68 personnes sont accusés d'avoir participé à des "vols de la mort", au cours desquels des opposants à la dictature étaient jetés vivants dans la mer depuis des avions. Deux religieuses de Seysses figurent parmi les victimes.
Le procès de 66 militaires et deux civils accusés notamment d'avoir participé à des "vols de la mort", au cours desquels des opposants à la dictature (1976-1983) étaient jetés drogués, mais vivants, dans la mer depuis des avions, s'est ouvert ce mercredi en Argentine. Le procès porte sur 789 cas de violations des droits de l'homme et constitue le plus important procès pour des crimes sommes sous la dictature depuis 2003, quand avaient été jugés les crimes contre l'humanité commis à l'Ecole de mécanique de la Marine (Esma), plus célèbre centre de tortures de la dictature.
Le procès devrait durer deux ans et voir défiler à la barre 900 témoins. Parmi les prévenus figurent huit pilotes des "vols de la mort" qui ont fait des
centaines de victimes parmi les opposants, dont les religieuses de la communauté des Soeurs de missions de Seysses Léonie Duquet et Alice Domon, séquestrées en 1977.
Le procès s'est ouvert à Buenos Aires dans une salle comble, pendant qu'à l'extérieur du tribunal des défenseurs des droits de l'homme brandissaient des pancartes réclamant "justice". Parmi les accusés, figure l'ancien pilote argentino-néerlandais Julio Poch. Cet employé de la compagnie néerlandaise à bas prix Transavia, filiale d'Air France et de KLM, avait été arrêté en septembre 2009 par l'Espagne à la demande de Buenos Aires, puis extradé vers l'Argentine.
Juan Alemann, secrétaire d'Etat aux Finances sous la dictature, est également poursuivi pour avoir assisté à l'interrogatoire accompagné de tortures d'Orlando Ruiz, soupçonné à l'époque d'avoir participé à un attentat contre M. Alemann et aujourd'hui encore porté disparu.
Sont également jugés les anciens militaires Alfredo Astiz et Jorge "Tigre" Acosta. En 2010, MM. Astiz et Acosta ont été condamnés à la prison à vie à l'issue du procès concernant les violations des droits de l'homme commises à l'Esma, où sont passés 5.000 prisonniers, dont une centaine à peine ont survécu.
Environ 30.000 opposants sont morts ou ont disparu pendant la dictature en Argentine, qui multiplie ces dernières années les actions en justice contre ses anciens responsables, civils ou militaires.