Le député PS de la Haute-Garonne, Gérard Bapt, estime que la communication sur la dangerosité de la pilule 3ème génération, réalisée par l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM), est insuffisante.
Dans un courrier adressé lundi à l'ANSM dont il est membre, le député a demandé une réunion extraordinaire du conseil d'administration de l'agence. Il réclame une expertise sur "l'insuffisance de la communication d'alerte sur les alarmes de pharmacovigilance vers les médecins et pharmaciens".
Elle aura lieu le 14 janvier.
L'ANSM réagit
«Nous avons envisagé, en contact direct avec le ministère de la Santé, de renforcer notre dispositif d’information et de sécurité», a indiqué hier son directeur, Dominique Maraninchi.
Dénonçant «un emploi excessif» de cette pilule, Maraninchi a annoncé vouloir restreindre sa délivrance. L’ANSM va lancer aujourd’hui une concertation à ce sujet avec les professionnels : «Si notre mise en garde auprès des prescripteurs ne suffisait pas, il s’agirait de réserver les conditions de prescription et de délivrance [de ces pilules] pour en limiter l’utilisation, pour être sûr qu’elles ne soient utilisées qu’en deuxième recours.»
Le contexte
Le tribunal de grande instance de Paris s’est saisi de la plainte de Marion Larat, 25 ans, handicapée à 65% depuis un AVC qu’elle impute à sa pilule. Sa plainte vise le laboratoire Bayer et le directeur général de l’ANSM. Ses avocats ont annoncé que les plaintes de 30 autres femmes seraient déposées au début du mois.
Des pilules contraceptives en constante évolution
Des pilules contraceptives de première, deuxième, troisième et quatrième générationsont actuellement commercialisées en France, le mot génération faisant référence
à l'évolution de leur composition, et les risques associés à leur prise varient
en fonction des versions.
La grande majorité des contraceptifs oraux sont des contraceptifs combinés contenant
à la fois un estrogène et un progestatif, qui sont des dérivés synthétiques de
l'estradiol et de la progestérone, deux hormones secrétées par les ovaires et impliquées
dans le contrôle du cycle menstruel. C'est le progestatif qui est contraceptif,
l'estrogène étant seulement là pour rendre la prise plus confortable.
- La pilule de première génération fait référence aux pilules commercialisées
dans les années 60 et qui contenaient de fortes doses d'estrogène. Leurs effets
secondaires incluaient le gonflement des seins, des nausées, des migraines et des
troubles vasculaires. Il ne reste plus qu'une seule pilule de ce type disponible
en France à l'heure actuelle, la Triella, dont le progestatif est la noréthistérone.
- Les pilules de deuxième génération, apparues dans les années 70 et 80, contiennent
des progestatifs comme le lévonorgestrel ou le norgestrel, qui ont permis de baisser
les doses d'estrogène et combattre certains des effets secondaires des pilules
de première génération. Mais elles comportent toujours un petit risque de thrombose
veineuse (phlébite ou embolie pulmonaire), notamment en cas d'antécédents familiaux.
Les principales spécialités commercialisées sont Minidril, Adepal, Trinordiol.
Le lévonorgestrel est également le composant de la pilule dite du "lendemain" Norlevo.
- Les pilules de troisième génération ont été commercialisées à partir des années
90. Elles contiennent trois nouveaux progestatifs, le désogestrel, le gestodène
et le norgestimate, qui étaient censés avoir moins d'effet androgénique, et donc
atténuer l'acné, tout comme améliorer la tolérance cardio-vasculaire. Mais des
études ont montré qu'elles faisaient courir un risque d'accident thrombo-embolique
deux fois plus élevé que les pilules de deuxième génération.