et aux dépassements d'honoraires. L'UFC-Que Choisir met en évidence "une fracture sanitaire" notamment dans le Gers, dans l'Aveyron et en Cominges
Alors que s'achèvent les négociations sur les dépassements d'honoraires et que va débuter le débat parlementaire sur le budget de la sécu, l'UFC-Que Choisir apporte son éclairage sur les lacunes de l'accès aux soins, évoquant une "fracture sanitaire" en France. Prenant en compte à la fois les déserts médicaux et les dépassements d'honoraires, l'UFC-Que Choisir a publié son étude, accompagnée d'une carte interactive sur laquelle on peut, pour chacune des 36.000 communes du pays, consulter sur le site de l'association l'offre médicale pour quatre catégories de praticiens: médecins généralistes, pédiatres, ophtalmologistes et gynécologues.
En Midi-Pyrénées, les fractures sanitaires se localisent en zones rurales
En cliquant sur "la carte de l'intolérable fracture sanitaire", selon les termes de l'association, le patient-internaute peut ainsi trouver l'offre médicale pourles quatre catégories de praticiens étudiés et constater si son accès aux soins est facile ou non, surtout s'il veut être soigné uniquement aux tarifs opposables (remboursés par la Sécu). En Midi-Pyrénées, l'enquête d'UFC-Que Choisir pointe :
- le Gers où trouver un ophtalmologue relève de l'exploit. 47 % des Gersois vivent dans ce que l'association appelle un désert médical, c'est-à-dire une zone où l'offre de soins est inférieure de 60 % à la moyenne nationale. Une situation qui ne risque pas de s'améliorer puisque d'ici 5 ans la moitié des médecins du département auront pris leur retraite.
- l'Aveyron, où 41 % des femmes n'ont pas accès à un gynécologue sans dépassement d'honoraires. 24 % des aveyronnaises habitent en outre à plus de 45 minutes d'un cabinet de gynécologie.
- le Cominges, où il n'est pas rare d'effectuer des trajets de plus de 30 minutes pour se faire soigner sans dépassement d'honoraires
L'ophtalmologie et la gynécologie de moins en moins accessibles
C'est pour les ophtalmologistes et les gynécologues que la situation est le plus difficile. Non seulement ces spécialistes se font rares mais moins de la moitié (46%) pratiquent les tarifs opposables.Si la situation est meilleure pour trouver des médecins généralistes, plus nombreux et pratiquant peu les dépassements, la carte des départements ruraux est constellée de déserts médicaux.
Finalement, ce sont les villes moyennes de province où la situation est la plus acceptable, estime l'association, qui ne fait pas que constater, mais milite pour que soit réduite cette "fracture sanitaire".
Elle demande ainsi que seuls puissent s'implanter dans les secteurs "surdotés" des médecins de secteur 1 et que les aides publiques soient réservées aux médecins de zones "sousdotées", comme le préconise la Cour des comptes. Prônant à terme la disparition des dépassements, l'UFC Que choisir
suggère de les plafonner temporairement à 40% du tarif Sécu (taux médian remboursé par les complémentaires santé) dans l'attente d'une refonte complète de la tarification des actes.
Cette étude a été simultanément publiée avec une autre de l'Insee, qui montre que la quasi-totalité de la population française habite à moins de 15 mn d'un médecin généraliste, d'un kiné ou d'une infirmière, mais que la "proximité ne rime pas toujours avec accessibilité".
La CSMF, le plus important syndicat de médecins libéraux, a dénoncé "les raccourcis démagogiques" de l'UFC-Que Choisir, qui ont été démentis selon lui par l'étude de l'Insee.
En vidéo, notre série de reportages sur les déserts médicaux, tournée dans le Gers :