La veuve du caporal Abel Chennouf, tué par Mohamed Merah, a décidé de porter plainte contre la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) pour "homicide involontaire", a annoncé à l'AFP son avocat.
"Le récent rapport rendu public par Manuel Valls sur l'affaire a mis en évidence un relâchement de la DCRI dans la surveillance de Mohamed Merah.
Cette plainte pour homicide involontaire contre la DCRI vise à comprendre pourquoi cette surveillance s'est relâchée", a dit Me Picard, avocat de Caroline Chennouf et de sa famille.
Merah était connu depuis 2006
Alors que Merah était connu depuis 2006 comme gravitant autour de la mouvance salafiste toulousaine, sa fiche de surveillance est désactivée en 2010 de manière "inopportune".
Contrôlé en Afghanistan en 2010, il est de nouveau l'objet de l'intérêt des Renseignements intérieurs, mais son "debriefing", le 14 novembre 2011, est raté, selon le rapport, et il n'est plus surveillé en janvier 2012.
"La transparence de M. Valls a permis d'obtenir de nouvelles données mais cette plainte doit permettre de comprendre quel processus de décision a abouti au fait que la surveillance de Merah soit interrompue", dit l'avocat du bureau de Versailles.
Pour l'avocat une plainte contre la DCRI se justifie car les services de renseignement "ont pu faire preuve de maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité", ce qui caractérise l'homicide involontaire.
Le rapport de l'IGPN (police des police) a examiné notamment l'attention dont a fait l'objet Mohamed Merah, entre son apparition sur les
radars du Renseignement et l'entretien qu'il aura à l'antenne toulousaine
de la DCRI en novembre 2011. Survenu quatre mois avant ses crimes, cet entretien est décrit comme un échec
par les fonctionnaires de l'IGPN.
Rappel des faits
Mohamed Merah, un jeune Toulousain de 23 ans, a assassiné trois parachutistes les 11 et 15 mars à Toulouse et Montauban, puis trois enfants et un père de famille dans une école juive, à Toulouse, le 19.
Lors du long siège de son appartement qui devait conduire à sa mort le 22 mars, le jeune homme s'est revendiqué d'Al Qaïda.