Dieter Krombach jugé en appel à Créteil pour le meurtre de Kalinka Bamberski ce mardi

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Quinze ans de réclusion pour Krombach


Fin octobre 2011 après un nouveau procès, Dieter Krombach, 76 ans, est condamné  à quinze années de réclusion criminelle par la cour d'assises de Paris qui le reconnu responsable de la mort de sa belle-fille Kalinka Bamberski en 1982.
La peine est conforme aux réquisitions de l'avocat général Pierre Kramer qui avait assimilé ces quinze années à "une petite perpétuité", compte-tenu de l'âge de l'accusé. La cour suit son analyse et considère que Dieter Krombach a bien commis des violences ayant entraîné le décès de l'adolescente de 14 ans dans la nuit du 9 au 10 juillet 1982 mais qu'il n'avait pas cherché à la tuer. Les neuf jurés et les trois magistrats n'ont pas été convaincus par les proclamations d'innocence de l'ancien médecin qui a toujours farouchement nié les faits. "Je jure à la cour et à Mme Gonnin (la mère de Kalinka, ndlr) que je n'ai jamais fait de mal à Kalinka", avait-il encore déclaré juste avant que la cour se retire pour délibérer.
Dieter Krombach n'a pas manifesté de réaction particulière à l'énoncé du verdict tandis que sa fille Diana, les yeux rougis, est aussitôt allée lui prendre la main à travers la vitre du box.
Convaincu que le beau-père de Kalinka a volontairement tué l'adolescente après l'avoir violée, pour l'empêcher de dénoncer le crime, André Bamberski, le père de la victime, espérait une condamnation pour meurtre. Mais il n'a pas manifesté de déception à l'issue de l'audience préférant adresser "sa première pensée" à la mémoire de sa fille. "Ce que je lui avais promis, tout ce que j'ai mené comme démarches a abouti à ce que je désirais, c'est à dire à un procès complet, équitable (...) je vais pouvoir faire mon deuil".

Dieter Krombach a été condamné en 1997 en Allemagne pour le viol dans son cabinet d'une jeune patiente sous anesthésie. Plusieurs femmes ont porté plainte contre lui outre-Rhin pour des agressions sexuelles et trois sont venues témoigner devant les assises.

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Le procès ajourné de mars-avril 2011


Prévu du 29 mars au 8 avril, le procès Dieter Krombach pour le meurtre de Kalinka Bamberski, n'avait finalement duré que quelques jours et avait été renvoyé en raison d'un malaise coronarien dont a été victime l'accusé âgé de 75 ans, en détention, entraînant son impossibilité de comparaître dans l'immédiat.
Le médecin allemand, qui se déplace à l'aide d'une béquille, apparaît affaibli depuis le début du procès, souffrant selon ses dires de problèmes cardiaques. Le début des l'audiences avait été retardé par la venue d'un médecin, alors que l'accusé se plaignait d'une douleur au genou.

  • La supplique bouleversée du frère de Kalinka Bamberski

Nicolas Bamberski, le frère de la jeune Kalinka, livre à la cour d'assises de Paris un témoignage entrecoupé de larmes pour dire sa détresse face au mystère de la mort de sa soeur et pour implorer Dieter Krombach, son ex-beau-père accusé, de "s'expliquer". Venu une première fois devant la cour d'assises de Paris en 1994, Nicolas Bamberski avait dû affronter un box des accusés vide et un report du procès de Dieter Krombach, poursuivi pour le meurtre de sa soeur. Cette fois, le médecin allemand est à quelques mètres de lui, derrière la vitre du box, et le frère de la victime, quadragénaire à l'allure juvénile, n'hésite pas à s'adresser directement à lui, la voix étreinte par l'émotion. "Pourquoi tu n'as pas utilisé l'influence que tu avais dans cette ville de Lindau  pour éclaircir la mort de Kalinka ?"
Son ex-beau-père, âgé de 75 ans, ne perd rien de ses paroles et lorsque la présidente lui propose de s'exprimer, Dieter Krombach fixe Nicolas Bamberski pour répondre dans un français teinté d'accent: "C'était très bien avec toi, on s'entendait très bien. Les quatre enfants, vous étiez une grande joie. Je t'assure, j'ai rien fait de mal à ta soeur, je regrette cette fin, je l'aimais, on a pleuré ensemble avec ta mère".
"Est-ce qu'elle est morte après les piqûres que tu lui as faites ?
", insiste Nicolas Bamberski. "Ca n'a rien à voir avec ça, à 100%", répond l'accusé.

