Le parquet de Paris a requis un non-lieu dans l'affaire de 145 patients soumis à des surdoses de radiations au CHU de Toulouse-Rangueil, suscitant l'incompréhension de leur avocat devant la différence de traitement avec les irradiés d'Epinal.
Cent quarante-cinq patients de l'hôpital Rangueil, traités pour des tumeurs cérébrales cancéreuses ou bénignes entre avril 2006 et avril 2007, ont reçu des surdoses de radiations à cause du mauvais étalonnage d'un appareil.
Une vingtaine d'entre eux sont morts sans qu'un lien avec la surexposition ne puisse être établi, indique Me Christophe Leguevaques, avocat de l'association SOS Irradiés 31, qui représente 80 des 145 patients.
Une information judiciaire contre X a été ouverte en mars 2008 à Paris pour homicides involontaires et blessures involontaires.
"Dans notre dossier de Toulouse, le parquet de Paris, le même qui a requis dans le dossier d'Epinal, a requis un non-lieu le 28 septembre, qui nous a été notifié début octobre", a dit Me Leguevaques à l'AFP.
Une erreur, pas une faute
Le parquet estime qu'il y a "une erreur" mais qui n'est pas une "faute", a dit l'avocat. "Nous le contestons car nous considérons qu'en fait il n'y a pas eu une seule erreur mais une cascade d'erreurs révélatrices pour nous de plusieurs négligences, à la fois du radiophysicien, du CHU et du constructeur", a-t-il dit. Me Leguevaques s'étonne de la position du parquet de Paris car selon lui "nous retrouvons la même chose à Toulouse que dans le dossier d'Epinal".Des peines de prison ferme contre les deux anciens médecins de l'hôpital d'Epinal et leur collègue radiophysicien ont été requises mardi devant le tribunal correctionnel de Paris au procès du plus grave accident de radiothérapie survenu en France. Entre 2001 et 2006, près de 450 patients traités pour des cancers de la prostate ont été victimes de surdoses de radiation.
SOS Irradiés 31 compte à présent transmettre une note au juge d'instruction en espérant qu'il "entende (ses) arguments" et ne suive pas les réquisitions du parquet, indique l'association dans un communiqué. "L'analyse du parquet dans le dossier d'Epinal est aisément transposable dans le dossier de Toulouse", ajoute-t-elle, réclamant un "procès public pour que toute la lumière soit faite".