Plusieurs familles de victimes ont à nouveau pointé du doigt les "failles" des investigations menées sur Mohamed Merah, reconnues ce jeudi par François Hollande à Toulouse, en demandant une enquête parlementaire
Plusieurs familles de victimes ont à nouveau pointé du doigt les "failles" des investigations menées sur Mohamed Merah, reconnues ce jeudi par François Hollande à Toulouse, en demandant une enquête parlementaire sur les dysfonctionnements des services de renseignement. Mais le président de la commission des Lois, le député PS Jean-Jacques Urvoas, a rappelé d'emblée que les parlementaires ne pouvaient enquêter en même temps que les juges d'instruction. Un argument contesté par des avocats de victimes du "tueur au scooter", auxquelles le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président français rendaient hommage à Toulouse jeudi.
Depuis plusieurs mois, s'enchaînent les révélations sur les "ratés" des services de renseignements qui n'auraient pas perçu la dangerosité de Mohamed Merah avant les tueries de Toulouse et Montauban en mars. L'IGPN (police des polices) a elle-même mis en exergue, dans un rapport le 23 octobre, des "défaillances objectives" des services de police.
"Nous voulons connaître la vérité", a déclaré sur France Inter Me Patrick Klugman, un des avocats des familles des victimes de l'école toulousaine. "On ne peut pas avoir d'un côté l'IGPN, avec le dossier de l'Intérieur, et d'un autre côté les juges avec un dossier judiciaire, c'est pourquoi nous demandons la création d'une enquête parlementaire car, à un moment donné, il n'y a que la représentation nationale (...) qui peut effacer toutes ces barrières et confronter toutes les versions éparses".
Deux enquêtes distinctes
M. Urvoas a cependant précisé que le "Parlement ne peut pas enquêter sur une affaire tant que l'enquête judiciaire est en cours". Il a cité le précédent de l'affaire de pédophilie d'Outreau, en rappelant que "la commission d'enquête parlementaire avait commencé son travail lorsque la justice s'était prononcée".
Cet argument a été rejeté par une autre avocate de familles de victimes, Me Samia Maktouf, qui, avec sa collègue Béatrice Dubreuil, a écrit aux parlementaires pour demander également une enquête de la représentation nationale.
L'enquête que les victimes demandent au Parlement ne vise pas les mêmes faits que l'enquête des juges, qui recherchent les éventuels complices du tueur au scooter, a indiqué Me Maktouf. "Aucune information judiciaire n'est ouverte sur les manquements et les dysfonctionnements de la DCRI", a-t-elle dit.
Pour les deux avocates, une enquête parlementaire devrait notamment répondre à la question de savoir pourquoi les autorités ne sont pas intervenues contre Mohamed Merah avant les tueries alors qu'elles savaient qu'il présentait une menace.
Dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a estimé jeudi que "la mise à jour complète de l'enchaînement des faits et de la responsabilité de leurs auteurs relève de la justice, qui bénéficie seule des pouvoirs d'investigations nécessaires".
Un peu plus tôt, son prédecesseur Claude Guéant, en poste au moment des tueries, avait défendu l'attitude de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).