  • Le témoignage de la mère de Kalinka et ex-femme d'André Bamberski et Dieter Krombach

La mère de Kalinka Bamberski, ex-épouse de Dieter Krombach jugé par les assises de Paris pour le meurtre de l'adolescente en 1982, dit à la cour combien elle espérait la vérité: "ça fait vingt ans que ça dure, maintenant il faut qu'on sache". "Je suis venue ici pour avoir la vérité, pour qu'il (Dieter Krombach, ndlr) dise ce qu'il s'est passé. S'il est coupable, il faut qu'il paie", a déclaré Danielle Gonnin, entendue pour la première fois par la cour.
Pendant longtemps, reconnaît-elle, elle n'a pas cru à la culpabilité de Dieter Krombach avec lequel elle a vécu de 1977 à 1984: "je ne suis pas partie parce que j'avais des doutes sur la mort de ma fille. Pendant 28 ans, je n'ai jamais pensé qu'il était coupable de sa mort".
Les choses ont changé lorsqu'en mars 2010, elle a fini par se constituer partie-civile dans la procédure judiciaire française et a découvert toutes les pièces du dossier. "Maintenant, avec tout ce que j'ai lu, avec les rapports médicaux, j'ai lu tout ça et ça m'a chamboulée", reconnaît cette femme de 66 ans qui vit dans la région de Toulouse.
Danielle Gonnin s'est toujours tenue en retrait du combat de son premier mari, qu'elle avait quitté en 1976 pour vivre avec Dieter Krombach en Allemagne, où ses deux enfants l'ont ensuite rejointe. Elle dit "ne plus reconnaître" dans le box des accusés le séduisant cardiologue qu'elle a aimé mais quitté en raison de ses trop nombreuses infidélités. "Je ne reconnais plus ni son regard, ni sa façon d'être".

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La chronologie complète du dossier


  • 10 Juillet 1982
    Kalinka Bamberski est retrouvée morte sur son lit à l’âge de 14 ans alors qu’elle passait ses vacances à Lindau au bord du lac Constance (dans le sud de l’Allemagne) avec sa mère et son beau-père, le docteur Dieter Krombach. Son corps est recouvert de traces de piqûres et présente une déchirure au niveau du vagin. Après avoir dit que Kalinka était décédée d’une insolation, son beau-père, le docteur Krombach avoue lui avoir administré des injections pour la ranimer. Il changera plusieurs fois sa version des faits.
    On apprendra à l’aide d’une expertise que Krombach avait administré une injection à base de fer à sa belle-fille car elle souhaitait bronzer plus vite et qu’il lui aurait donné un somnifère le soir même. Le rapport d’autopsie de Kalinka ne parle pas de rapport sexuel et ne débouche sur aucune conclusion concernant le décès de la jeune fille, victime d’une asphyxie.
     
  • Février 1984
    Le père de Kalinka Bamberski dépose plainte en France. Une instruction est ouverte à Paris après le classement de l’affaire par la justice allemande.
     
  • 4 décembre 1985
    Le corps de Kalinka est exhumé au cimetière de Pechbusque, près de Toulouse d’où est originaire sa famille.
     
  • 17 Août 1987
    Malgré des expertises établissant que ces injections avaient « probablement conduit » au décès de la jeune fille, le parquet de Kemptem (Allemagne) prononce un non lieu contre le docteur Dieter Krombach.
    Le père de la jeune Kalinka demande à ce que de nouvelles expertises soient faites par le professeur Spann de l’institut médico-légal de Munich. Il mobilise la presse et fait signer des pétitions. Le parquet lui répond alors que l’autopsie ne donne rien car les parties génitales de la jeune fille ont été perdues. La justice locale classe donc à nouveau l’affaire. Le père décide donc de se tourner vers la justice française.
    Un an plus tard,  un rapport d’experts judiciaires à Paris pointe des anomalies et des lacunes dans les études toxicologiques réalisées en Allemagne Une enquête est ouverte en France en 1992. Un médecin légiste français affirme bien que les piqûres administrées à Kalinka par son beau père sont bien la cause du décès.
     
