La cérémonie d'hommage aux victimes de Mohammed Merah s'est déroulée dans une émotion profonde et dans une grande dignité.
La douleur "est toujours là, vive et profonde" : des centaines de membres de la communauté juive de Toulouse ont écouté avec émotion les témoignages des proches des victimes juives de Mohamed Merah avant de scander, avec Benjamin Netanyahu: "Le peuple d'Israël vivra".
Très digne, d'une voix calme et posée, Eva Sandler, veuve depuis le 19 mars et privée par Merah de deux enfants, a raconté sa douleur toujours "vive et profonde" malgré les mois qui ont passé. Mais celle qui vit désormais en Israël avec son enfant survivante, une petite fille qui avait 13 mois au moment du drame, ne veut pas se replier sur cette douleur. "Je me pose la question, mes enfants, mon mari, attendent-ils de moi que je vive comme une victime ou que je réfléchisse à une vie au centre de laquelle seraient les valeurs morales et éthiques?" "Il faut faire en sorte, dit-elle, que la recherche d'un idéal ne passe pas par le désir de détruire l'autre". C'est la première fois qu'Eva Sandler témoigne en public, note Nicole Yardeni, présidente du CRIF de Midi-Pyrénées. Mais le soir même du drame, souligne-t-elle, elle faisait déjà preuve d'un calme et d'un courage impressionnants.
Auparavant, son beau-père, Samuel Sandler, a lui expliqué qu'il croyait impossible, avant cette date fatidique, "qu'au XXIe siècle, on tue en France des enfants juifs parce qu'ils sont juifs".
Yaacov Monsonego, au bord des larmes, s'est souvenu d'un "acte monstrueux de haine qui a pulvérisé (son) univers". "En ce lundi noir, j'ai lâché la main de ma petite Myriam et deux minutes plus tard, elle était exécutée simplement parce qu'elle était juive", alors qu'elle tentait de fuir son bourreau, a-t-il dit, des sanglots dans la voix.
L'assistance, parmi laquelle figurent de nombreux enfants de l'école Ozar Hatorah rebaptisée depuis le drame Ohr Torah mais où l'on note aussi la présence d'élus locaux et de personnalités comme l'archevêque de Toulouse Robert Le Gall, écoute en silence.
Mais les participants à la cérémonie n'hésitent pas à applaudir parfois. Quand François Hollande dit sa détermination à "pourchasser" l'antisémitisme, l'assistance montre son approbation.
Et quand Benjamin Netanyahu rappelle que désormais les Juifs ont un Etat, une armée et "les moyens de se défendre", c'est l'ovation. "Le peuple d'Israël vivra", scande le dirigeant de l'Etat hébreu, slogan bientôt repris dans la salle.
Au sortir de la cérémonie, le représentante du CRIF Nicole Yardeni dit son "soulagement", d'autres ont le sentiment d'avoir été entendus. "C'était historique et exceptionnel", a commenté Mme Yardeni. "Nous avons eu à la fois le président français et le Premier ministre israélien dans un lieu aussi symbolique" et qui ont "déclaré avec une telle force que la haine des Juifs ne passera absolument pas".