Karl Zéro et un journaliste du "Vrai journal", Gadh Charbit, poursuivis pour avoir reçu une lettre du tueur en série Patrice Alègre, ensuite lue à l'antenne, ont été relaxés par le tribunal correctionnel de Paris.
Karl Zéro et un journaliste du "Vrai journal", Gadh Charbit, poursuivis pour avoir reçu une lettre du tueur en série Patrice Alègre, ensuite lue à l'antenne par l'animateur, ont été relaxés vendredi par le tribunal correctionnel de Paris.
Dans un courrier daté du 29 mai 2003, envoyé depuis sa prison, Patrice Alègre, condamné en 2002 à la réclusion criminelle à perpétuité, reconnaissait les meurtres d'une prostituée et d'un travesti en 1992. Il mettait en cause l'ancien maire de Toulouse Dominique Baudis et le magistrat Marc Bourragué, les désignant comme commanditaires de ces crimes. Il s'agissait de fausses accusations et Patrice Alègre s'était rétracté peu après.
Lors de la lecture de ce courrier à l'antenne le 1er juin 2003, leurs noms n'avaient pas été mentionnés, mais ils faisaient à l'époque l'objet de rumeurs et d'accusations. Dominique Baudis était intervenu au 20H00 de TF1 pour les démentir. La 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris a estimé qu'il n'est pas établi avec une certitude suffisante que la lettre de Patrice Alègre était sortie irrégulièrement de la prison de Seysse.
"Les indices concordants" contre Karl Zéro "d'avoir, contrairement à ce qu'il prétend, eu connaissance de l'arrivée de la lettre avant sa réception", "ne modifient pas cette conclusion dès lors que l'intention d'obtenir le courrier d'un détenu et les modalités effectives - réglementaires ou non - de son acheminement sont distinctes", a estimé le tribunal. Celui-ci a rejeté les demandes des deux prévenus de condamner Marc Bourragué pour "procédure abusive". L'ancien maire de Toulouse s'était désisté de ses poursuites.
A l'audience le 12 octobre, Gadh Charbit avait expliqué que "l'idée d'une sortie illégale de cette lettre" ne l'avait pas effleuré, mais qu'il s'était en revanche
attaché à authentifier le courrier. Karl Zéro avait quant à lui expliqué que la décision de lire la lettre à l'antenne n'avait pas été prise "à la légère", car Dominique Baudis, alors président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), avait selon lui droit "de vie ou de mort" sur l'antenne de Canal+.
Me Laurent de Caunes, conseil de Marc Bourragué, avait rappelé la "succession de fables calomniatrices" à l'époque, les "accusations complètement délirantes" de deux prostituées sur des "partouzes" impliquant des magistrats et Patrice Alègre, des "soirées SM", "des enfants sacrifiés".