  • 09 Mars 1995
    Dieter Krombach est condamné par contumace à 15 ans de réclusion criminelle par la cour d’assise de Paris pour le viol ayant entraîné la mort de sa belle-fille Kalinka Bamberski.
     
  • 30 mars 1995
    Dépêche adressée par Laurent Le Mesle, sous-directeur des affaires et des grâces judiciaires à la chancellerie , à Jean-Fançois Burgelin, procureur général à Paris, lui demandant de ne pas procéder à l’arrêt de condamnation sans l’en avoir au préalable informé.
     
  • 19 avril 1996
    Rapport de Burgelin signalant que l’arrêté est suspendu
     
  • 19 Mars 1997
    Krombach est placé sous mandat de dépôt et incarcéré à Munich pour les viols de six jeunes filles.
     
  • 23 Mars 1997
    Krombach est mis en liberté pour raisons médicales, en l’occurrence des problèmes cardiaques.
     
  • 9 septembre 1997
    Dieter Krombach est condamné par le tribunal de Kempten pour agression sexuelle sur une jeune patiente
     
  • 9 octobre 1997
    Reconnu coupable du viol d’une patiente après lui avoir administré des somnifères, Dieter Krombach  est condamné  à deux ans de prison avec sursis à la surprise générale ainsi qu’à deux ans d’interdiction d’exercer.
     
  • 7 ou 14 janvier 2000
    Le docteur Krombach est intercepté en Autriche puis relâché quelque temps après.
     
  • 13 février 2001
    La cour européenne de justice oblige la France à indemniser le Dr allemand Dieter Krombach à 100.000 francs "pour frais et dépens", jugeant sa condamnation par contumace non équitable.
     
  • 27 décembre 2002 au 2 janvier 2003
    Dieter Krombach est en vacances en Egypte. La justice française est au courant mais ne demande pas son interpellation
     
  • 2003
    André Bamberski dépose une plainte contre X pour « corruption et non exécution d’une décision par les autorités judiciaires »
     
  • Décembre 2004
    Un mandat d'arrêt européen est lancé contre Krombach. Mais l’Allemagne refuse d’extrader le docteur. Il semblerait que ce docteur Krombach bénéficie de nombreux appuis diplomatiques, que ce soit en Allemagne ou en France. Apparemment, le docteur fût agent secret pour son pays.
     
  • 07 avril 2005
    Le parquet général de Munich (Allemagne) a rejeté le mandat d'arrêt européen émis par le parquet général de Paris à l'encontre du médecin Dieter Krombach.
     
  • 19 mai 2005
    Le père de Kalinka se bat toujours et en appelle même au président français Jacques Chirac. Malgré ses huit courriers au garde des sceaux, ses demandes restent sans réponses.
     
  • 20 novembre 2006
    Dieter Krombach est arrêté en Allemagne pour exercice illégal de la médecine dans des cliniques
     
  • 17 Juillet 2007
    Krombach est condamné à 28 mois de prison en Allemagne pour escroquerie et exercice illégal de la médecine. Il est incarcéré depuis son arrestation le 20 novembre 2006.
     
  • 30 octobre 2007
    Le procureur général de Paris Laurent Le Mesle a été entendu comme témoin  par la juge d'instruction Nathalie Poux. Il est soupçonné de " corruption des autorités judiciaires " dans le cadre de l'affaire Kalinka Bamberski.
     
  • 2008
    Après 26 ans, le père de Kalinka se pose des questions sur le rôle de la justice française.
     
  • 10 juin 2008
    Le docteur Krombach sort de prison.
     
  • Fin juillet 2009
    La juge d’instruction prononce une ordonnance de non-lieu, après 27 ans d’imbroglio judiciaire franco-allemand. Les dysfonctionnements de la justice sont toutefois reconnus
     
  • 09 octobre 2009
    André Bamberski fait la connaissance d’Anton Krasniqi lors d’un voyage en Allemagne
     
  • 17 octobre 2009
    André Bamberski es prévenu par téléphone de la présence de Krombach à Mulhouse. Il est arrêté le jour même à son hôtel en possession de 19 000€ en liquide.
     
