L'agrément accordé à l'association Anras pour gérer le CER a été suspendu jusqu'au 31/12 par le préfet de la Haute-Garonne après enquête de la Protection judiciaire de la jeunesse. Personne ne sait s'il rouvrira en janvier
En tout cas, cela ne devrait pas être à Eup, l'Anras ayant déposé auprès de la PJJ un nouveau projet pour une structure plus proche de la ville. Depuis l'arrivée de sept mineurs début septembre, les incidents sont allés s'aggravant, ont expliqué des membres de l'équipe éducative sous couvert de l'anonymat. Avec, en toile de fond, des tensions au sein même de l'équipe et un conflit avec la nouvelle direction.
Des plaintes pour violences ont été déposées par les salariés du CER auprès des gendarmes, appelés plusieurs fois. Une surveillante a porté plainte pour agression sexuelle. L'atmosphère est devenue si délétère qu'un éducateur, dont le fils est soupçonné d'être mêlé à une agression contre les jeunes, a été licencié. Un surveillant, qui a eu le nez cassé, a également été renvoyé. Ils nient toute faute et veulent porter plainte contre l'Anras pour mise en danger de la vie d'autrui. Les syndicats eux ne veulent pas que certains "servent de boucs émissaires" pour "masquer une gestion calamiteuse".
L'Anras souligne que le public des CER n'est pas "facile" et souhaite que la fermeture soit provisoire. La prise en charge, "jamais un long fleuve tranquille, engendre de l'usure professionnelle", avec un important turn-over, explique Dominique Bloch-Lemoine, son directeur général. Ce type de dérive est rarissime et depuis sa création en 1999, le CER a eu des résultats, avec de nombreux jeunes "qui se sont réinsérés, ont passé des diplômes, trouvé des boulots".
Dans l'échelle des réponses pénales à la délinquance des mineurs, la cinquantaine de CER viennent en amont des 43 Centres éducatifs fermés (CEF), eux-mêmes derniers recours avant la prison. Les jeunes y sont placés pour quelques mois et un séjour de rupture les soustrayant à leur milieu. En CER, les mineurs réapprennent les règles de base de la vie sociale, comme respecter les heures de lever, de coucher, de repas. Ils sont privés de leur portable
sauf pour un contact hebdomadaire avec leur famille, ils ne peuvent s'aventurer seuls dehors. Il y a une phase de "dépassement de soi" avec la pratique de sports parfois extrêmes et des séjours à l'extérieur. "Le caïd s'aperçoit qu'au rafting, il n'est plus forcément le caïd", commente un éducateur. Des stages en entreprise préparent à la réinsertion.