Le jihadiste Moez Garsallaoui, recruteur pour al-Qaïda en Europe et mentor présumé de Mohamed Merah, a été tué par des tirs de drones dans le nord du Pakistan, selon un site spécialisé.
Selon le site de monitoring des réseaux jihadistes "Site", des proches du Belgo-tunisien Garsallaoui ont annoncé sa mort lors d'un raid aérien dans les zones tribales du nord-ouest pakistanais considérées comme un sanctuaire pour les talibans et des groupes alliés à al-Qaïda.
Le message diffusé sur un forum jihadiste en ligne fait état du "martyre du commandant Abou Moez al-Tunisi, un militant utilisant les noms Jund al-Khilafah ou al-Qayrawani", une dernière référence à la ville de Kairouan en Tunisie, des noms d'emprunt connus du jihadiste de renom en Europe.
Le forum jihadiste a fait référence lundi à la mort de Garsallaoui par un tir de drone sans préciser la date de son décès.
Tué par un drone
Washington a fait ces dernières années des drones l'un des principaux instruments de sa stratégie militaire mondiale, notamment au Yémen et dans les zones tribales du nord-ouest pakistanais adossées à l'Afghanistan.Selon des sources sécuritaires locales, des tirs de drone ont fait la semaine dernière 23 morts dans les zones tribales, dont cinq près de Miranshah, la capitale du Waziristan du Nord, une zone considérée comme l'épicentre des jihadistes au Pakistan. Moez Garsallaoui, né en 1968 en Tunisie, avait aussi la nationalité belge et séjourné de nombreuses années en Suisse. Il était marié à Malika el-Aroud, une Belge d'origine marocaine surnommée "l'icône des jihadistes" ou la "veuve noire", car elle avait eu antérieurement pour époux Abdessatar Dahmane, alias Abou Obeyda, qui avait participé au meurtre du commandant Ahmed Chah Massoud, le 9 septembre 2001 dans le nord-est de l'Afghanistan.
Le couple Garsallaoui-Aroud a été condamné par la justice en France, en Suisse et en Belgique sous différentes charges dont incitation à la violence sur internet et recrutement en Europe de candidats au jihad pour la zone pakistano-afghane.
La justice helvète avait notamment condamné à la mi-2007 M. Garsallaoui à six mois de prison fermes pour incitation à la violence via les déclinaisons de son site internet "Minbar", hébergées tour à tour dans différents pays européens et au Canada.
Une revendication des actes de Merah
Dans des messages diffusés au printemps dernier sur internet, le groupe nommé en arabe "Jund al-Khilafah" (Armée du Califat, en français), dont Moez Garsallaoui était un membre clé, a revendiqué des liens étroits avec Mohamed Merah, auteur des tueries de Toulouse et de Montauban (sud-ouest de la France) ayant fait sept morts en mars.Le groupe y félicitait "Yusuf al-firansi", surnom donné par ces jihadistes à Merah, présenté comme un Français de Toulouse parlant difficilement l'arabe et qui s'était entraîné avec eux dans les zones tribales pakistanaises, et revendiquait la responsabilité d'une des attaques, près d'une école juive.
Les liens entre Merah, abattu lors d'une intervention policière à Toulouse, et Garsallaoui, s'ils étaient avérés, contrediraient l'image de "loup solitaire" du jeune jihadiste français.