  • Nuit du 17 au 18 octobre 2009
    Dieter Krombach est enlevé à son domicile en Allemagne. Il est retrouvé pieds et poings liés sous le porche d’un immeuble de Mulhouse. Il est arrêté par la police française et incarcéré à la prison de Fresnes. André Bamberski est placé en garde à vue.
     
  • 20 octobre 2009
    André Bamberski sort libre de sa garde à vue. Il est mis en examen pour « enlèvement, séquestration arbitraire, coups et blessures volontaires et association de malfaiteurs »
     
  • 21 octobre 2009
    André Bamberski reconnait avoir donné son aval pour enlever Dieter Krombach
     
  • 27 octobre 2009
    La justice allemande délivre un mandat d’arrêt international contre André Bamberski qui a reconnu avoir organisé l’enlèvement du docteur Krombach en Allemagne. Le parquet de Kempten délivre également un mandat contre Anton Krasniqi un Kosovar chargé d’enlever le médecin.
     
  • 03 novembre 2009
    L'examen prévu par la cour d'appel de Paris de la demande de remise en liberté du docteur Krombach prévue est finalement reporté au 10 Novembre
     
  • 10 novembre 2009
    La cour d'appel de Paris rejette sa demande de remise en liberté.
     
  • 03 décembre 2009
    La chambre de l’instruction de Toulouse examine la demande d’extradition vers l’Allemagne pour André Bamberski
     
  • 08 et 09 décembre 2009
    André Bamberski est convoqué par le juge d’instruction de Mulhouse où il est confronté à Anton Krasniqi
     
  • 10 décembre 2010
    La chambre de l’instruction de Toulouse rejette la demande d’extradition pour André Bamberski
     
  • 03 mars 2010
    La cour de cassation rejette la demande de libération provisoire de Dieter Krombach
     
  • 11 mars 2010
    Sortie du livre d’André Bamberski « Pour que justice te soit rendu » aux éditions Michel Lafont
     
  • Eté 2010
    Un rapport toxicologique confirme la présence de traces de somnifère dans le sang de Kalinka Bamberski
     
  • Janvier 2011
    Dieter Krombach restera en prison jusqu'à son procès devant la Cour d'assises de Paris le 28 mars suivant
     
  • 18 janvier 2011
    Nouvelle audition d’André Bamberski par le juge d’instruction de Mulhouse
     
  • 28 mars 2011
    Procès de Dieter Krombach devant la cour d’assises de Paris
     
  • 3 avril 2011
    Le procès est reporté en raison de l'état de santé de l'accusé
     
  • 4 octobre 2011
    Nouveau procès de Dieter Krombach aux assises de Paris
     
  • 22 octobre 2011
    Dieter Krombach est condamné à 15 ans de réclusion
     
  • 01 novembre 2011
    Dieter Krombach interjette appel de sa condamnation


Le combat d'André Bamberski


Pour le père de Kalinka, André Bamberski, c'est le combat dure depuis 30 ans. Des années de procédures pour connaître la vérité sur la mort de sa fille et obtenir que celui qu'il a toujours considéré comme l'auteur des faits soit enfin jugé.
André Bamberski n'était pourtant pas vraiment satisfait à l'issue de la comdamnation d'octobre 2011. Il éprouvait même une certaine amertume à l'issue du procès. Difficile pour lui, d'accepter que les enfants de Dieter Krombach se soient portés partie civile après 29 ans... (A la fin de la deuxième semaine du procès Diana et Boris Krombach se sont portés partie civile pour la souffrance causée par la mort de leur soeur Kalinka.) Ou encore, que l'avocat de Dieter Krombach ait demandé l'acquittement de son client, même s'il ne l'a pas obtenu.

Car si Dieter Krombach comparaît devant les assises de Paris, c'est du fait de l'obstination d'un homme, André Bamberski, qui a consacré sa vie à traquer le médecin allemand qu'il accuse d'avoir tué sa fille Kalinka en 1982, jusqu'à le faire enlever en Allemagne. Loin d'évoquer un Don Quichotte un peu allumé, cet homme robuste aux cheveux blancs, à la voix posée, fait plutôt penser à une machine de précision, Terminator de la traque judiciaire.

Lors d'un entretien avec l'AFP en 2011, dans une villa dominant les coteaux du sud de Toulouse, André Bamberski s'interrompt plusieurs fois pour converser avec son avocat parisien et prendre connaissance de 64 pages de fax, les dernières conclusions des avocats de Dieter Krombach. L'ancien expert-comptable et commissaire aux comptes s'est mué en expert judiciaire pour les besoins de son combat, faisant du code de procédure pénale son livre de chevet.
Durant toutes ces années, il ne s'est "accordé aucun repos, partageant tout (son) temps entre le suivi de l'enquête et (son) activité professionnelle", "consacrant vacances, week-ends, soirées à des démarches incessantes", raconte-il dans un livre paru en 2010, intitulé "Pour que justice te soit rendue..." André Bamberski explique avoir fait de ce sacerdoce un "travail à temps plein" après sa retraite anticipée en 1999. Depuis lors, il a toujours exigé de ses avocats de mener la lutte judiciaire sur un pied d'égalité avec eux.
Destin hors du commun pour un homme dont le caractère a été forgé par les épreuves: au printemps 1940, à l'âge de trois ans, une "rafle", raconte-t-il dans son livre, les sépare, lui et sa soeur, de leurs parents arrivés quelques années plus tôt de Pologne dans le nord de la France. "Transférés en Pologne, nous avons été pris en charge par des parents éloignés avant d'échouer dans une prison de Varsovie", écrit André Bamberski qui ne sera rendu à ses parents qu'en août 1946 par la Croix-Rouge internationale. Mobilisé durant la guerre d'Algérie, il est parti s'installer dès son retour, en 1962, au Maroc où il a rencontré son ex-femme, Danielle, et où sont nés leurs deux enfants Kalinka (1967) et Nicolas (1971). C'est aussi au Maroc que Danielle a rencontré Dieter Krombach avec lequel elle est partie vivre après le retour du couple Bamberski en France en 1974.

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Une épine dans la coopération franco-allemande

Innocent pour les Allemands, suspect pour les Français, l'Allemand Dieter Krombach, met à rude épreuve la coopération judiciaire entre les deux pays dans un espace judiciaire européen qui se cherche encore. 
Au coeur du litige, la règle de droit dite "non bis in idem" ("pas deux fois pour la même chose"): nul ne peut être poursuivi ou puni pénalement pour des faits définitivement jugés dans un autre Etat, un principe acté dans le droit communautaire. Or pour les autorités allemandes, la France contrevient à ce principe car en septembre 1987, la cour d'appel de Munich, examinant l'ensemble des incriminations, a rendu une ordonnance de non-lieu à l'égard de Dieter Krombach, interdisant l'exercice de poursuites ultérieures à son encontre, sauf élément nouveau. C'est aussi sur ce fondement que l'Allemagne a toujours refusé de mettre en oeuvre le mandat européen qui visait le cardiologue allemand depuis 2004.
A l'opposé, la justice française considère que la règle "non bis in idem" ne s'applique pas dans ce cas car la décision allemande ne revêt pas l'autorité de la chose jugée et n'a pas valeur de jugement définitif.
"Ce n'est pas à la justice française de juger la justice allemande", tempête Me Philippe Ohayon, l'un des avocats de M. Krombach qui devrait plaider de nouveau, à l'ouverture du procès, la nullité de la procédure et demandera que la France saisisse la Cour de justice de l'Union européenne afin de trancher ce conflit de compétence.
Cette saisine serait effectivement bienvenue pour arbitrer le différend juridique, estime de son côté Juliette Lelieur, maître de conférence à l'université de Rouen, spécialiste en droit européen et auteur d'une thèse sur la règle "non bis in idem". "La commission européenne a lancé à plusieurs reprises des propositions pour harmoniser les compétences des Etats sur cette question, mais ceux-ci sont encore très réticents", explique Mme Lelieur. "La solution actuelle, c'est la discussion amiable entre Etats, au cas par cas", poursuit-elle.
Dans le dossier Krombach sont répertoriés plusieurs échanges écrits entre les autorités françaises et allemandes sur le sort de la procédure que la France, durant longtemps, n'a pas semblé pressée de voir aboutir. André Bamberski va plus loin en imaginant que le médecin qui a travaillé pour le consulat d'Allemagne au Maroc a bénéficié de protections haut placées dans son pays.
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